Joint Intelligence Objectives Agency

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La Joint Intelligence Objectives Agency (JIOA) fut un organe du Département de la Guerre américain, créé en 1946 pour récupérer des scientifiques allemands afin qu'ils travaillent pour le compte des États-Unis dans leur lutte contre l'Union soviétique, programme connu sous le nom d'Opération Paperclip.

Sommaire

[modifier] Préliminaires

Avec l'entrée en guerre des États-Unis; il se crée un camp d'internement à Fort Hunt prés d'Alexandria en Virginie en 1942 pour interroger les prisonniers de guerre allemands ayant des connaissances techniques et scientifiques sur le Complexe militaro-industriel allemand et ses systémes d'armes perfectionnés telles les officiers de U-Boot, officiers de l'Afrika Korps ou scientifiques.

Près de 3 400 détenus sont ainsi passés par Fort Hunt entre 1942 et 1946; 600 interrogateurs avaient pour mission de leur soutirer des informations, en particulier sur les avancées technologiques du Reich.

[modifier] Les conditions posées par Truman

En septembre 1946, le président Harry S Truman donne son accord pour l'exécution de l'Opération Paperclip, programme visant à récupérer des scientifiques allemands afin qu'ils travaillent pour le compte des États-Unis dans leur lutte contre l'Union soviétique. Cependant, Truman exclut expressément toute personne ayant été membre du NSDAP et plus qu'un participant nominal dans ses activités, ou un supporter actif du nazisme ou du militarisme.

[modifier] L'enquête par la JOIA

La Joint Intelligence Objectives Agency mène des enquêtes de fond sur les scientifiques à récupérer dans le cadre de l'Opération Paperclip. En février 1947, le directeur de la JIOA Bosquet Wev examine les premiers dossiers aux Département d'État et de la Justice. Ceux-ci sont accablants. Samauel Klaus, le représentant du Département d'État au comité du JIOA, indique que tous les scientifiques du premier lot de dossiers étaient de « fervents nazis ». Leurs demandes de visa sont refusées.

Bosquet Wev rédige un memo d'avertissement indiquant que les meilleurs intérêts des États-Unis ont été subjugués aux efforts consacrés à « battre un cheval nazi mort ». Il déclare également que le retour de ces scientifiques en Allemagne, où ils pourraient alors être enrôlés par le bloc de l'Est, représente une « menace à la sécurité nationale » bien plus grande que tout affiliation des États-Unis aux anciens nazis qu'ils aient pu être ou même à toute sympathie nazie qu'ils aient pu avoir.

[modifier] Le recrutement

Lorsque la JIOA fut formée pour enquêter sur le fond et la forme des dossiers des scientifiques nazis, le chef du renseignement allemand sur le front de l'Est Reinhard Gehlen rencontra Allen Dulles, directeur de la CIA. Gehlen a été un maître espion pour le IIIe Reich, célèbre pour avoir infiltré l'Union soviétique avec son vaste réseau de renseignement nazi. Dulles promis à Gehlen de protéger son unité de renseignement au sein de la CIA.

Bosquet Wev décida de contourner le problème. Dulles fit falsifier les dossiers des scientifiques afin d'éliminer tout élément incriminant. Comme promis, Dulles livra l'unité de renseignement nazie à la CIA, qui se livra par la suite à de nombreuses procédures de dissimulation de recherches scientifiques nazies (MK-Ultra / Artichoke, Opération Midnight Climax).

Le Renseignement Militaire expurgea les dossiers des références nazies. En 1955, plus de 760 scientifiques allemands obtinrent la citoyenneté américaine et des postes éminents dans la communauté scientifique américaine. Nombre d'entre eux avaient été membres du NSDAP et de la Gestapo, ont mené des expériences sur des humains dans des camps de concentration, ont exploité le travail d'esclaves, et commis d'autres crimes de guerre.

[modifier] Dévoilement

Dans un exposé de 1985 dans le Bulletin des Scientifiques Atomistes, Linda Hunt déclara avoir examiné plus de 130 rapports sur des sujets liés à l'Opération Paperclip - et chacun d'entre eux avait «été modifié pour éliminer la classification de menace à la sécurité nationale».

Truman, qui avait explicitement ordonné de ne pas admettre des nazis dans le cadre de l'Opération Paperclip, n'a apparemment jamais été averti de la violation de cette directive. Les archives du Département d'État et les mémoires d'officiels de l'époque confirment cela. En fait, d'après le livre Opération Paperclip de Clare Lasby, les officiels du projet couvrèrent leurs plans d'un tel secret qu'ils abusèrent leur propre président ; à la conférence de Potsdam, il réfuta leurs activités et augmenta indubitablement la suspicion et le manque de confiance envers les soviétiques, alimentant ainsi probablement encore plus la Guerre froide.

Un bon exemple de la manière dont ces dossiers furent modifiés est le cas de Wernher von Braun, scientifique allemand des fusées. Un rapport du 18 septembre 1947 indique que ce dernier est perçu comme une potentielle menace à la sécurité nationale par le Gouverneur Militaire. En février 1948, une nouvelle évaluation de sécurité de Von Braun indique qu'aucune information dérogatoire n'est disponible sur le sujet... L'opinion du Gouvernement Militaire est qu'il ne devrait pas constituer de menace envers la sécurité des États-Unis.

[modifier] En URSS

L'équivalent du JIOA en Union Soviétique fut le Département 7 dépendant des services de renseignement soviétiques.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes