Jacques Drillon

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Jacques Drillon est né le 25 juin 1954 à Paris.

Il a fait des études supérieures de lettres et cinéma, à Nancy et Metz. Il est reçu docteur ès lettres (linguistique), avec La Loi formelle et son influence sur la création artistique et littéraire, sous la direction de Jacques Hennequin (1993, mention très honorable avec les félicitations du jury). Entre 1997 et 1999, il enseigne la linguistique à l’Université de Cergy, la stylistique à l'Université de Paris VIII et donne des conférences occasionnelles à l’École polytechnique.

Sommaire

[modifier] Jeunesse

De 1973 à 1975, pendant ses études, il publie ses premières critiques de cinéma dans une feuille professionnelle locale, L'écran lorrain, enseigne la musique dans un collège de Nancy et donne des leçons de piano et de flûte. Il s’intéresse aussi au cinéma : Grand âge (16mm N&B); Trois plans (16mm coul.); La glace et le fer (16mm coul. et N&B).

[modifier] Radio

En 1975, il s’installe à Paris et devient producteur à Radio France (France Musique et France Culture). Il fait un stage de montage (son) à l'INA en 1976-1977, sous la direction de Maïc Chomel ; à la suite de quoi il l'enseigne brièvement au Conservatoire National Supérieur des Arts et métiers. Il reste un collaborateur occasionnel à France Culture.

[modifier] Journalisme

En 1978, il fonde avec Louis Dandrel le Monde de la musique. Entre 1982 et 1984, il est chef de service dans cette revue.

En 1981, il prend la succession de Maurice Fleuret à la rubrique musique classique du Nouvel Observateur, fonction qu'il occupe encore aujourd'hui. Il publie occasionnellement des critiques littéraires et cinématographiques.

Entre 1995 et 1997, il fonde et dirige la revue mensuelle Symphonia.

Il collabore à divers journaux et revues : Le Monde, Le Figaro, Libération, Diapason, Harmonie, la NRF, Théodore Balmoral...

Il prend en juillet 2003 la succession de Robert Scipion, au Nouvel Observateur, à la rubrique Mots croisés, tout en poursuivant sa collaboration journalistique. Depuis septembre 2007, il lit un début de livre différent tous les jours, en vidéo sur BibliObs.com.

[modifier] Musique

Après avoir dirigé l'enregistrement intégral des symphonies de Beethoven transcrites par Liszt pour piano seul, projet qu'il a porté et mené à bien chez Harmonia Mundi (avec Alain Planès, Georges Pludermacher, Michel Dalberto, Paul Badura-Skoda, Jean-Louis Haguenauer et Jean-Claude Pennetier), il continue jusqu’en 2004 d'exercer à l'occasion la fonction de directeur artistique pour cette marque (à ce jour, une trentaine de disques ont été réalisés sous sa direction, dont l'intégrale des sonates de Mozart par Georges Pludermacher, des nocturnes de Chopin et de l'œuvre pour piano de Moussorgski par Brigitte Engerer. Il enregistre beaucoup avec Alain Planès: plusieurs disques Debussy, deux Scarlatti, trois Haydn,et l'intégrale des sonates de Schubert). Une intégrale Debussy avec Jean-Louis Haguenauer est en cours chez d’autres éditeurs.

En janvier 1998, il donne au théâtre des Bouffes du Nord une semaine de cours publics d’interprétation, consacrés aux sonates pour piano de Beethoven.

Nombreuses conférences.

Très préoccupé de transcriptions musicales, il publie chez Durand le Schwanengesang, de Schubert/Liszt, inédit depuis le XIXe siècle. Il réalise lui-même nombre de transcriptions, notamment les deux symphonies concertantes de Mozart pour deux pianos (créées par Georges Pludermacher et Jean-François Heisser), le Boléro de Ravel pour quatre pianos (créé par B. Engerer, M. Béroff, A. Planès et JF Heisser), le prélude de l’Or du Rhin pour douze pianos, l’avant-dernière sonate de Schubert pour quatuor à cordes, la cinquième symphonie de Beethoven, pour piano et orchestre (créée par Frank Braley et l’orchestre de Montpellier), le septième quatuor de Beethoven pour piano seul (créé par Cyril Huvé), la Symphonie 103 de Haydn pour deux pianos, sept quatuors de Mozart pour deux pianos et de nombreuses pièces d’orgue de Jean-Sébastien Bach pour piano seul. En 2005, paraît chez Accord/Universal un enregistrement de sa version pour alto et piano du Schwanengesang, d'après Schubert et Liszt.

Il crée en 2007, dans le cadre du Festival de Radio France et Montpellier, une série intitulée "Les grandes transcriptions": cinq récitals (un ou deux pianos) qui seront publiés en CD (Accord/Universal).

[modifier] Édition

Il dirige, en 1992 et 1993, la collection Guillemets, chez Bernard-Coutaz, qui comprendra huit titres publiés : Saint-Simon I et II, Hugo, Littré, Michelet, Proust, Buffon, Marcello.

[modifier] Lectures - Spectacles

Il est récitant, seul ou avec des partenaires musiciens (Jean-Louis Haguenauer, Alexis Galpérine, Brigitte Engerer). Il a lu de la prose et de la poésie dans divers lieux de France (Théâtre de Metz, d’Epinal, Théâtre du Châtelet, Opéra Bastille). Il a fait une tournée avec des textes de Saint-Simon, une autre avec Proust. Au Festival d’Automne, il a été le récitant pour La ralentie, nouveau mélodrame de Gérard Pesson d’après Michaux, et d’autres œuvres pour récitant et piano ou orchestre (direction Dominique My), notamment son propre texte, Le culte des ancêtres, morts ou vifs. Il a lu sa Mort de Louis XIV au festival de la Chabotterie 2004, en Vendée, en compagnie de Marc Wolf (guitare baroque). Ce même monologue a été mis en ondes par France Culture (réal. Michel Sidoroff), avec Jean Martin dans le rôle du roi. Deux des trois textes formant son ouvrage Children's corner ont été lus de nombreuses fois par Sami Frey, en compagnie de Frederic Chiu (piano). Sa traduction du Roi Lear a été enregistrée par France Culture (réal. Jacques Taroni), avec Michel Galabru dans le rôle-titre, Yann Collette, Evelyne Didi, Denis Lavant, André Wilms, William Mesguich, Charles Gonzalez...

[modifier] Publications

  • Le veilleur, récit (éditions Jean-Claude Lattès, 1984)
  • Notes de passage, journal d'amateur (Ramsay, 1986)
  • Liszt transcripteur ou La charité bien ordonnée, étude (Actes Sud, 1986)
  • Le livre des regrets, inventaire (Actes Sud, 1987)
  • Schubert et l'infini : à l'horizon le désert, étude (Actes Sud, 1988)
  • Traité de la ponctuation française (Gallimard, 1991)
  • Charles d'Orléans ou Le génie mélancolique, théâtre à lire (Lattès, 1993)
  • Eurêka, généalogie et sémantique du verbe « trouver » (Gallimard, 1995)
  • Le don du silence, avec des photographies de Jean-Pierre Gilson (Edilarge, 1995)
  • Tombeau de Verlaine, dossier (Gallimard, 1996).
  • Children's corner (Gallimard, 1997)
  • De la musique, écrits I (Gallimard, 1998)
  • Propos sur l’imparfait, essai (Zulma, 1999)
  • Les gisants, étude sur « La mort des amants » de Charles Baudelaire (Gallimard, 2001)
  • Le quiz de l’Obs (Mille et une nuits, 2001)
  • Face à face (Gallimard, 2003, Folio, 2005)
  • Mort de Louis XIV, tableau d’après Saint-Simon (L'Escampette, 2006)
  • La glace et le fer, écrits II (à paraître).


  • Conversations avec Stockhausen, de Jonathan Cott, Lattès, 1979 (traduction)
  • Monteverdi, de Leo Schrade, Lattès, 1981(traduction)
  • Conversations avec Glenn Gould, de Jonathan Cott, Lattès, 1983, et 10/18, 2001 (traduction et préface)
  • L’art de la fugue, dernière œuvre de Bach pour clavecin, de Gustav Leonhardt, Van de Velde, 1985 (traduction)
  • Glenn Gould et Franz Liszt, in Colloque Glenn Gould, Louise Courteau, Montréal, 1992
  • Schubert : album de famille, Lattès, 1992 (préface)
  • Le théâtre à la mode au XVIIIe siècle, de Benedetto Marcello, Coutaz, 1993 (préface)
  • Charles d’Orléans, de Robert Louis Stevenson, Gallimard, 1993 (traduction, préface et notes)
  • Le roi Lear, de William Shakespeare, Actes Sud, 1993 (traduction et préface)
  • "Pi", "Pythagore", "Fonction monotone", "Fonction scalène", in Doubles jeux, de Stella Baruk et coll., Seuil, 2000
  • "L’inachèvement perpétuel", in La mort et l’immortalité, de Frédéric Lenoir, Jean-Philippe de Tonnac et coll., Bayard, 2004.
  • "La cabane de l'échec", in Agnès Varda, l'île et elle, Fondation Cartier, 2006.

[modifier] Notice autobiographique

(Dictionnaire des écrivains contemporains de langue française par eux-mêmes, sous la direction de Jérôme Garcin, Mille et une nuits)

Né déçu dans une région de crasse et de poussière, où les usines et les maisons se regardaient de très près, il a bientôt su que sa mort prochaine surviendrait après une période d’encombrements, d’occlusions : glaires et morves, en bouchon généralisé ; elle ne cesse pourtant de reculer – elle aussi.

Il prétend que l’homme peut être fier de soi, à trois titres seulement : celui de l’amour, celui du travail, enfin celui du rythme ternaire. Ce que pensant, Drillon s’est vite limité à la futilité, à l’inachèvement, à la rapidité – aimant peu, travaillant vite, ne valsant jamais.

Il dressa par jeu la liste des métiers qu’il avait exercés. Epouvanté par sa longueur, il la détruisit aussitôt. Néanmoins, l’on peut dire qu’il fut professeur pendant ses études de lettres, producteur de radio de 1975 à 1977, et journaliste depuis, principalement au « Nouvel Observateur » (de 1981 à nos jours). Le reste est constitué de subordonnées relatives.

Il prétend ne se préoccuper que de choses minuscules, comme les vies du même nom. C’est ainsi que deux de ses livres concernent la ponctuation ou le regret, qui semblent secondaires. S’il s’intéresse à Schubert, c’est pour ses œuvres inachevées ; de Liszt il retient les transcriptions ; de Verlaine, l’enterrement ; de l’histoire de la poésie, Charles d’Orléans. Son livre Eurêka, sous-titré "Étymologie et sémantique du verbe trouver", tend à prouver qu’on peut expliquer le monde au travers d’un seul mot ; son essai Les gisants qu’on peut comprendre toutes les Fleurs du mal à partir d’un unique sonnet, et ses Propos sur l’imparfait que le tabac est à la fois la marque de l’insatisfaction humaine et son remède. Il prétend encore avoir définitivement retourné la lorgnette au travers de laquelle on regarde les choses, et adopté un beau jour une devise qu’il n’a jamais reniée : « Faute de mieux. »

La musique l’a plus occupé qu’aucun livre, à lire ou à écrire. Parce qu’elle représente, prétend-il toujours, ce que l’homme peut faire de mieux sur terre, de plus noble, de plus vrai, de plus élevé, mais aussi de plus intelligent.

Vit à la campagne depuis très longtemps, entouré de morts et de vivants. Titulaire du permis de conduire les motocyclettes et les automobiles, père de deux enfants admirables, propriétaire de deux pianos et d’un clavecin bleu d’ardoise à larges filets d’or fin, par lui-même apposés. Signe distinctif : impatient.