Utilisateur:Jborme/Des sources en langues étrangères

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Contrairement à d'autres, je considère qu'une source en langue étrangère est parfaitement acceptable.

Sommaire

[modifier] Raisonnements généraux

Une condition d'ajout d'une source est sa pertinence.
Il est hautement probable que les sources françaises soient très pertinentes pour l'histoire de France, mais il n'y a pas de raison qu'une source chinoise ne le soit pas. On utilise sans remords des sources françaises pour un article sur l'histoire de la Chine, pourquoi pas l'inverse ?
Les sources en langues différentes servent la synthèse historique.
On parle souvent et à raison de l'existence d'une « vision française », d'une « vision anglaise », etc. de l'actualité ou de l'histoire [1]. Wikipédia est peut-être le seul projet qui arrive à se sortir du carcan des préjugés associés à une culture donnée (grâce à la variété des contributeurs), ce serait dommage de se priver de cet avantage unique.

On objecte qu'une source qui ne serait pas en français serait plus difficile à vérifier par le lecteur. Mais cela dépend essentiellement de la destination de l'article et de la notion de vérifiabilité.

Même sur Wikipédia, les textes sont censés être rédigés par des spécialistes. L'anonymat fait que l'on ne peut pas vérifier les identités et diplômes, qui de toutes façon ne sont pas toujours liées à la qualité des contributions, mais n'empêche pas qu'on est censé travailler uniquement sur le fond des sujets où on sait de quoi on parle [2]. La vérifiabilité a pour premier objectif de s'assurer que les informations ajoutées lors du processus de rédaction sont correctes. Ces rédacteurs plus ou moins spécialistes sont censés connaitre leurs classiques ou ont directement accès à des bibliothèques de qualité (universitaires, etc.). Le fait qu'un ouvrage soit difficile à trouver ou qu'il ne soit pas rédigé en langue française n'est pas un problème pour eux. Les services documentaires des universités et instituts de recherche sont à même de fournir une copie de n'importe quel document scientifique publié, éventuellement en l'accompagnant d'une traduction en langue française [3]. Les personnes ne souhaitant pas recourir à ces services peuvent de toute façon s'inscrire dans une bibliothèque et bénéficier des possibilités de prêt international, et obtenir une traduction auprès des traducteurs de n'importe quelle grande ville [4]. Les services documentaires ont un cout. Mais on parle là de personnes suffisamment intéressées par le sujet pour effectuer des démarches volontaires engageant des couts, soi direct comme l'achat d'un livre soit indirect comme le fait de passer des après-midis entiers en salle de lecture de bibliothèque [5].

Vient ensuite la lecture par l'utilisateur final. Celui-ci n'est pas primitivement intéressé par la source, mais par la synthèse encyclopédique pour laquelle il est justement venu consulter une encyclopédie. Le texte explicatif, rédigé en français, est censé être suffisant à la compréhension. Cet utilisateur est supposé avoir des connaissances générales dans les domaines liés à l'article qu'il consulte, sans en être spécialiste [6]. Mais la présence de la source peut l'intéresser au même titre que les rédacteurs, d'autant que Wikipédia, du moins dans sa version pour internet, distingue très faiblement voire pas du tout les éditeurs et les lecteurs. La page Vérifiabilité témoigne de cette cette double contrainte de vérifiabilité [7]. Au cas où il douterait des informations présentes et souhaiterait les vérifier, l'accessibilité immédiate des livres n'est pas un grave problème ; Wikipédia fournit les moyens de travail collaboratif permettant cette vérification [8].

[modifier] Juste milieu ?

La spécialisation d'une source va souvent avec le caractère restreint de sa diffusion ; la qualité d'une source va parfois avec la difficulté de sa lecture pour le non-spécialiste. Dans quelle mesure faut-il favoriser une référence en fonction de sa facilité d'accès ou de lecture ?

Dans un ajout contesté à la page Citez vos sources [9], il était question d'ajouter prioritairement des sources faciles à trouver en librairie. Après débat, cette modification n'a pas été intégrée à la page.

Certes, une source facile à trouver permet des informations plus faciles à vérifier. Mais la revendication d'une précision dans l'information est tout aussi légitime. Pourquoi, lorsque cette information est connue du rédacteur, ne pas tout simplement indiquer les deux sources, l'une de haute qualité mais peu diffusée en dehors des cercles scientifiques et littéraires, et celle, éventuellement plus approximatives, destinée au grand public et plus faciles à trouver ?

Dans un débat au sujet d'une référence en roumain à propos d'histoire de France [10], plusieurs contributeurs ont émis des doutes quand à l'intégration des informations apportées par cette référence, au motif de sa langue de rédaction. Ces références n'ont finalement pas été intégrées à l'article.

On peut comprendre qu'un texte écrit en roumain soit plus difficile à lire et donc à vérifier, pour un francophone. Je ne crois cependant pas que cet argument soit suffisant pour exclure la source, à certaines conditions :

  • La pertinence de la source doit pouvoir être vérifiée. L'ajout d'une telle référence ne doit pas être l'occasion d'ajouter un contenu contestable d'un auteur mineur dans cette langue. Il existe des auteurs de référence absolue dont les œuvres complètes ne sont pas traduites en français, il n'y a pas de raison de se limiter aux seuls livres de ces auteurs ayant été traduits, si l'on sait que l'auteur est reconnu et que sa citation ne porte pas à grande querelle quant à son interprétation [11].
  • L'extrait pertinent et des indications de contexte, extraits de la source en langue étrangère, doivent être donnés en note de bas de page, afin que le lecteur intéressé puisse facilement vérifier l'exactitude et la sincérité de la traduction [12].

[modifier] Conclusion

Il ne s'agit de rien d'autre que de recommandations de bon sens déjà couvertes par les règles de Wikipédia, à peine adaptées au cas des langues différentes. Je donne cet avis en tant que Wikipédien non-historien mais soucieux d'une encyclopédie neutre, ce que je ne conçois qu'au travers de la pluralité des sources.

[modifier] Notes et références

  1. On lira Histoire culturelle qui mentionne l'évolution indépendante de l'historiographie française. On se rappellera des commentaires faits lorsque Jean-Noël Jeanneney critiquait la numérisation en masse d'ouvrages par Google, favorisant du seul fait du choix des ouvrages, une vision américaine de l'histoire. On se rappellera que l'objectif du lancement de la chaine de télévision France 24 n'est rien d'autre que politique : elle « favorisera l’expression d’une vision française » (Jean-Pierre Raffarin, 9 décembre 2004, cité par Wikipédia, [1]) ; ou elle « offrir[a] un point de vue français sur l’actualité du monde à destination d’un public international » (Renaud Donnedieu de Vabres sur RFI, 9 novembre 2005, article de Dominique Raizon La CNN à la française sera lancée en 2006)
  2. Les traductions fidèles constituent un cas à part. Traducteur est une profession ; les ouvrages sont souvent traduits par des personnes qualifiées, mais pas nécessairement par des spécialistes absolus du sujet.
  3. Pour la France, il s'agit de l'Institut de l'information scientifique et technique
  4. Toutes les grandes langues mondiales sont disponibles en traduction partout dans les monde ; toutes les langues officielles de l'Union européenne sont disponibles en traduction dans les grandes villes de cette même Union.
  5. En soi, le fait que l'accès l'information indiquée en source soit gratuite ou payante n'est pas un critère d'inclusion ou d'exclusion. Le sujet a été discuté concernant les liens directs vers les articles de journaux à abonnement. Les lecteur l'ayant pas cet abonnement ont accès aux premières lignes de l'article ou à un résumé, les lecteurs ayant l'abonnement apprécient le lien direct (je n'ai pas le courage de retrouver le lien, une courte discussion a eu lieu au Bistro dans la première moitié de 2008).
  6. C'est parce qu'il n'est pas spécialiste qu'il est venu lire cet article. De nombreux lecteurs sont aussi des spécialistes, mais leur cas est alors traité dans le paragraphe plus haut. Dans sa version internet, Wikipédia ne distingue pas, du point de vue technique, les lecteurs des éditeurs. Cette distinction faite ici est purement basée sur les intentions du visiteur : lecteur non spécialiste venu découvrir un sujet par une consultation encyclopédique, ce qui est ici appelé lecteur ; lecteur spécialiste à la recherche d'une information ou d'une référence précise, ce que j'ai pu appeler rédacteur même s'il ne participe pas immédiatement à la rédaction de l'article.
  7. La version la plus récente lors de cette rédaction, datée du 27 mai 2008, indique « les autres éditeurs et lecteurs doivent pouvoir vérifier toutes les informations insérées dans Wikipédia ». Un version précédent un certain retravail, datée du 2 avril 2008, indiquait « permettre aux autres éditeurs, puis aux lecteurs, de vérifier les informations présentes dans les articles ». Ce retravail a fait suite à une intervention qui a fait polémique, dont la référence est donnée à la note suivante.
  8. Vérification en bibliothèque est conçu pour cela, à défaut : la page de discussion de l'article, Le Bistro voire le Comité de lecture.
  9. Voir ce diff et les commentaires d'annulation, de remise... et le signalement de ce désaccord au Bistro : Wikipédia:Le Bistro/15 avril 2008#Eviter une guerre d'édition sur une page de règle officielle...
  10. [2]
  11. S'il y a querelle, cela n'empêche pas l'ajout mais demande de le considérer prudemment. L'ajout de quelques phrases concernant cette querelle d'interprétation sont indispensables pour situer la citation, mais alors il faut se demander si cela ne déséquilibrerait pas l'article en consacrant trop d'espace à une querelle de détail, auquel cas cela remet en cause l'ajout en entier. Cette critique ne s'adresse en pratique qu'aux articles courts, où un déséquilibrage en longueur est possible, sachant que le plus souvent les article courts n'ont pas vocation à le rester.
  12. Ce qu'il peut par exemple faire en posant la question sur l'un des projets Wikimedia pratiquant la langue cible, ou en recourant à des services externes.