Jardin des plantes de Nantes

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47° 13′ 10″ N 1° 32′ 34″ W / 47.219444444, -1.542777778 Le Jardin des plantes de Nantes est un jardin public de la ville de Nantes d'une superficie de 7,32 ha[1], situé face à la gare SNCF.

Sommaire

[modifier] Histoire

[modifier] Les prémices du Jardin des plantes : le jardin des Apothicaires

C'est en 1687 que fut créé le premier jardin botanique de la ville de Nantes. Les maîtres apothicaires se voient confier la jouissance d'un terrain situé à l'ouest de la ville[2]. Ce « Jardin des apothicaires » se situe alors dans le quartier Graslin. Il est cependant uniquement destiné à la culture des végétaux. Ainsi, au XVIIIe siècle, la ville ne comporte pas de jardins particulièrement signifiants destinés à la promenade[3].

Ce jardin se développe sous l'action de Pierre Chirac, intendant du jardin du Roi. Ce dernier comprend vite le rôle que peut jouer un jardin botanique qui se situe dans un port alimenté par un fort trafic de produits exotiques et qui, grâce à la Loire, permet un accès aisé vers Paris. Chirac y voit un lieu idéal pour favoriser l'acclimatation des plantes tropicales rapportées par les navigateurs de leurs lointaines escapades. En 1719, son action permet au Jardin des apothicaires de devenir un « jardin royal des plantes », subordonné au jardin du roi[2]. Le développement de ce jardin se trouve considérablement encouragé par l'ordonnance royale prise le 9 septembre 1726 par Louis XV pour « assujettir les Capitaines des Navires de Nantes d'apporter Graines & Plantes des Colonies des Païs Etrangers, pour le Jardin des Plantes Médicinales établi à Nantes »[4].

Le succès de cette mesure est tel que le Jardin des apothicaires s'avère vite trop petit pour accueillir toutes les plantes. Cependant, la Révolution française survient sans qu'un autre emplacement ait été trouvé.

[modifier] 1793 - 1836 : la mise en place d'un Jardin des plantes à l'est de Nantes

Le 10 juin 1793, la Convention nationale prend un décret qui marque la réorganisation des jardins botaniques en France[5]. Il y est notamment décidé la création dans chaque département d'un jardin botanique de quatre arpents[6].

François Lemeignen (1732 - 1803), un médecin originaire de Machecoul, se bat alors pour qu'un tel jardin soit créé à Nantes. Il propose de l'implanter dans le couvent des Ursulines fondé en 1626. Celui se trouve à l'est de la ville entre le « faubourg St Clément et celui de Richebourg, à peu de distance du cours St Pierre ». Cette proposition est retenue et Lemeignen est chargé d'en assurer l'entretien.

La création du lycée de Nantes par un arrêté du Premier Consul le 1er Vendémiaire an XII (24 septembre 1803)[7] va rapidement conduire le Jardin des plantes à rechercher un nouvel emplacement. En effet, l'ancien couvent des Ursulines est choisi pour accueillir ce nouvel établissement scolaire.

Le magnolia d'Hectot
Le magnolia d'Hectot

Le 26 février 1806, le préfet Belleville prend un arrêté définissant les limites du jardin botanique qui s'implante alors définitivement sur un terrain attenant à l'ancien couvent des Ursulines. Le tracé du jardin est confié à l'architecte nantais Félix François Ogée. L'apothicaire et botaniste Jean Alexandre Hectot (1769 - 1843), un ancien élève de Lemeignen, est nommé directeur de ce nouveau jardin des plantes qui a désormais trouvé son emplacement définitif[6].

La mise en place de ce jardin botanique est cependant problématique. Faute de moyens financiers, le jardin tombe peu à peu en décrépitude, malgré les incessants efforts d'Hectot[2]. On lui doit notamment d'avoir planté en 1809 un superbe Magnolia grandiflora connu à l'époque pour être l'un des plus beaux du pays[8]. Cet arbre est aujourd'hui le plus ancien du jardin.

Épuisé par les efforts qu'il a dû mener pour préserver le jardin malgré les difficultés financières, Hectot quitte la direction du Jardin des plantes en 1819. Le jardin est alors dans un état déplorable, notamment en raison de l'absence de surveillance de la part d'employés plus préoccupés de cultiver des parcelles qui leur avaient été cédées pour leur usage personnel[6].

Par ordonnance royale du 12 septembre 1820, Louis XVIII décide de transférer la propriété du jardin du Département à la Ville de Nantes. Celle-ci a alors comme objectif d'ouvrir le jardin au public et, devant les difficultés d'assurer les travaux nécessaires par ses propres services, elle décide d'en confier le réaménagement à un professionnel. C'est au printemps 1822 que Louis Lévêque, maire, prend les premiers contacts avec Antoine Noisette (1778 - 1858), un paysagiste parisien réputé, frère du botaniste et agronome Louis Claude Noisette[9]. En octobre 1822, il accepte de prendre la direction des travaux. En plus d'un salaire confortable et d'un logement de fonction, Noisette dispose d'un avantage considérable : la possibilité de vendre à son profit les plantes en surnombre. Au cours des années, ce qui était une activité annexe prend de plus en plus d'importance au risque de voir le jardin botanique appauvri de ses espèce les plus intéressantes au profit de plantations plus rentables[6]. En effet, la partie nord de l'enclos est consacrée à l'activité botanique alors que la partie sud est affermée.

C'est finalement en 1829 que le jardin est ouvert au public, tout au moins sa partie haute. Il est cependant fermé le dimanche et jours de fêtes, ce qui ne manque pas de soulever des protestations de la part des nantais[10]. La possibilité confiée à Noisette de mener des activités commerciales au sein du jardin semble avoir été la principale raison de la dégradation des relations entre le directeur du Jardin et la municipalité. En 1833, une commission est nommée pour régler les conflits entre les deux parties et, malgré quelques solutions provisoires, la ville décide finalement de ne pas reconduire Noisette dans ses fonctions de directeur. L'administration du Jardin des plantes est complètement revue suite au rapport rendu au maire Ferdinand Favre par une commission de surveillance en juin 1835. C'est finalement en septembre 1835 qu'Antoine Noisette quitte la direction du jardin, non sans avoir obtenu que son fils Dominique soit nommé jardinier en chef[11].

C'est cependant le titulaire de la nouvelle chaire de botanique qui vient marquer de son empreinte l'histoire du Jardin des plantes.

[modifier] 1836 - 1882 : l'influence déterminante d'Écorchard

Le buste d'Écorchard dans le Jardin des plantes de Nantes
Le buste d'Écorchard dans le Jardin des plantes de Nantes

Jean-Marie Écorchard (1809 - 1882) est nommé le 30 mai 1836 pour assurer la chaire de botanique créée par le conseil municipal le 5 juin 1835. Ce n'est alors qu'un jeune médecin de 26 ans qui a suivi des cours de botanique à l'université de Rennes et a herborisé avec Augustin Pyrame de Candolle [12]. Lorsqu'il entre en fonction, il est effaré par l'état d'un jardin qui est alors, selon lui, « plutôt une pépinière qu'un établissement scientifique [...] avec un seul carré contenant de 400 à 900 plantes des plus communes et non classées »[6]. Critique envers le bilan d'Antoine Noisette, Écorchard a aussi rapidement des relations tendues avec le fils Dominique, le jardinier en chef. Dans un courrier adressé en 1838, il se plaint ainsi des nombreuses négligences de ce dernier dans l'approvisionnement en plantes nouvelles et de sacrifier l'intérêt général à son intérêt particulier. En 1839, le contrat de Dominique Noisette n'est pas renouvelé et celui-ci quitte alors Nantes. Écorchard se retrouve directeur du Jardin le 1er janvier 1840[13].

Sous la direction d'Écorchard, les travaux d'aménagement reprennent et, surtout, les collections végétales s'enrichissent considérablement. Le nouveau directeur s'approvisionne tant auprès des pépiniéristes locaux, dont son prédécesseur Antoine Noisette, que grâce aux apports des navigateurs féru de botanique qui perpétuent la tradition d'apport de plantes exotiques du siècle précédent[14]. Parmi ceux-ci, Mathurin Jean Armange (1801 - 1877) se distingue particulièrement par la régularité et la richesse de ses apports. Ce capitaine de marine marchande passionné de botanique et d'horticulture navigue principalement vers la Martinique, La Réunion et les Indes. De 1841 à 1863, il rapporte à Nantes des milliers de graines et de plantes vivace qui alimentent le Jardin des plantes mais aussi la Société nantaise d'horticulture et le Muséum national d'histoire naturelle de Paris. Écorchard se bat pour obtenir les crédits nécessaires à la construction d'une serre chaude indispensable à la conservation de ces plantes exotiques. Elle est finalement construite en 1844 mais satisfait tout juste aux besoins[6].

La "montagne" du Jardin des plantes
La "montagne" du Jardin des plantes

Écorchard est fortement impressionné par les exemples des jardins botanique rencontrés lors de ses voyages, notamment par les Jardins botaniques royaux de Kew près de Londres et le Jardin botanique national de Belgique de Meise. En 1844 il propose de transformer le Jardins des plantes en jardin à l'anglaise en argumentant qu'« un Jardin des plantes digne de ce nom doit posséder une école de paysages en plus d'une école de botanique et de fruitiers ». Il s'oppose ainsi aux conceptions d'Henri-Théodore Driollet, l'architecte en chef de la Ville[15]. Fort du soutien d'Adolphe Brongniart, alors directeur du Jardin des plantes de Paris, et de Dominique Noisette, devenu paysagiste de renom, il entreprend de transformer le plan du jardin, parfois au mépris des ordres des maires qui se succèdent[16]. Ainsi, il entreprend en 1846 la création de "la montagne", un monticule dont la construction prendra plusieurs années[17]. La partie médiane du jardin sera finalement ouverte au public en mars 1854.

C'est à l'occasion de l'arrivée du chemin de fer à Nantes que le jardin va acquérir sa forme définitive. En effet, le quartier de Richebourg est réorganisé avec l'inauguration de la gare en 1853 et le percement de l'actuel boulevard de Stalingrad. Un décret impérial du 31 janvier 1854 entérine l'extension vers le sud du jardin sur une superficie de 16 000 m², mais ce n'est qu'en 1858 que les terrains seront tous acquis en raison de la complexité du découpage parcellaire et de nombreux recours des riverains.

La grande porterie
La grande porterie

En parallèle, Écorchard poursuit les travaux d'embellissement du jardin, en dotant notamment en 1856 le versant ouest de la montagne d'une cascade alimentée par une ingénieuse fontaine qui est toujours en fonctionnement[18]. Mais les escarmouches entre le directeur du jardin et les services municipaux se poursuivent. Ainsi en 1858, il s'oppose à nouveau à Driollet qui souhaitait un aménagement du jardin à la française. Après consultation d'experts, dont Jean-Pierre Barillet-Deschamps, le jardinier en chef du Bois de Boulogne, la Ville donne raison à Écorchard et le conseil municipal adopte définitivement son projet le 12 novembre 1858. L'année 1859 est marquée par la réalisation des derniers travaux : les porteries, le creusement du grand bassin, les clôtures... La partie haute du jardin est officiellement inaugurée le 7 octobre 1860 devant 10 000 visteurs[19]. L'ensemble du jardin est ouvert au public le 9 avril 1865.

Les travaux d'aménagement du jardin terminés, Jean-Marie Écorchard se consacre à l'enrichissement des collections et continue à prodiguer ses cours de botanique. Son œuvre sera consacrée par la présentation d'un plan en relief du jardin lors de l'Exposition universelle de 1878 à Paris[2]. Cependant, le terrible hiver 1879-1880, avec des températures atteignant les -16°, est fatal pour bien des plantes : 245 arbres et 600 arbrisseaux et arbustes sont gelés[20]. Écorchard meurt en 1882 sans avoir connu l'achèvement des travaux de restauration.

[modifier] Le Jardin des plantes après Écorchard

La mort subite de celui qui en a été le directeur pendant plus de quarante ans marque le début d'une période sombre pour le Jardin des plantes. Le jardinier chef Rochais tente d'assurer la gestion quotidienne du jardin en cette période où la Ville connaît des difficultés financières[21]. Il faut attendre dix ans après la mort d'Écorchard pour que l'état de dégradation du Jardin des plantes conduise diverses personnalités à demander la nomination d'un nouveau directeur. Le 28 avril 1893, Paul Marmy est officiellement embauché comme « Inspecteur des promenades, Directeur du Jardin des Plantes ». Ses premières actions s'inscrivent dans un contexte de reprise en main après une décennie de laisser-aller. La décoration florale est revue, les plantes sont soignées, les serres sont réhabilitées et, surtout, un règlement interne visant à ramener la discipline parmi les employés et les bonnes mœurs dans le parc. Sur le plan botanique, il entreprend de réorganiser des collections selon la classification de Lloyd et reprend les contacts avec les jardins botaniques étrangers, interrompus depuis plus de vingt ans.

L'apport le plus marquant de Marmy est la réalisation du palmarium, une vaste serre chauffée destinée au développement des plantes exotiques. Cet équipement était souhaité depuis de longues années mais les prédécesseurs de Marmy n'avaient pas réussi alors à convaincre les maires de débloquer les crédits nécessaires[6].


[modifier] Description

Orangerie stores clos
Orangerie stores clos

Sur une surperficie de 73280 m2, il dessine un jardin paysage avec des cascades, des pièces d’eau, des sculptures sur bois, et la Montagne, le monticule artificiel réalisé avec les déblais résultant du creusement du lac. Il possède 11 000 espèces d'arbres et de fleurs, et 800 m2 de serres les unes équatoriales humides et les autres tropicales désertiques.

Le Magnolia d’Hectot, planté en 1807, est le plus vieil arbre du jardin.

Les bâtiments sont l’orangerie qui abrite des plantes en bacs pendant l’hiver et les serres à cactées, un ancien jardin d’hiver réhabilité.

[modifier] Collections

La collection de camelias, de 600 cultivars de cette plante symbole pour Nantes.

La collection de cactées et succulentes de l’hexagone abritée par la serre à cactées.

Le Palmarium, construit en 1898, qui abrite une collection exceptionnelle d’épiphytes.

L’école de botanique expose la flore du Massif armoricain.

[modifier] Le Jardin d’essai

Il présente au public les plants utilisés chaque année pour la décoration des massifs floraux.

[modifier] Missions

  • Conservation.
Flores armoricaines et flores exotiques (ex. : la collection de plantes d'altitude boliviennes).
  • Expertise.
    • Mise à disposition de son savoir pour (exemples : ville de Nantes, autres collectivités).
    • Inventaires de flores (nantes, bretagne,...).
    • "Le Pollinier" : depuis 2003, ce jardin permet de suivre quotidiennement les émissions de pollen d'une vingtaine d'espèces locales. Son objectif est de participer à la prévention des allergies causées par les pollens.
    • Herbiers offerts à la consultation.
  • "Index seminum namnetensis & seminothèque".
1 = Liste des semences que le JdPN propose à ses correspondants. Ce catalogue existe depuis 1845, les quelques interruptions concernant les périodes de guerre. Il est diffusé auprès de 650, environ, correspondants dans le monde entier. Il conduit à l'envoi, chaque année, de 7 à 8000 sachets de graines dans le monde entier.
2 = Collection de graines (graines locales, non viables. Ce sont des références utilisables pour des déterminations).
  • Enseignement.
    • A la demande (ex. : collectivités), ou sous forme de conférences.
    • Cours municipaux de botanique.
Les activités d'enseignement sont anciennes, puisque dés 1728 des cours publics, gratuits, étaient proposés. En 1836, la Ville de Nantes décide de créer un enseignement de botanique; cet enseignement est mis en place l'année suivante par Ecorchard. A sa mort, ils deviennent des cours d'horticulture. Ils réapparaissent en 1893, mais ils sont plus orientés vers une formation professionnelle. En 1998, la tradition est restaurée avec la réapparition de cours de botanique destinés au public.
Les cours sont dispensés sur une durée de 2 années, sous forme de conférences, travaux pratiques et sorties sur le terrain. Une 9e promotion a commencé sa formation en octobre 2007.

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Service des espaces verts de la ville de Nantes
  2. abcd Isabelle Robin, « Jardin des plantes, trois siècles d'aventures botaniques », dans Nantes au quotidien, no 152, février 2005, p. 26-28 [texte intégral]
  3. Jean-Luc Le Mancq, Jardins de Nantes, « Le territoire des jardins, image d'une ville XVIIIe - XIXe », Bibliothèque municipale & Archives municipales, Nantes, 1988, 48 p. (ISBN 2-906494-03-8)
  4. Yannick Romieux, « Le transport maritime des plantes au XVIIIe siècle », dans Revue d'histoire de la pharmacie (ISSN 0035-2349), no 343, 2004, vol. 52, p. 405-418 [résumé]
  5. Décret relatif à l'organisation du Jardin national des Plantes et du Cabinet d'histoire naturelle, sous le nom de Muséum d'histoire naturelle sur Legifrance
  6. abcdefg Catherine Vadon, Aventures botaniques, d'outre mer aux terres atlantiques, Jean-Pierre Gyss, Strasbourg, 2002, 184 p. (ISBN 2-914856-01-6)
  7. Histoire du lycée Clemenceau de Nantes
  8. Histoire du magnolia d'Hectot par le Service des espaces verts de Nantes
  9. L'arrivée de Noisette par le Service des espaces verts de Nantes
  10. L'ouverture au public par le Service des espaces verts de Nantes
  11. La commision de surveillance par le Service des espaces verts de Nantes
  12. La nomination d'Écorchard par le Service des espaces verts de Nantes
  13. Écorchard directeur par le Service des espaces verts de Nantes
  14. Les introductions végétales d'Écorchard par le Service des espaces verts de Nantes
  15. Écorchard - Driollet, naissance d'un différend par le Service des espaces verts de Nantes
  16. la Révolution, un nouveau maire par le Service des espaces verts de Nantes
  17. la montagne par le Service des espaces verts de Nantes
  18. La fontaine par le Service des espaces verts de Nantes
  19. Derniers grands travaux avant l'inauguration par le Service des espaces verts de Nantes
  20. L'hiver 79-80 par le Service des espaces verts de Nantes
  21. Les années difficiles par le Service des espaces verts de Nantes
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