Isidore de Séville

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Isidore de Séville
docteur de l'Église
Naissance entre 560 et 570
Carthagène
Décès 4 avril 636  ( ans)
Séville, royaume wisigoth
Canonisation 1598 Rome
Fête le 4 avril
Saint patron des informaticiens et de l'Internet
Serviteur de Dieu - Vénérable - Bienheureux - Saint
Statue en marbre blanc d' Isidore de Séville, sur les marches de la bibliothèque nationale d'Espagne, à Madrid
Statue en marbre blanc d' Isidore de Séville, sur les marches de la bibliothèque nationale d'Espagne, à Madrid

Isidore de Séville (né entre 560 et 570 à Carthagène (Cartagena) - mort le 4 avril 636) était un religieux espagnol du VIIe siècle, qui fut évêque métropolitain de Séville (Sevilla), capitale du royaume wisigothique, entre 601 et 636.

Il vient d'une famille influente (son frère, Léandre, ami du pape Grégoire le Grand le précède à l'épiscopat de Séville) qui contribue largement à convertir les Wisigoths, majoritairement ariens, au christianisme nicéen.

Sommaire

[modifier] Son histoire

En 552, Carthago Nova (Carthagène) occupée par les troupes de Justinien (483-527-565), empereur byzantin, fut reprise et détruite par Athanagild (531-554-567), roi des Wisigoths d'Espagne. Sévérien s'enfuit avec son épouse et ses deux enfants, Léandre et Florentine, pour s'installer à Séville où ce couple d'hispano-romains eut, plus tard, deux autres enfants, Fulgence et Isidore, né après 560.

Léandre devint l'abbé du monastère de Séville, où il eut comme élève son tout jeune frère Isidore dont il fut le tuteur, leur père étant mort alors qu'Isidore n'était qu'un enfant. Léandre devint archevêque et occupa le siège archiépiscopal de la Bétique, en 576. Après avoir rejeté l'arianisme, il instruisit Récarède Ier (555-586-601), et présida, avec lui, le IIIe concile de Tolède, le 8 mai 589, au cours duquel la conversion du roi wisigoth au catholicisme devint officielle.

Sous l'impulsion de Léandre, Séville était devenue un centre culturel particulièrement brillant, et la bibliothèque épiscopale, enrichie de nombreux manuscrits apportés de Rome et de Constantinople par Léandre, et ceux apportés par les chrétiens réfugiés d'Afrique, permettait d'avoir accès à de nombreuses œuvres, tant sacrées que profanes. À l’entrée de la bibliothèque sévillane, on pouvait lire : « Il est ici bien des œuvres sacrées, bien des œuvres profanes » ; ce vers trace à lui seul tout un programme.

Isidore reçut ainsi une instruction très complète et, lorsque Léandre mourut, en 599/600, le clergé local suivit son souhait et élut Isidore comme évêque.

Havre de paix dans l'Occident de cette fin du VIe siècle, l'Espagne se trouve appelée à devenir comme le conservatoire de la culture antique ; la bibliothèque sévillane en est alors le centre le plus brillant. Tout en accordant une priorité aux grands écrivains chrétiens du IVe au VIe siècle, en particulier Augustin (354-430), Cassiodore (485-580), Grégoire le Grand (540- pape 590-604) — ce dernier fut l’ami personnel de son frère Léandre —, Isidore tente d’assumer cet immense héritage dans toute sa diversité. C’est pourquoi manuels scolaires et auteurs classiques s’associent, dans les sources de ses œuvres, aux Pères latins les plus anciens : Tertullien (155-222), Cyprien de Carthage (200-258), Hilaire de Poitiers (315-367), Ambroise (340-397).

Pendant son ministère, il eut le souci constant de la formation et de l'éducation des clercs. Il institua les écoles épiscopales sévillanes. Puisant dans la très riche bibliothèque de Séville et s'appuyant sur une équipe importante de copistes, il compila une somme énorme de connaissances visant à doter la nouvelle église catholique de solides fondations intellectuelles. Cette œuvre immense aborde tous les domaines.

La reconquête byzantine du Sud est définitivement arrêtée en 624, Isidore célébrera en Swinthila (636-639) « le premier monarque à régner sur l’Espagne tout entière » après en avoir chassé les derniers occupants byzantins, et au concile de Tolède tenu probablement en 633, par sa formule Rex, Gens, Patria (un Roi, un Peuple, une Patrie), il rassemblait Hispano-Romains et Goths dans une seule et même nation, qui allait fournir une motivation à la future Reconquista.

Pour Isidore, la qualité royale est définie par des vertus, essentiellement par la « iustitia » et la « pietas » (bonté, miséricorde), et les rois, avant de « rendre des comptes à Dieu à cause de l'Église que le Christ a remis à leur défense », doivent rendre des comptes aux évêques, qui peuvent les déclarer incapables. Les mauvais rois sont des tyrans qui peuvent être renversés, et les évêques peuvent excommunier ceux qui ont enfreint les lois, y compris les lois civiles : Reges a recte agendo vocati sunt, ideoque recte faciendo regis nomen tenetur, peccando amittitur. Ainsi, de même que les évêques s'appuient sur la monarchie, inversement, le souverain tend à s'appuyer sur l'Église, garante de la fidélité et de l'obéissance de ses sujets : ces principes, qui placent les évêques sous l'autorité du roi et le roi à la disposition des évêques, seront repris par la monarchie carolingienne.

[modifier] Son œuvre

Son œuvre majeure est Étymologies (Etymologiæ) constituée de vingt livres, qui propose une analyse étymologique des mots divisée en 448 chapitres. Par cette œuvre, il essaie de rendre compte de l'ensemble du savoir antique et de transmettre à ses lecteurs une culture classique en train de disparaître. Son livre a une immense renommée et connaît plus de dix éditions entre 1470 et 1530, ce qui montre une popularité continue jusqu'à la Renaissance. Sa méthode étymologique est un peu déconcertante : il explique un mot par des termes phonétiquement proches (voir sa définition du roi : Rex a recte agendo : on appelle « roi » celui qui agit droitement). La plupart de ces étymologies, dont se sont moqués bien des savants depuis la Renaissance jusqu'à nos jours, veulent imprimer les mots facilement dans l'esprit du lecteur. Il contribue à la survivance durant le Moyen Âge de nombreuses œuvres antiques par sa technique de citation.

Carte du monde connu, Etymologiæ de Isidorus, 1472 : le plus ancien exemple imprimé de carte en T
Carte du monde connu, Etymologiæ de Isidorus, 1472 : le plus ancien exemple imprimé de carte en T

Il joue un rôle considérable dans la constitution du bestiaire médiéval, notamment à travers le livre XI des Étymologies : De homine et portentis (L'homme et les monstres).

Parmi ses autres travaux, citons, dans le domaine de l'histoire : sa Chronique (une histoire universelle, qui reprend la Chronique de saint Jérôme), et son Histoire des Goths (De origine Getarum…), dans le domaine de la lexicologie : De differentiis verborum et Synonyma. Il est également l'auteur de traités théologiques et d'une règle monacale (Regula monachorum). Beaucoup d'autres traités pourraient venir compléter cette liste ; les plus importants sont le De natura rerum, traité d'astrologie (entre autres) composé à la demande du roi Sisebut et le Liber numerorum (théorie des nombres, inspirée principalement de saint Augustin).

[modifier] Saint Jacques le Majeur

L’apôtre saint Jacques, jusqu’aux confins de la Terre selon saint Isidore de Séville. Dans le De Ortu et Obitu Sanctorum Patrum, Isidore de Séville écrit : « Jacques, fils de Zébédée et frère de Jean [...] prêcha l'Évangile en Hispanie, dans les régions occidentales, et diffusa la lumière de sa prédication aux confins de la Terre. Il succomba sous le coup de l'épée du tétrarque Hérode. Il fut enseveli à Achaia Marmarica. … »

Dans le De Ortu et Obitu Sanctorum Patrum « La naissance et la mort des saints Pères», il reprend les données du De Sanctis Prophetis. Par quelle voie est parvenu à Isidore de Séville le livret grec des Vies des Prophètes ou qui l'a traduit en latin ? Nous ne le savons pas, mais il est évident que cela s'est effectué, à l'époque où la domination byzantine subsistait encore, par la pénétration d'éléments grecs dans les provinces wisigothes voisines, comme celle où vivait Isidore. C'est à cette époque (vers 650) que commence à circuler une traduction latine des catalogues apostoliques grecs qui présente comme particularité remarquable de faire prêcher à Jacques l'Evangile « en Espagne et dans les régions de l'Occident» (au lieu de Jérusalem). Comme lieu de sépulture, le texte latin nomme uniquement la Marmarique.

L'ouvrage le plus ancien qui contienne ce texte est le Brevarium apostolarum, « l’abrégé » ou « bréviaire des Apôtres. »

[modifier] Canonisation

Isidore mourut à Séville le 4 avril 636, et en 653, le VIIIe concile de Tolède, convoqué par Receswinthe (653-672), le nommait doctor egregius.

Abû Amr Abbad, dit al-Motadid, («Celui qui compte sur Dieu», 1016 - muluk al-tawaïf (émir) de Séville en 1042 - 1069), respectueux de la foi chrétienne, autorisa à Ferdinand Ier le Grand (1017- roi de Castille en 1035 et du León en 1037-1065), en 1063 le transfert, de Séville à León, des restes de saint Isidore, le grand docteur de l’Église wisigothique des VIe et VIIe siècles. Sur mandat de Ferdinand Ier, les évêques leonais et asturiens, Alvito et Ordoño, venaient chercher à Séville les reliques du saint docteur qui furent transférées dans l'église San Juan de Léon, désormais appelée San Isidoro

Il est canonisé à Rome en 1598 et déclaré docteur de l'Église en 1722. Il est fêté le 4 avril.

À cause de la structure des Étymologies, qui rappelle celle de certaines bases de données nommées les tries, et préfigure les inventions futures du classement alphabétique, puis de la notion d'index, Isidore de Séville a été proposé, en 2001, comme saint patron des informaticiens, des utilisateurs de l'informatique, de l'Internet et des Internautes.

[modifier] Liens externes