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Extrait de Bustan
(Saadi)
Ô caravanier va doucement, car c'est ma vie que tu emportes,
et mon cœur ravi s'en va, avec la belle que tu emportes.
Elle s'éloigne, me laissant seul, plaintif et malheureux,
et son départ, comme une pointe, déchire mon être douloureux.
J'ai tenté de cacher ma blessure par des ruses et des sortilèges,
mais mon sang débordant témoigne qu'au seuil de mon âme tout se désagrège.
Ô caravanier retiens sa litière, tire les rênes de ta caravane,
car le cyprès de mon cœur ravit mon âme au pas de ta caravane.
Oui, ma belle s'en va fièrement, m'abandonnant au fiel de la solitude,
ne me demandez plus rien, car la vie m'a ôté toute sa plénitude.
La belle insoumise s'en va, me laissant dans toute ma douleur,
et je me retrouve, tel un brûle-parfum, la tête en flammes et en pleurs.
Malgré la cruauté, les fausses promesses de ma douce infidèle,
j'ai gravé en mon cœur et sur mes lèvres ce souvenir doux d'elle.
Oui, reviens ma charmante bienaimée, reviens donc éclairer mes yeux,
reviens, car mes cris de détresse bouleversent la terre et les cieux.
Je ne dors ni le jour, ni la nuit, refusant le moindre conseil,
je m'en vais sans but, inapte, l'âme débridée par cette passion sans pareille.
J'ai cherché à pleurer pour que le chameau de ta litière s'envase sous mes larmes,
mais je n'ai pu le faire, mon cœur, tant ton départ me désarme.
Je ne veux ni attendre, ni délaisser ma tendre bienaimée,
alors qu'en fait, cela serait la solution préférée.
Il y a diverses façons de dire comment l'âme du corps se retire,
or moi, j'ai vu de mes yeux comment ma vie s'est mise à partir.
Sa'adi l'infidèle, me dit-elle, tu n'aurais pas dû de mon amour te plaindre,
face à ta tyrannie qu'aurais-je fait, ma belle, lui dis-je, si ce n'est que m'en plaindre!
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