Johann Jakob Bachofen

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Bachofen.
Johann Jakob Bachofen
Johann Jakob Bachofen

Johann Jakob Bachofen, né à Bâle le 22 décembre 1815, mort le 25 novembre 1887, était un juriste, philologue et sociologue Suisse Suisse, théoricien du matriarcat.

Sommaire

[modifier] Das Mutterrecht

Dans Das Mutterrecht (Le Droit maternel), il confronte les mythes grecs et les données historiques laissées par les auteurs anciens, dont il déduit, à la suite de Joseph François Lafitau (Mœurs des sauvages Amériquains [sic] comparées aux mœurs des premiers temps) la possibilité qu'aient existé des sociétés de type matriarcal en Grèce antique. Il se fonde essentiellement sur le témoignage d'Hérodote au sujet des pratiques matrilinéaires de Lycie, sur le mythe des Amazones ou encore sur des cultes athéniens dédiés à la Nature.

Les thèses de Bachofen s'articulent autour de deux grands principes. D'abord, Bachofen est l'un des premiers auteurs à évoquer une domination du principe féminin (« Grande Déesse ») dans la religion des premières sociétés humaines : la Déesse est l'incarnation de la vie et de la prospérité. Ainsi, en Grèce antique, le panthéon primitif grec aurait été dominé par des divinités féminines avant que les hommes ne s'emparent du pouvoir religieux — fondant ainsi le patriarcat, établissant en lieu et place du culte de la Déesse les cultes de l'époque classique. L'archéologie a depuis mis au jour de nombreux artefacts préhistoriques témoignant d'un culte des organes génitaux féminin.

Deuxièmement, pour Bachofen, l'époque primitive est l'ère de la « gynocratie du droit maternel », où l'hérédité du pouvoir se transmet de mère en fille. La vie sociale apparaît selon lui dans la promiscuité des temps préhistoriques : seule la maternité peut être prouvée. Au reste, les fonctions respective des deux sexes dans la procréation et la maternité sont mal connues des primitifs, qui conçoivent une sorte de parthénogenèse relevant du surnaturel, dont le corps de la femme est le dépositaire. Selon l'aspect romantique de la théorie de Bachofen, les femmes se libèrent de la tyrannie des caprices sexuels masculins par le biais du pouvoir de la religion.

Le second aspect de la théorie de Bachofen a été remis en cause par les travaux de l'historien Simon Pembroke : il a révélé par un examen contradictoire les faiblesses du témoignage des auteurs anciens et montré qu'aucune preuve archéologique ou épigraphique ne conforte l'existence de sociétés matriarcales en Grèce antique.

[modifier] Édition

  • J. J. Bachofen, Le Droit Maternel, recherche sur la gynécocratie de l'Antiquité dans sa nature religieuse et juridique, trad. Étienne Barilier, éd. L'Age d'Homme,1996, I-LVI + 1390 p.

[modifier] Bibliographie

  • Walter Benjamin, « J. J. Bachofen » (1935) in Ecrits Français, Gallimard, coll. « Folio Essais », 2003, pp. 123-146 ;
  • Manfred Frank, Le Dieu à venir, leçon III & IV, trad. F. Vatan et V. von Schenck, Actes Sud, coll. « Le génie du philosophe », 1990, pp; 34-38.
  • Simon Pembroke :
    • (en) « Last of the Matriarchs: A Study in the Inscriptions of Lycia », Journal of Economic and Social History of the Orient 8 (1965), pp. 217–247,
    • (en) « Women in Charge: the Function of Alternatives in Early Greek Tradition and the Ancient Idéa of Matriarchy », Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, 30 (1967), pp. 1–35 ;
  • Pierre Vidal-Naquet, « L'Enfant grec, le cru et le cuit » et « Les esclaves immortelles d'Athéna Ilias », in Le Chasseur noir. Formes de pensée et formes de société dans le monde grec, La Découverte, coll. « Poche », 2005 (1re édition 1981) (ISBN 2-7071-4500-9), pp. 177–207 et 249–288.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes