Joseph de Bonnefoux

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Joseph de Bonnefoux

Pierre-Marie-Joseph de Bonnefoux est né à Béziers le 22 avril 1782 et mort le 14 décembre 1855.

  • Marin français et lexicographe, il participa d'abord aux guerres napoléoniennes avant de devenir instructeur de la Marine et l’auteur de plusieurs ouvrages dont un excellent « Dictionnaire de la marine à voile » qui fait autorité.

[modifier] Biographie

Son père, lieutenant-colonel au régiment de Vermandois, fut jeté au cachot après la mort de Louis XVI. Sa famille ruinée, le fils se retrouva sans secours à 11 ans mais, doué d’une force de caractère peu commune, il réussira à faire une brillante carrière dans la marine où le fit entrer un cousin, capitaine de vaisseau et major général du port de Brest. Il fait son apprentissage sur le lougre La Fouine et obtient en sortie le grade d’aspirant de 1re classe, le 13 avril 1799.

Il embarque pour 4 mois sur le vaisseau le Jean Bart, sous les ordres de l’amiral Bruix, qui doit amener des troupes en Italie afin d’aider à la campagne de Moreau. Il est second sur le cotre Le Poisson-Volant. Dès 1801, il est sur le Dix-Août, sous les ordres des amiraux Gantheaume et Linois, qui ont mission de soutenir l’armée d’Égypte. Sur le retour, Bonnefoux se distingue lors du combat contre le vaisseau anglais, le Swiftsure et gagne le grade d’enseigne de vaisseau (reçu le 24 avril 1802). Il a 20 ans.

Au début de 1803, il est officier de manœuvre à bord de la Belle Poule, une frégate de l’escadre commandée par l’amiral Linois et envoyée aux Indes pour reprendre les possessions françaises stipulées au traité d’Amiens (paix de 1802 avec l’Angleterre et rompue l’année suivante). Cette croisière[1] dura près de 3 ans. Entre deux combats (dont celui, remarquable, contre le Blenheim), Bonnefoux eut le temps de faire des observations hydrographiques et d’instruire des aspirants dont il avait la charge. Comme les Anglais avaient fermé Pondichéry et repris Le Cap et l’île Maurice (appelée encore à cette époque l’île de France), Linois se retrouva isolé et privé de ravitaillement. Ne sachant où agir, il se décida à rentrer en France.

Aux Antilles, le 13 mars 1806, en pleine nuit, les Français sont en vue de neuf voiles qui se découvrirent des ennemis, et doivent se défendre jusqu’en fin de matinée. La Belle Poule commandée par Bruilhac fut la dernière à se rendre, non sans une résistance acharnée, au capitaine Pickmore du vaisseau anglais Ramilies, qui les supplia « au nom de l’humanité ! ». Les vaincus apprirent dans le même temps le désastre de Trafalgar. Pendant sa captivité (depuis le 14 mars 1806, jour de la reddition de la Belle-Poule), il observe la nouvelle télégraphie anglaise de mer (communication par signaux), la décrypte et en envoie l’étude à la Marine française qui l’introduira 7 ans plus tard sur ses bâtiments.

Assigné au cautionnement de Thames (« Prisoners on parole’s residence »), puis, à cause de la vindicte de la population, à celui d’Odiam. Enfin condamné au ponton du Bahama pour avoir débordé en promenade les limites de sa résidence, il s’en évadera à quatre reprises mais dut subir en conséquence un régime d’une grande sévérité. Mais il ne se découragea jamais et soutint jusqu’au dernier moment ses compagnons d’infortune. Il acheva pendant cette captivité de 20 mois une grammaire anglaise et prépara d’autres ouvrages qu’il continua après la guerre. Conduit ensuite au cautionnement de Litchfield sur l’intervention du consul des États-Unis, il y resta plus de 3 ans. Son cousin, devenu amiral et préfet maritime, lui fit savoir que depuis 5 ans, il avait été échangé contre un capitaine de vaisseau anglais et qu’il devait revenir dans son pays. Clandestinement, il débarque à Boulogne, le 28 novembre 1811. Il y apprend qu’il avait été promu au grade de lieutenant de vaisseau le 11 juillet de la même année.

Cependant, sa longue absence avait arrêté sa carrière et il mit un point d’honneur à respecter sa promesse de ne pas reprendre les armes, surtout par fierté vis-à-vis d’un gouvernement ennemi qui lors de l'échange, avait manqué de foi envers lui. Il servit à Rochefort, auprès de son cousin, de 1812 à 1814. En 1816, il est attaché comme chef de brigade à la Compagnie des élèves pour l’instruction desquelles il écrit les Séances nautiques. En 1820, il commande le Bayonnais et l’Adour, puis, en 1821, la goélette la Provençale à la station de Guyane dont il relève le tracé hydrographique des côtes dans le Guide pour la navigation de la Guyane.

Il est fait chevalier de Saint-Louis en 1818, puis reçoit la Légion d’honneur. Le 4 avril 1824, il est promu capitaine de frégate et nommé sous-gouverneur au collège royal de la marine d’Angoulême, maison qui deviendra en 1828 l’école préparatoire. En 1839, sa demande répétée d’exercer un commandement à la mer est acceptée. Il obtiendra le commandement de l’Érigone. Puis il travaillera au conseil des travaux de la marine jusqu’à sa retraite en 1848. Ses problèmes de santé que les terribles traitements des pontons avaient profondément altérée le poussèrent à l’étude et aux révisions de ses ouvrages. Il s’éteint à 73 ans.

[modifier] Notes

  1. Pour un bâtiment de guerre, une croisière est un parage limité parcouru en tous sens par le bâtiment de manière à ce qu'autant qu'il peut, aucun navire ne passe sans qu'il le voie, s'en assure ou le combatte.

[modifier] Ouvrages

  • Mémoires du baron de Bonnefoux (publiés par Jobbé-Duval, Paris, 1900)
  • Les Séances nautiques
  • Guide pour la navigation de la Guyane
  • Le Dictionnaire de la marine à voile (2 éditions)
  • Le Dictionnaire de la marine à vapeur (en collaboration avec son gendre François-Edmond Pâris)
  • Le catéchisme du mécanicien (en collaboration avec F-E. Pâris)
  • Le catéchisme de l’homme de mer (inachevé)