Hiwi

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Le terme Hiwi (également orthographié HIWI ou HiWi) est l'abréviation du mot allemand Hilfswillige qui signifie auxiliaire volontaire. De nos jours, le mot existe encore en allemand et désigne une personne exécutant des tâches subalternes.

Durant la Seconde guerre mondiale, les Hilfswilliger étaient des volontaires recrutés parmi la population des territoires occupés d'Europe de l'Est qui servirent d'auxiliaires dans la Wehrmacht. Ils portaient un uniforme de l'armée allemande avec un brassard sur lequel était écrit Im dienst von Deutschen Wehrmacht.

Sommaire

[modifier] Utilisation historique du terme

[modifier] Recrutement

Après l'attaque de l'Union soviétique en 1941, les forces allemandes et leurs alliés connurent un besoin massif de main d'œuvre, parfois originaire des nations considérées comme ennemies. Ces "volontaires" provinrent pour partie des populations civiles désireuses de coopérer, mais également des rangs des prisonniers de guerre soviétiques, qui voyaient en cela une possibilité d'améliorer leurs catastrophiques conditions de détention. Dans le cadre d'une guerre dite « d'extermination », il est en effet ici difficile de distinguer un ralliement réellement volontaire, un désir de collaboration véritablement effectif, d'un quasi travail forcé. En réalité, les raisons les plus diverses ont pu y jouer un rôle, et avant tout l'espérance de meilleures conditions de vie et de plus fortes chances de survie. Toutefois, les Allemands mirent surtout en avant l'anti-bolchevisme de ses « recrues », sentiment réel mais cependant exacerbé pour des raisons évidentes de propagande.

Un prisonnier Hiwi expliqua à son interrogateur du NKVD que « Les Russes dans l'armée allemande pouvaient être rangés dans trois groupes :

  • D'abord : des soldats mobilisés par les troupes allemandes au sein d'unités de Cosaques, rattachées aux divisions allemandes.
  • Ensuite : les Hilfswillige - des civils habitant les territoires occupés, des Russes faits prisonniers se portant volontaires ou encore des déserteurs de l'Armée rouge désireux de joindre les forces allemandes. Ceux-ci portaient l'uniforme allemand intégral, avec insignes et badges. Ils mangeaient comme les soldats allemands et étaient rattachés aux régiments allemands.
  • Enfin : les prisonniers russes affectés aux tâches aux sales boulots, aux cuisines, aux latrines...

Ces catégories étaient traitées différemment, les volontaires recevant évidemment le meilleur traitement. »

[modifier] Auxilliaires non armés

Au total, entre 800.000 et un million de citoyens de l'Union soviétique servirent dans des formations de la Wehrmacht, environ 200.000 opérèrent dans les formations de police militaire. Plusieurs autres centaines de milliers de citoyens soviétiques travaillèrent au service des forces d'occupation, notamment au sein de l'administration allemande, des exploitations industrielles ou encore de la Reichsbahn. On peut également citer pêle-mêle les occupations de chauffeurs, cuistots, infirmiers, chargés du ravitaillement en vivres et en munitions, estafettes, sapeurs...

[modifier] Membres des Einsatztruppen

Alors que les Hiwis effectuèrent d'abord des tâches subalternes, non armées, au profit des armées allemandes d'occupation, ils prirent par la suite part de manière active à des actions militaires sous le commandement de la Wehrmacht, de plus en plus intégrés à l'appareil répressif armé, jusqu'à jouer un rôle non négligeable dans l'extermination des Juifs ainsi que dans la lutte contre les partisans. En Pologne, ils eurent notamment pour mission de "sélectionner" les Juifs arrivant dans les camps de concentration, avant de passer par les armes les "non-aptes". Ils opérèrent dans une grande majorité des opérations de "nettoyage" au sein des Einsatztruppen à l'arrière du front de l'Est. La tâche était si rude que souvent les Hiwis s'enivraient à la vodka avant de procéder aux exécutions dans les vapeurs de l'alcool. Il est fait état de cas où les Hiwis, passablement ivres, devenaient dangereux pour leurs supérieurs, qui devaient se tenir à l'abri lors de ces tueries d'une rare sauvagerie.

[modifier] Supplétifs de l'armée allemande

En 1943, de nombreux Hiwis furent regroupés en "formations de volontaires" au sein des Osttruppen (sous encadrement allemand), pour certaines envoyées sur le front de l'Ouest où elles combattirent notamment aux premiers jours ayant suivi le débarquement en Normandie. Ces formations avaient également été massivement employées auparavant lors de la bataille de Stalingrad, vu la situation désespérée dans laquelle se trouvait la 6e armée allemande du général Paulus, où ils comptèrent pour près de 25% des forces présentes sur la ligne de front, soit 50.000 hommes. Dans certaines divisions (notamment les 71e et 76e division d'infanterie allemande), le ratio approchait la parité.

Le désespoir était si grand en 1944 dans les rangs allemands que la réelle volonté de résistance au socialisme international fut critalisée dans les rangs des Hiwis au travers de la création de l'Armée de Libération de la Russie, ou armée Vlassov.

[modifier] Utilisation actuelle du terme

La fin de la période nazie et la défaite de la Wehrmacht mettant automatiquement fin à toute considération de travail, le terme "Hilfswillige" resta néanmoins après 1945 dans la langue allemande, sans toutefois conserver une signification militaire, et restant sous sa forme abréviée.

"Hiwi" reste aujourd'hui dans la langue allemande comme désignant de manière officieuse un étudiant tuteur (à ne pas confondre avec un assistant de recherche) dans les écoles techniques ou un ATER, ou encore un collaborateur à la cour de justice fédérale allemande.

L'origine étymologique (pouvant paraître problématique) de ces termes reste toutefois la plupart du temps ignorée. On pense souvent à tort qu'il s'agit de la contraction de Hilfswissenschaftler (assistant), et non de Hilfswilliger. Il est d'ailleurs intéressant de voir que les Wikipédias en anglais et en allemand ne sont pas d'accord sur ce point.

[modifier] Voir aussi

Armée Vlassov

[modifier] Références

  • Stalingrad, Antony Beevor, 1998. Penguin edition, pages 184 à 186.