Utilisateur:Jtombeur/Nommage des auteurs

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Le nommage des auteurs, tout comme celui des personnages célèbres, est un phénomène qui répond à des règles consignées (cas des bibliographies), à des usages décrits ou non décrits relevant de divers domaines.

En bibliographie, la question de la présentation orthotypographique des noms d'auteurs dépend des usages antérieurs, de la composition du patronyme, de l'existence de pseudonymes plus connus que le nom même de l'auteur, de la présence d'une particule nobilière, d'un état ou d'un titre (abbé, général, comte, &c.). Cette présentation peut poser des incertitudes quant à l'ordre orthographique à adopter, notamment lorsqu'il existe divers homonymes. Pour les pays francophones, l'ordre alphabétique se fonde généralement, en bibliographie, sur les notices d'autorité de la Bibliothèque nationale de France ou sur les notices de parution de la base Électre, du Cercle de la Librairie (pour la France, le dépôt légal ne suffit pas à signaler la parution d'un nouvel ouvrage aux libraires, une démarche spécifique doit être faite auprès de la base Électre ou il faut les contacter individuellement).

Les auteurs sont le plus souvent nommés selon leur état-civil, en fonction de leurs préférences, mais aussi selon des usages ne répondant pas à des codifications précises. Ces usages dépendent de la notoriété des auteurs, du bon vouloir des éditeurs (équipes commerciales, attachés de presse, &c.), voire d'états de fait dépendant de l'inspiration et de la notoriété de graphistes ayant obtenu carte blanche pour proposer un ou deux projets de maquette. La dimension de l'ouvrage (pouvant varier selon les éditions, ainsi pour celles en formats dits « de poche » ou d'art, s'il s'agit de monographies ou de biographies d'artistes) peut influer le nommage et le faire évoluer. La longueur ou la brièveté d'un titre d'ouvrage influent aussi sur la forme de présentation du nom de son auteur.

Ce nommage est parfois aléatoire. L'un des cas les plus flagrants est constitué par l'évolution graphique du nom de l'auteur Thomas John Boyle qui apparut sous le pseudonyme de son choix, Tom Coraghessan Boyle, initialement, puis internationalement, sous la forme « T. Coraghessan Boyle » et progressivement, tant chez son éditeur, Viking, qu'internationalement, sous la forme « T.C. Boyle ».

Les usages peuvent aussi dépendre de règles de bienséance. Ainsi, si tant avait été que le cardinal Jean Daniélou eut rédigé un ouvrage sur le Christ, on aurait mal imaginé les éditions du Cerf (Le Cerf) titrer « Jésus » ou « Jésus-Christ » en petits caractères et utiliser une force de corps supérieure pour nommer « Daniélou » le cardinal. Le Cerf est une maison d'édition religieuse pouvant céder des droits d'auteurs à d'autres éditeurs qui, eux, pourraient ne pas avoir la même vision commerciale qu'elle-même. La plupart du temps, les auteurs ne sont pas consultés pour décider de la présentation de leurs œuvres (et c'est le cas en particulier des éditions étrangères qui peuvent donner lieu à une adaptation et non à une traduction des titres, tout comme pour l'édition cinématographique). Le rapport entre la forme graphique d'un titre la force et le format graphique de composition du nom (ou pseudonyme, complet ou abrégé) de son auteur dépend aussi du sujet, du genre (essai, recueil de nouvelles, roman, autobiographie…), et de multiples facteurs dont la force évocatrice du titre.

Selon les époques, un titre tombé dans le domaine public peut donner lieu à des associations diverses avec le nom ou le pseudonyme de l'auteur. J'irai cracher sur vos tombes, titre « fort », autrefois associé uniquement au pseudonyme de Vernon Sullivan pourrait fort bien être publié sous le nom de son auteur Boris Vian. Le « nom » même de l'auteur (ici, Vian ou Boris Vian, ou Sullivan, ou Vernon Sullivan) pourrait donner lieu à des représentations graphiques diverses selon qu'il s'agit d'une réédition dans le cadre d'une collection ou d'une autre (« Les grands noms de la littérature », s'il en était une telle chez La Pléiade, ou « Les cadors du polar » chez un éditeur de bandes dessinées ayant décidé de faire adapter des romans). Il semblerait qu'utiliser ses autres pseudonymes, souvent déjà totalement oubliés (Bison Ravi, Baron Visi), relèverait d'une entreprise commercialement peu rentable (sauf à vouloir mystifier la critique).

Les variations de titrage le disputent à celles du nommage de l'auteur pour les ouvrages de Sade. Ils sont déclinés au long (dans leur intégralité) ou non, ainsi de Justine dont le titre est Justine ou les malheurs de la vertu, et Sade sera nommé soit « marquis de Sade » soit Donatien Alphonse François de Sade. Pour Restif de la Bretonne (l'auteur de L'Anti-Justine), on trouvera parfois Rétif ou Retif, au gré des circonstances, de la connaissance ou de la méconnaissance de ceux qui optent pour une forme ou une autre, mais le choix n'est pas « neutre » s'il s'agit de véhiculer l'idée d'une pensée réfractaire ou novatrice. Selon les éditeurs, cette Anti-Justine sera intitulée Nicolas, l'anti-Justine ou les délices de l'amour ou autre chose et Nicolas Edme Restif de La Bretonne aura son nom transcrit de diverses manières (la Société Rétif de la Bretonne n'emploie pas de capitale pour le l de La, par exemple, pour son logotype, mais peut parfois capitaliser ce l à l'occasion).

Le cas de la notoriété de Fosco Sinibaldi fait que L'Homme à la Colombe paraît initialement sous ce pseudonyme en 1958, puis reparaît, post-mortem, en 1984, sous le nom de Romain Gary. The Life Before Us fut publié en 1986 sous le pseudonyme d'Émile Ajar. Il s'agit bien sûr de La Vie devant soi du même Romain Gary dont ce pseudonyme jouit encore, en 2007, d'une forte notoriété. Mais une Life and Death of Émile Ajar de Romain Gary (publié en 1983) attribuée à Émile Ajar, pour une réédition ultérieure, est envisageable. La faible notoriété de Romain Kacew fait qu'il n'existera sans doute jamais d'édition de Romain Gary, Fosco Sinibaldi ou Émile Ajar sous ce patronyme authentique de « ces auteurs ». Et une réédition d'Edgar Sanday sous ce pseudonyme (d'Edgar Faure, ancien ministre français et romancier à ses heures) n'aurait que peu d'intérêt commercial : Edgar Sans D serait plus accrocheur.

D'un point de vue graphique, en matière de mise en page et d'utilisation de la typographie, Rossi peut être estimé beaucoup plus commode que Japrisot (Sébastian Japrisot étant le nom de plume et l'anagramme de Jean-Baptiste Rossi) mais les cas de rétablissement d'un patronyme aux dépens d'un pseudonyme connu pour des raisons de facilité d'exécution de la maquette doivent être, jusqu'à nouvel ordre, en nombre infime. La relation entre prénom et nom, dans un pseudonyme, ne peut être codifiée d'un point de vue éditorial. Il est fort possible que Pauline Réage (nom de plume de Dominique Aury pour Histoire d'O) restera Pauline Réage et ne deviendra pas Réage : en revanche, l'éventuelle découverte posthume de nombreux manuscrits de Dominique Aury poserait un problème de nommage.

L'usage des noms composés (Martini-Rossi pour une marque, Waldeck-Rousseau pour Pierre, l'homme politique) tel Jef-Bret Mejouf-Tombeur (nom de plume fictif d'un journaliste) pourrait, dans la société française, se généraliser du fait de la possibilité d'accoler le patronyme de ses deux parents. Les éditeurs auront sans doute à influer sur les auteurs pour qu'ils se choisissent un nom de plume ou ne conservent que le patronyme le plus « accrocheur ».

Thomas Stearns Eliot, Francis Scott Fitzgerald, William Seward Burroughs, Ralph Waldo Emerson, Henry Wadsworth Longfellow, Joyce Carol Oates, Robert Penn Warren, sont sans doute au nombre des auteurs de langue anglaise dotés d'un second prénom peu courant que les éditeurs tendent ou non à mettre en avant. Pour Edgar Allan Poe, on trouvera, selon les pays, les éditions, soit Poe, soit Edgar Poe, soit Edgar Allan Poe. Mais T.S. Eliot est désormais le nommage le plus usuel de Thomas Stearns Eliot. Les concepteurs-rédacteurs (souvent en fait les directeurs de collection) des maisons d'édition décident souverainement du nommage des auteurs défunts, en consultation ou non avec les graphistes. Mais, si des ayant-droits subsistent, ces derniers peuvent faire valoir leurs volontés d'exécuteurs testamentaires.

La question des pseudonymes ou alias ou encore noms de guerre, de plume, de la mention « aka » (also known as) devenue plus usuelle en français, se pose aussi pour l'intitulé des titres, notamment pour des ouvrages consacrés à des musiciens de jazz. Chet ou The Duke sont, d'un point de vue commercial, plus évocateurs et incitatifs à l'achat que Baker ou Ellington, les patronymes de musiciens, parfois identiques à ceux d'autres personnages (telle Joséphine Baker). De même, pour le nommage des auteurs, les éditeurs se trouvent confrontés à des problématiques. Mais cependant, certains auteurs, dont l'apport à une maison d'édition, voire à tout un groupe peuvent imposer leurs conditions. Ainsi, Bernard-Henri Lévy, dit BHL, auteur Grasset (groupe Hachette), serait sans doute consulté si l'apparence de son nom (toujours Bernard-Henri Lévy) devait être modifiée.