Friedrich Paulus

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Friedrich Paulus
Naissance : 23 septembre 1890
Breitenau, Allemagne
Décès : 1er février 1957 67 ans)
Dresde, Allemagne
Origine : Allemand
Allégeance :  Empire allemand
 République de Weimar
 Troisième Reich
Arme : Wehrmacht
Grade : Generalfeldmarschall
Service : 1910 - 1943
Conflits : Première Guerre mondiale,
Seconde Guerre mondiale
Commandement : 10earmée allemande
6e armée allemande
Faits d'armes : Campagne de Pologne
Bataille de France
Opération Barbarossa
Opération Fall Blau
Bataille de Stalingrad
Distinctions : Croix de fer

Friedrich Wilhelm Ernst Paulus (23 septembre 1890 - 1er février 1957) fut un militaire allemand.

Il fut le commandant de la 6e armée allemande pendant la bataille de Stalingrad. On associe quelquefois à tort von à son nom car un grand nombre de généraux étaient issus des rangs des aristocrates prussiens, mais lui venait en fait d'un milieu relativement humble. Ce qui constitua sans doute une raison supplémentaire pour Hitler de lui faire gravir rapidement les échelons de la hiérarchie militaire.

Lors de la bataille de Stalingrad, il obéit, contre tout bon sens, aux ordres de Hitler de tenir à tout prix ses positions alors que l'Armée Rouge du maréchal Georgi Joukov avait enfoncé en novembre 1942 les faibles flancs de la défense allemande tenus par les alliés de l'Axe (des unités roumaines et italiennes) et que les troupes allemandes étaient encerclées dans la ville sans possibilité d'être secourues. L'effort de l'armée du groupe Don d'Erich von Manstein pour briser l'encerclement échoua en partie à cause de son manque de discernement et de son refus d'évacuer la ville. La 6e armée fut anéantie à Stalingrad sous la pression des troupes soviétiques au cours des mois de décembre 42 et janvier 43. Sous l'ordre de Paulus, les troupes allemandes résistèrent jusqu'au 2 février 1943.

Quelques jours auparavant, le 30 janvier, Hitler avait élevé Paulus à la dignité de Feld-maréchal, ce qui était une manière déguisée de lui confirmer son ordre de lutter jusqu'à la mort, car, dans toute l'histoire allemande, aucun Maréchal ne s'était jamais rendu à l'ennemi. Paulus s'y refusa cependant, et, prisonnier, il devint même un critique du régime nazi, servant la propagande de guerre soviétique. Il fut ensuite un témoin à charge lors des procès de Nuremberg.

[modifier] Témoin de l'accusation à Nuremberg

L'annonce des procès contre les principaux criminels de guerre allemands suscita en novembre 1945 une grande agitation parmi les officiers capturés qui avaient combattu à Stalingrad : un des chefs d'accusation concernait le meurtre de 40.000 civils. Les subordonnés de Paulus rejetaient toute responsabilité là-dessus et se retranchaient derrière ses ordres. C'est ce qui le poussa sans doute à collaborer avec l'Union Soviétique : il fit savoir à l'officier de liaison du NKVD qu'il souhaitait témoigner au sujet de la préparation de la campagne de Russie et de ce qu'il savait sur le Gouvernement général.

Sous le pseudonyme de Satrap et sous protection soviétique, il fut emmené discrètement en Allemagne au début de 1946 et fut le 11 février témoin de l'accusation devant le tribunal. Il expliqua son propre rôle lors de la préparation de l'entreprise Barbarossa et sur son caractère de guerre de conquête et de destruction que les accusés ne pouvaient pas ignorer. Interrogé sur les principaux coupables, il désigna Wilhelm Keitel, Alfred Jodl et Hermann Göring. La défense n'arriva pas à affaiblir ses affirmations en lui reprochant son propre rôle dans l'État-major général, dans la 6e armée et dans le NKFD, car le juge ne considéra pas ces aspects comme importants. La déclaration de Paulus satisfaisait parfaitement les attentes des responsables soviétiques, mais Paulus n'obtint à vrai dire rien en échange : il lui fut interdit de dire au revoir à sa femme gravement malade : on n'en voyait pas l'utilité ! Elle mourut en 1949 sans avoir revu son mari.

L'attitude du feld-maréchal ne convainquit pas les soldats et les officiers prisonniers des Russes : la plupart le tenaient pour quelqu'un de méprisable et estimaient qu'il n'était pas moins coupable que Keitel, Jodl et Göring. Pour cette raison, plusieurs pensaient qu'il passerait lui-même ensuite en jugement. Après son retour Paulus ne fut pas ramené au camp, mais fut installé dans une datcha à Tomilino. Il y retrouva les généraux Vincenz Müller et Arno von Lenski ainsi que son officier d'ordonnance, le colonel Adam. En convalescence après une tuberculose pulmonaire, ils passèrent deux mois en Crimée pendant l'été 1947. Le régime changea en 1948, quand - contrairement à Paulus lui-même – ses compagnons furent relâchés et qu'on ne laissa avec lui que deux prisonniers de guerre allemands comme cuisinier et comme ordonnance. Cette situation et les mauvaises nouvelles sur la santé de sa femme (de plus en plus malade) provoquèrent chez lui une dépression. Aussi, en juin 1948, demanda-t-il à être rapatrié en zone orientale, car il voulait aider à la construction d'une Allemagne démocratique étroitement liée à l'Union Soviétique. Apparemment il escomptait avoir ainsi des chances plus grandes d'être libéré, mais cette demande resta sans réponse. Paulus avait le sentiment que l'on avait commencé à instruire contre lui. Les sorties au théâtre de Moscou ne lui étaient plus permises, il ne recevait plus la visite de fonctionnaires et on lui avait enlevé sa radio sous un prétexte quelconque. Cependant en 1949, bien qu'il existât contre lui des charges assez lourdes, il n'était toujours pas accusé.

La mort de sa femme en novembre 1949 lui fut cachée pendant quatre semaines : on voulait éviter que Paulus refusât désormais d'aller vivre en RDA, puisque le fils et la fille qui lui restaient habitaient tous deux en RFA. Pour cette raison, si on donna un accord de principe à une nouvelle demande en mai 1950, la permission définitive n'arrivait toujours pas. Dans un rapport de 1953, on disait bien : « Le rapatriement de Paulus est repoussé jusqu'à un ordre exprès, on n'a plus à en parler. » Il ne pouvait être question pour lui de s'installer qu'en Allemagne de l'Est, puisqu'à l'ouest son image était très mauvaise à la suite d'un roman de Theodor Plivier, dont le thème était les évènements de Stalingrad ; au reste il aurait pu être accusé devant un tribunal d'Allemagne de l'Ouest. En septembre 1953, il eut encore une entrevue avec Walter Ulbricht au cours de laquelle on parla de son retour. Avant que Paulus montât dans le train pour Francfort/Oder avec ses deux domestiques le 24 octobre 1953, il écrivit une nouvelle fois pour parler de son dévouement envers l'Union Soviétique ce qui, aux yeux du public allemand, fit définitivement de lui un traître qui avait tourné casaque.

[modifier] Ses dernières années

Le 26 octobre 1953 Paulus foula pour la première fois depuis 1946 le sol allemand : sur le quai l'attendaient Arno von Lenski et Wilhelm Adam. Ils se rendirent ensuite à Berlin-Est à une réception officielle donnée par la direction d'État et du parti de RDA. Son nom avait gagné en importance depuis qu'Adenauer, le chancelier fédéral, avait ancré à l'Ouest la RFA. Apparemment on voulait lui opposer des figures connues qui soutenaient la RDA. On le logea donc dans une villa de Dresde, dans le quartier de Weisser Hirsch, et il reçut le privilège de porter une arme et de disposer d'une voiture d'Allemagne de l'Ouest, une Opel Kapitän. Il n'en fut pas moins soumis après son arrivée à la surveillance de la Stasi: tous ses employés appartenaient aux services secrets, son courrier était espionné, son téléphone et son logement surveillés. On ne lui donna aucun poste où il aurait pu avoir de l'influence en RDA, sa fonction officielle était de diriger le bureau de recherche d'histoire de la guerre à la Haute École de la Police populaire en caserne. (Il fut entre autres l'un des principaux auteurs des Instructions de service de l'armée populaire nationale de la RDA). Paulus s'occupait dans ses écrits, et à l'occasion de conférences, de la bataille de Stalingrad, pour le reste il menait la vie des notables locaux et passait volontiers des soirées entre vieux soldats. De fait, il avait alors des difficultés à établir le contact avec ses compatriotes et s'entendait mieux avec les généraux soviétiques. En 1955 il fut associé à l'initiative « Rencontres panallemandes entre officiers » qui visait à empêcher le réarmement des deux Allemagnes. Cette initiative le fit s'efforcer d'obtenir la libération des derniers prisonniers de guerre. Pour cela, il s'adressa à la direction de la RDA qui n'y avait, à vrai dire, aucun intérêt. La deuxième rencontre appela à la résistance nationale contre la politique menant à une séparation durable de l'Allemagne. Cet appel, et aussi la participation d'officiers de la Waffen-SS, amenèrent la RDA à faire cesser ces rencontres. Par la suite Paulus se retira de la vie publique, avant tout pour des raisons de santé (depuis 1955/56 il souffrait de paralysie bulbaire avec sclérose latérale amyotrophique, une affection du système nerveux central qui conduit à la paralysie des muscles en toute lucidité intellectuelle). L'aggravation rapide de son état de la santé l'empêcha de terminer une étude sur la bataille de Stalingrad. Il mourut vers la fin de l'après-midi le 1er février 1957 dans sa villa de Dresde et fut inhumé avec les honneurs militaires au cimetière de Dresde-Tolkewitz.

[modifier] Références

  • (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Friedrich Paulus ».