Inazō Nitobe

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Inazo Nitobe (1862-1933)
Inazo Nitobe (1862-1933)

Inazo Nitobe (新渡戸稲造) (1862-1933) Éducateur, docteur en agronomie et en droit. Il a réalisé de nombreux écrits, dont le plus célèbre est Bushido - The Soul of Japan (1899).

Sommaire

[modifier] La jeunesse

Nitobe est né en 1862 (six ans avant que le Japon ne devienne un état moderne). Il était le troisième fils d’une éminente famille de samouraïs du clan Morioka dans le nord du Japon. Son père est mort alors qu'il n'avait que six ans et c’est sa mère qui l'éleva jusqu’à l’âge de neuf ans. Il fut alors adopté par son oncle, Ota Tokitoshi, qui vivait à Tōkyō. (C’est à lui que Nitobe dédia son livre Bushido : The Soul of Japan.) En phase avec l'esprit intellectualiste de l’époque, son oncle le persuada de commencer l'anglais à l’âge de 10 ans. À quinze ans, il entra à l’école agricole de Sapporo, qui deviendra l’Université de Hokkaido, où il étudia aux côtés d’Uchimura Kanzo et consorts, qui allaient devenir des intellectuels chrétiens japonais de premier ordre, et où il fit la connaissance de William S. Clark (1826-86).

[modifier] La rencontre avec W.S. Clark

Inazo Nitobe et Mary Elkinton
Inazo Nitobe et Mary Elkinton

Clark était américain, né au Massachusetts, diplômé d’Amherst College et fervent chrétien. Elevé au rang de colonel pendant la Guerre de Sécession, il fut nommé président de l’université du Massachusetts en 1867. En 1876, il fut invité au Japon pour aider au développement de Hokkaido, alors territoire frontalier. Il fut chargé de la planification des programmes scolaires de l’école agricole de Sapporo et pour ce faire s’inspira du modèle de l’université du Massachusetts. Il resta à l’école pendant neuf mois, enseignant l’agriculture, la botanique, l’anglais et organisant des lectures de la Bible chez lui. C’était un homme à la discipline stricte, qui avait érigé la morale chrétienne comme principe de vie et qui avait interdit toute forme de drogue sur le campus. Il resta peu de temps mais il parvint malgré tout à convertir de nombreux jeunes étudiants japonais au christianisme. La maxime qu’il répétait sans cesse, « Jeune gens, soyez ambitieux ! » fit écho dans tout le Japon, stimulant les espoirs et les aspirations de nombreux jeunes hommes au moment où le Japon se lançait dans un ambitieux programme de modernisation. Clark laissa une marque indélébile dans l’esprit de Nitobe. Il poursuivit ses études à l’Université Impériale de Tōkyō, à l’Université Johns Hopkins et en Allemagne. Il adhère à la Société religieuse des Amis (quakers) à Philadelphie en 1886. En 1890, il obtint son doctorat à l’Université de Halle (Saxe-Anhalt). L’année suivante, il épousa Mary P. Elkington, une quaker de Philadelphie qui allait devenir son éternelle assistante dans la publication de son livre et de ses essais en anglais. Il revint au Japon en 1891 et enseigna à l’Université Impériale de Hokkaido, puis à l’Université Impériale de Kyōto et enfin à l’Université Impériale de Tōkyō.

[modifier] La synthèse entre l'Orient et l'Occident

C’était un fervent chrétien, un éducateur et un homme qui mit tout en œuvre pour améliorer la position du Japon dans le monde. Mais par dessus tout, sa culture samouraï et ses convictions chrétiennes le destinaient à incarner le lien entre le Japon et l’Occident.

[modifier] Bushido, l'âme du Japon

Son livre, Bushido : The Soul of Japan, illustre ce sentiment de destin impérieux. Nitobe voyant dispaitre peu à peu les coutumes ancestrales lors de la restauration de l'ère Meiji décida d'écrire le Bushido afin de condenser par écrit les multiples préceptes des Samourais. Il faut savoir que ce livre exalte le travail sur soi, les 10 valeurs fondamentales en des termes positifs c'est pourquoi il n'a pu être récupéré que partiellement par l'idéologie de l'avant guerre japonaise.

Il s'agissait aussi de "vendre le Japon" auprès des élites occidentales en montrant que le Japon était un pays civilisé, c’est-à-dire imprégné de valeurs morales, qui devait être admis dans le concert des grandes puissances.

Le livre marqua profondément Theodore Roosevelt, surtout après que ce dernier fut témoin de la bravoure avec laquelle le Japon, une puissance émergeante mineure, vainquit la plus grande puissance terrestre de l’époque lors de la Guerre russo-japonaise de 1904-1905. On raconte que Roosevelt alla jusqu’à en acheter un grand nombre d’exemplaires qu’il distribua à ces amis du Congrès américain. Le livre est une synthèse des deux mondes de Nitobe, où sa culture samouraï et son éducation confucéenne, l’influence militaire de Clark et son éducation chrétienne, se fondent sans difficulté apparente. Il ne voit aucune contradiction entre bushido et chrétienté.

[modifier] Un perpétuel décalage culturel

Inazo Nitobe (1862-1933) figure sur les billets de 5000 yens
Inazo Nitobe (1862-1933) figure sur les billets de 5000 yens

Il est évident que la réalisation d’une telle synthèse importait personnellement à Nitobe. Après des années d’étude aux États-Unis et en Europe, il allait devenir un personnage renommé de dimension internationale. Mais cette implication portait en elle un besoin de clarifier sa propre identité. Les Affaires étrangères étaient dominées à cette époque par les Européens et les Américains. La fois chrétienne de Nitobe ainsi que sa connaissance de la civilisation occidentale ne pouvaient pas constituer pour lui une identité claire. Bushido ne fut pas, bien sûr, la seule œuvre conçue pour faire connaître le Japon en Occident, mais ce fut aussi un moyen pour Nitobe de retrouver le côté japonais de sa propre identité, de se réconcilier avec et de le présenter à l’Occident. C’est probablement pour cette raison qu’il semble parfois s’excuser auprès de ces amis chrétiens : « Si mes allusions aux sujets touchant la religion et les religieux peuvent être mal perçues, j'ai foi que mon attitude envers la Chrétienté elle-même ne sera pas remise en question. » Mais Nitobe a vécu trop longtemps. Dans les années 1920, quand il fut nommé sous-secrétaire général de la Société des Nations, les relations entre le Japon et les États-Unis étaient déjà orageuses. En 1931, le Japon se lança dans un programme d’expansion militaire en mandchourie. Le bushido fut alors associé au militarisme et au nationalisme. Dans l’esprit des Occidentaux, ce n’était plus le bushido que Nitobe avait incarné.

[modifier] L'œuvre

L’œuvre de Nitobe, rédigée dans un excellent anglais victorien, est un groupement d'essais courts, arrangés un peu au hasard dans lesquels il compare les vertus du bushido avec leurs équivalents européens. Cela exige une ingéniosité considérable et n’aurait pu être réalisé que par quelqu’un qui, à l’instar de Nitobe, maîtrisait l'histoire, la religion, la littérature et la philosophie de l'Europe. Les thèmes abordés dans ces essais sont le système éthique du samouraï, le courage, la bienveillance, l’honneur et la maîtrise de soi (des vertus qui s’articulent évidemment dans bien d’autres cultures). Les thèmes spécifiques au samouraï sont toutefois abordés dans la douzième partie, « The Institutions of Suicide and Redress » et dans la treizième, « The Sword, the Soul of the Samurai. »

[modifier] Lien externe