Jules Humbert-Droz

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Jules Humbert-Droz, pasteur, journaliste, militant du mouvement communiste suisse et international, puis du Parti socialiste suisse, est né et mort à La Chaux-de-Fonds (23 septembre 1891-16 octobre 1971).

Il est issu d'une famille ouvrière, est petit-fils d'un militant de la Première Internationale et ami du docteur Coullery.

Sommaire

[modifier] Un socialiste gagné par la cause de la Révolution bolchévique

Il a suivi les cours du gymnase de La Chaux-de-Fonds, puis terminé ses études de théologie par une thèse sur "socialisme et christianisme". Il est membre du parti socialiste pendant la Première Guerre mondiale. Après divers stages pastoraux en France et à Londres, il devient co-rédacteur du quotidien La Sentinelle de 1916 à 1919. Il est condamné en 1916 à six mois de prison pour objection de conscience; sa défense fut publiée sous le titre "Guerre à la guerre ! A bas l'armée !". Entré en conflit avec les socialistes Ernest-Paul Graber et Charles Naine, il se range aux côtés des socialistes partisans de l'adhésion à la Troisième Internationale et fonde le parti communiste suisse en mars 1921.

[modifier] Secrétaire de l'Internationale communiste sous Lénine et Staline

Il part pour Moscou en 1919 et est nommé avec le Hongrois Matyas Rakosi et le Finlandais Otto Kuusinen, secrétaire de l'Internationale communiste. Chargé des pays latins d'Europe occidentale et d'Amérique du Sud, ses correspondants sont notamment Palmiro Togliatti et Maurice Thorez.

Il rencontre fréquemment Lénine pendant l'enfance de la révolution soviétique. Il qualifia Lénine de "praticien dans l'acceptation entière du terme qui vivait la théorie de Marx en situation, intensivement". Il niait l'existence du marxisme-léninisme car ni Marx ni Lénine n'ont voulu créer un système, une ligne de conduite définitive pour la classe ouvrière. Il fut démis en 1931 de ses fonctions à l'Internationale par Staline pour "boukharinisime". Dans un entretien avec Dominique Desanti, il raconte comment Staline lui a crié "Allez au diable!" (supplément au numéro 7798 du Monde). Il est limogé en 1932 puis réhabilité dans ses fonctions quand la stratégie de "front unique" sera avalisée par le VIIe congrès de l'Internationale communiste en 1935.

[modifier] Parlementaire communiste à Berne

Revenu en Suisse après que Staline eût hésité à lui délivrer un visa de sortie, il est secrétaire du PCS et siège au Conseil national en 1938-1939 comme député du canton de Zurich mais ne s'intéresse pas vraiment aux travaux parlementaires. Il subit la haine de Staline qui le fait exclure du parti en 1942. Il fut emprisonné sous l'accusation d'avoir recruté des volontaires pour les Brigades internationales en Espagne.

[modifier] Secrétaire central du PSS

De 1946 à 1959, il est secrétaire du Parti socialiste suisse puis du parti socialiste neuchâtelois de 1959 à 1965. Il s'oppose avec vigueur à l'armement atomique de la Suisse en qualité de militant du Conseil suisse des associations pour la paix.

[modifier] Journaliste

Il est parallèlement chroniqueur de politique étrangère à La Sentinelle (quotidien suisse). Il manifeste son hostilité à la politique coloniale de Guy Mollet en Algérie. Ses analyses du monde soviétique étaient particulièrement pénétrantes (déstalinisation, rapport Khrouchtchev, insurrection de Budapest, printemps de Prague). "La dégénération de la Révolution russe est la plus grande déception de ma vie de militant" devait-il écrire dans une lettre datée du 5 janvier 1969.

[modifier] Œuvres

Il a publié d'intéressants Mémoires. Sa veuve Jenny Humbert-Droz s'est chargé d'achever le Tome IV.

  • Tome I Mon évolution du tolstoïsme au communisme (1891-1921)
  • Tome II De Lénine à Staline (1921-1931)
  • Tome III Dix ans de lutte antifasciste (1931-1941)
  • Tome IV Le couronnement d'une vie de combat (1941-1971)
  • L'origine de l'Internationale communiste de Zimmerwald à Moscou (qui lui valut les compliments de Jules Moch et d'Edouard Depreux). André Fontaine lui consacre une chronique (Le Monde du 28 décembre 1968,

(tous ces livres ont paru aux éditions de la Baconnière)

  • L'œil de Moscou à Paris, Julliard (archives)

Son fils Pierre, docteur en médecine, a adhéré au Mouvement pour l'environnement (Parti des Verts).

[modifier] Voir aussi

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