Jules Mirès

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Jules Mirès était un banquier, un homme de presse, un financier aussi créatif qu'habile à la spéculation du XIXe siècle lié à l'entourage de Napoléon III.

[modifier] Eléments biographiques

Jules Mirès (1809-1871) est un très grand financier du Second Empire. D'origine israélite et portugaise, fils d'un très petit commerçant bordelais, Jules Mirès a été un capitaine d'industrie inventif mais contesté. il a créé notamment "la Société de l'éclairage au gaz, des hauts fourneaux et fonderies de Marseille". Cet ensemble sidérurgique obtient le monopole de l'éclairage à Marseille et à Arles dans les années 1854. Malgré le passage éclair de son fondateur dans le monde des affaires (qu'il va néanmoins considérablement transformer), cette société va perdurer sous plusieurs noms jusque dans le milieu des années 1920. S'associant avec Paulin Talabot, Mirès reconstruit les docks de Marseille et a un projet pharaonique pour le port de la Joliette qu'il veut urbaniser mais que sa chute va interrompre. Aujourd'hui il semblerait que Marseille ait repris le projet Mirès plus de 130 ans après la mort de son visionnaire. Mirès fonde aussi avec Isaac Péreire une banque moderne qui s'adressait à un public plus large que d'ordinaire : "le Crédit Mobilier" fera finalement faillite. En 1861, le duc de Morny obligea les frères Pereire à sauver Mirès de la ruine en lui abandonnant 15 000 actions du chemin de fer de Pampelune à Saragosse que le financier déchu avait fait construire. Ce pont d'or accordé à un "coupable" montre que Mirès n'était pas le seul financier à s'être enrichi par le Crédit et à travers la création de sociétés en bourse.

En 1861, le garde des Sceaux, le comte de Persigny fait procéder à l’arrestation de Mirès, alors directeur de la Caisse générale des chemins de fer, très introduit à la cour et dans les meilleurs milieux, mais aussi dans quelques autres plus douteux. Le 11 juillet, le tribunal correctionnel de Paris lui inflige, ainsi qu’à son complice Solar, cinq ans de prison ferme pour escroqueries et faux. Jules Mirès sera par la suite innocenté mais sa carrière sera brisée définitivement. Il semblerait que ce capitaliste d'un type nouveau, un des premiers à s'enrichir ostensiblement grâce à la spéculation boursière, se soit attiré les foudres de James de Rothschild et de la banque traditionnelle, désireuse de garder le monopole du crédit des États européens. L'historien cévenol Laurent Aiglon a voulu réhabiliter cette figure pleine de panache en lui consacrant un article intitulé " Jules Isaac Mirès, entre Jacques Cœur et l'affaire Dreyfus, portrait d'un génial franc-tireur de la finance" paru dans l'hebdomadaire régional Cévennes Magazine en 2004. En juillet 1853, Mirès avait aussi lancé avec son associé Moïse Millaud Le Petit Journal, qui constitue une étape essentielle dans l'avènement et surtout la diffusion de la culture de masse.

[modifier] Anecdotes

  • Napoléon III est allé lui-même à Marseille, le fief industriel de Mirès, pour décerner la légion d'honneur à ce dernier, alors que généralement, les individus qui la reçoivent se déplacent à Paris.
  • Mirès dote richement sa fille de façon à ce qu'elle puisse épouser le prince de Polignac.

Jules Mirès a fait construire en 1859 un roulage minier très important pour désenclaver ses Mines de Portes et Sénéchas en Cévennes. Ce chemin de fer appelé "Plans inclinés", utilisait le système bis-automoteurs (les wagons pleins font remonter les wagons vides par un système de câbles) Des vestiges de ces plans inclinés ont été restaurés récemment par la commune de Sainte-Cécile-d'Andorge dans les Cévennes gardoises. La municipalité en a fait des sentiers de randonnée.

Jules Vallès a dédié à Jules Mirès, un pamphlet sur la Bourse intitulé "L'argent" dans lequel l'écrivain engagé fustige gentiment le financier, notamment dans une préface particulièrement ironique (il est reproduit sur Google Print).