Julia Bartet

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Julia Bartet, portrait par Nadar.
Julia Bartet, portrait par Nadar.

Jeanne Julie Regnault, dite Julia Bartet ou Mademoiselle Bartet, est une comédienne française née à Paris le 28 octobre 1854, décédée à Paris en fin 1941.

Elle entra au Conservatoire dans la classe de Régnier de la Brière, ancien comédien, en novembre 1871, et quelques mois de cours lui suffirent pour obtenir un second accessit de comédie au concours de fin d’année. Elle fut immédiatement engagée au Théâtre du Vaudeville où elle débuta en septembre 1872.

Grâce à son talent, et en dépit de sa jeunesse, elle se fit rapidement une place de premier plan dans ce théâtre, surtout après son interprétation de Madame Bellamy dans l’Oncle Sam de Victorien Sardou, en 1873. Dès lors, plus aucune pièce importante, créée ou reprise, ne fut faite sans elle. On peut citer ses participations dans :

  • Berthe d’Estrées de Henri Laurent Rivière en 1873 ;
  • Les Ganaches de Victorien Sardou en 1874 (créé en 1862 au Gymnase) ;
  • Le Chemin de Damas en 1875 ;
  • Manon Lescaut en 1875 ;
  • Fanny Lear, rôle de Geneviève de Noriolis, de Meilhac et Halévy en 1875 ;
  • Fromont jeune et Risler aîné, rôle de Désirée, d’Alphonse Daudet en septembre 1876 ;
  • Dora de Victorien Sardou en 1877 ;
  • Le Club d’Edmond Gondinet en septembre 1877, rôle de Jeanne de Mauves, premier rôle féminin ;
  • Les Bourgeois de Pontarcy de Victorien Sardou en 1878 ;
  • Les Tapageurs d’Edmond Gondinet en avril 1879, rôle de Clarisse, premier rôle féminin.

Elle fut admise à la Comédie-Française en septembre 1879. Elle en devint la 307e sociétaire en décembre 1880 par un vote unanime du comité, une fois qu’elle eût accompli avec brio les trois débuts d’usage :

A cette époque, où l’administrateur général de ce théâtre, Émile Perrin, qui avait le goût de la modernité, ouvrit le répertoire à de nombreuses pièces nouvelles, la polyvalence de Julia Bartet lui permit de tenir les rôles de jeune première du répertoire classique, des reprises récentes et des créations nouvelles.
Quelques exemples montrant la large variété des rôles tenus et l'étendue de son talent :

Enfin elle tint les premiers rôles féminins dans les créations suivantes :

Envoi d'Henry Bordeaux à Julia Bartet sur l'écran brisé
Envoi d'Henry Bordeaux à Julia Bartet sur l'écran brisé

Son excellence dans tous ces domaines la fit qualifier de « la divine Bartet ».
Elle fut décorée de la Légion d'honneur au grade de chevalier en 1906.
En 1908, elle fit une saison à Londres.
A 65 ans, en 1919, en pleine gloire, elle quitta la Comédie-Française, et elle prit définitivement sa retraite du théâtre. Elle se consacra désormais à la peinture. En janvier 1920, elle fut promue au grade d'Officier de la Légion d'honneur.
Elle mourut à Paris en fin 1941 et fut enterrée au cimetière de Passy.

Julia Bartet fut l'un des modèles de Marcel Proust pour la Berma, avec Réjane et Sarah Bernhardt. Elle interpréta La Nuit d'Octobre de Musset avec Sarah Bernhardt dans le rôle du poète.

[modifier] Résidence

  • 16 rue du Général Foy, Paris, VIIIe, pendant plus de quarante ans

[modifier] Mentions dans la littérature

Proust, Une fête littéraire à Versailles, in Ecrits sur l'art, GF Flammarion

"Nouvel enchantement. Mme Sarah Bernhardt, vêtue d'une longue robe de soie argentée, garnie d'une magnifique guipure de Venise ; Mlle Bartet, ayant une jupe de dentelle blanche et un corsage de mousseline de soie blueut, et Mlle Reichenberg apparaissent toutes trois réunies. De longs applaudissements les accueillent [...] La Muse reprend ses droits. De nouveau M. Delafosse est au piano. Cette fois, il accompagne des mélodies que lui-même composa sur des poésies de M. de Montesquiou et que chante avec beaucoup de sentiement M. Bagès. Mlle Bartet nous revient aussi, exquise, extraordinaire. Elle récite Le parfum impérissable, de M. Leconte de Lisle ; le Récif de corail, de M. José-Maria de Heredia, une chose délicieuse de Mlle de Heredia, l'Etang bleu ; le Figuier et Aria, de M. Robert de Montesquiou. [...] Rien n'égale le triomphe de Mlle Bartet ..., si ce n'est celui de Mme Srarh Bernhardt, qui nous dit, elle aussi, des vers du maître de la maison" (GF Flammarion, p. 76-77)

Paul Claudel, Le Soulier de satin [préface], La Pléiade,Théâtre II, p.664:

[---] On n'entends plus que la grosse caisse qui fait patiemment poum poum poum, pareille au doigt résigné de Madame Bartet battant la table en cadence pendant qu'elle subit les reproches de Monsieur le Comte. [---]


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