Robert Scipion

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Né à Bougival (Yvelines) en 1921 dans un milieu bourgeois, Robert Scipion est issu d’une famille ne cachant pas ses sympathies pour les Croix de Feu.

Dès sa sortie de l’adolescence, il baigne dans le milieu surréaliste autour des créations théâtrales du groupe Octobre et des frères Prévert. Pierre le cinéaste, le prend comme assistant sur Adieu Léonard (1943), film où il est figurant avec son ami Jacques-Laurent Bost. Intime de Sartre, celui-ci l’amène à fréquenter assidûment le Café de Flore pendant l’occupation. Il intègre alors la “bande” de Sartre tout en découvrant l'existentialisme qui soude la garde rapprochée du philosophe (Alexandre Astruc, Jean Cau, Jacques-Francis Rolland, Jean Pouillon). Il n’en partage pourtant pas le goût pour les discussions de nature philosophique ou politique et apparaît un peu comme « l'Aramis de ces Mousquetaires de l'engagement » auquel il oppose « non sans courage une morale du détachement, du droit au calembour, à la poésie, à la paresse »[1].

Lancé dans le journalisme en 1944, il fait la connaissance d’Ernest Hemingway qui, apprenant son nom lui répond lors de leur présentation : “I am not Hannibal[2]”. A cette occasion, il entre en contact avec son secrétaire, Marcel Duhamel, et un an plus tard, publie Prête-moi ta plume (Gallimard, 1945), un roman policier pastiche dont chaque chapitre est écrit à la manière d’un écrivain. Il mène ensuite une carrière de reporter à l’étranger. En 1945, il est ainsi envoyé par Libération à Berlin où il rencontre Henri de Turenne, Claude Roy et Edgar Morin. Il part aussi pour la Hongrie, puis la Yougoslavie où il passe un mois en prison pour avoir suscité la méfiance des autorités. Fin 1946, il s’embarque avec ses amis (Jacques-Francis Rolland, Jacques Gall et Jean Chesneaux) pour un long voyage qui le fera aller d’Égypte en Inde avant de s’achever en Indochine.

Rentré en France, il écrit sous pseudonyme des romans policiers pour la “Série noire” tout en effectuant du rewriting pour différents journaux. Il travaille aussi à l’adaptation télévisée de deux séries cultes : la Poupée sanglante, de Gaston Leroux, et l’Île aux trente cercueils, de Maurice Leblanc. Il écrit ses premiers mots croisés afin de tromper son ennui lors d’un reportage dans les mers du Nord sur les baleines. Venant à les proposer à son ami Serge Lafaurie, ils sont alors publiés dans Le Nouvel Observateur avant de l’être à Paris Match et au Canard enchaîné. Innovant par un style de définitions où les astuces, l’humour et les double-sens dominent, il acquiert une notoriété avec des définitions du genre “tube rouge en 14 lettres” (L’internationale) ou “Feu rouge en sept lettres” (Staline).

En 1997, il revient à l’adaptation cinématographique pour les Mémoires de deux jeunes mariées, réalisées par Marcel Cravenne. S’il perd l’usage de sa vue à la fin des années 1990, il n’en conserve pas moins la passion de bibliophile qui le lie d’amitié au dessinateur Wiaz. Il meurt le 3 décembre 2001.

[modifier] Notes

  1. Pierre Bénichou, “Scipion les mots”, Le Nouvel Observateur, n°1935 – 6 décembre 2001.
  2. Cité par Régine Deforges in “Scipion, le Parisien”, L’Humanité du 5 décembre 2001.