Hippolyte Fontaine

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Hippolyte Fontaine (1833-1910) est un industriel français qui finança l'inventeur belge Z. Gramme, l'inventeur de la dynamo. H. Fontaine était partiellement handicapé.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Sa naissance (1833)

Hippolyte Fontaine est né à Dijon le 12 avril 1833, rue des Godrans, au n°56 et sera le deuxième d'une famille de treize enfants. Son père est menuisier. Une plaque est apposée sur sa maison natale. Son prénom complet, tel que l'adjoint au maire Victor Dumay l'écrit au registre d'état-civil est : François-Hypolite. A cette époque, l'orthographe des noms propres n'était pas aussi rigoureusement fixée qu'aujourd'hui. Dans son acte de décès, le prénom sera Hippolyte, tel qu'il est orthographié aujourd'hui.

[modifier] de 1833 à 1870

Quand il a six ans, son père le met en pension chez un ami, instituteur à Couchey. Doué du point de vue intellectuel, il est en revanche quelque peu handicapé physiquement du fait d’une légère paralysie latente. En 1848, à l'âge de 15 ans, après avoir suivi l’école préparatoire du Petit Potet, ancêtre du lycée qui aujourd’hui porte son nom, il est admis à l’École des Arts et Métiers de Châlons-sur-Marne (aujourd'hui [Châlons-en-Champagne]) où il suit 60 heures d’enseignement par semaine. Il en sort trois ans plus tard en bon rang.

En 1851, il entre dans la vie active et part faire son tour de France comme ouvrier modeleur ou menuisier. A l’époque, on était persuadé qu’il fallait d’abord passer par l’atelier et non par les bureaux. Ce périple l’amène à Lyon où un patron remarque ses compétences dans la compréhension des dessins dont il avait à exécuter les modèles. En 1853, sur les instances de camarades d’école, il est embauché aux ateliers d’Oullins (matériel ferroviaire, charpentes métalliques, dans la banlieue lyonnaise) au bureau de dessin et est nommé rapidement chef de bureau. C’est ici que commence véritablement sa carrière d’ingénieur. En 1857, il rejoint à Paris la maison Cail liée aux ateliers d’Oullins comme chef de travaux. Mais en 1859 il est atteint de paralysie et doit cesser de travailler pendant un an. Il met à profit ce repos forcé pour améliorer ses connaissances et suite à un traitement hydroélectrique auquel il fut soumis, semble-t-il à sa demande, il recouvre l’usage presque complet de ses bras et à un degré moindre celui de ses jambes. Il reprend ses activités en 1860 aux Chemins de fer du Nord puis en 1865 il est retenu comme ingénieur pour la construction des Docks de Saint-Ouen dans la banlieue parisienne. Mais la société des Docks est mise en liquidation en 1870 et il doit se trouver une nouvelle situation. Cette même année, il commence l’étude de petits moteurs domestiques ainsi que la publication de la Revue Industrielle, avec un camarade des Arts. La guerre éclate. Il est chargé d’organiser le contrôle et la fabrication des canons dans les usines de Paris puis lors du siège de la capitale il est en outre chargé d’organiser les mesures pour la protection de l’Institut, en prévision des bombardements. A 37 ans, il a déjà une vie bien remplie et riche en événements et expériences.

[modifier] La rencontre avec Z. Gramme

Zénobe Gramme est né à Jehay-Bodegnée, en Belgique, près de Liège, le 4 avril 1826, d’un père employé des taxes. Il ne termina pas sa scolarité et travailla tôt. Peu instruit, mais esprit inventif, Gramme imagina le collecteur qui lui permit d'obtenir la première dynamo à courant continu présentée le 17 juillet 1871 à l'Académie des Sciences. Il dépose un brevet et recherche un commanditaire.

A la fin de 1871, il prend accord avec le comte d'Ivernois, administrateur des Docks de Saint-Ouen, pour créer une société, la Société des Machines magnéto-électriques Gramme, et le comte d'Ivernois y fait entrer Hippolyte Fontaine. Fontaine restera administrateur de cette société jusqu'en 1900.

L'alliance de l'inventeur Gramme et de l'industriel Fontaine va se révéler extrêmement féconde, par l'adaptation de la dynamo à de multiples usages industriels dans une industrie électrique naissante. Un des premiers clients sera la société Christofle pour la galvanoplastie à l'argent. Zénobe Gramme est mort à Bois-Colombes, dans l'actuel département des Hauts-de-Seine, le 20 janvier 1901.

[modifier] 1873 : l'expérience décisive

En 1873, à l'exposition de Vienne (Autriche), les circonstances amènent Hippolyte Fontaine à réaliser en public la première application industrielle de la transmission électrique des forces.

Hippolyte Fontaine est doublement présent en Autriche, à la fois au titre de la Société Gramme dont il est l’administrateur et qui expose ses machines génératrices de courant, et comme inventeur de petits moteurs domestiques. Alors qu’il n’avait pas encore quarante ans, sa rencontre, après la guerre de 1870, avec l’inventeur belge Zénobe Gramme a été en effet décisive quant à son avenir. Ce dernier était à la recherche d’un commanditaire afin d’exploiter le brevet qu’il venait de déposer et qui concernait une machine génératrice de courant continu. Le comte d’Ivernois, administrateur des Docks de Saint-Ouen, entreprise dans laquelle avait travaillé Fontaine comme ingénieur responsable de travaux avant la guerre franco-allemande, avait accepté de commanditer la création de la nouvelle société des machines magnéto-électriques Gramme. Fontaine en fut nommé directeur. Ces deux hommes d’origine si différente étaient faits pour se comprendre et s’estimer : l’un, Gramme, avait le tempérament de l’inventeur, l’autre, Fontaine, celui du réalisateur et de l’industriel, c’est là tout le secret de la réussite exceptionnelle de leur association, qui dura plus de trente ans, et la société nouvellement créée allait connaître un développement très rapide.

La Société présente deux machines Gramme, une dynamo génératrice pour galvanoplastie, actionnée par un moteur à gaz, et une autre réceptrice alimentée par une batterie de piles destinée à mettre en mouvement une pompe centrifuge faisant fonctionner une cascade. Ce dernier dispositif a pour but de montrer la réversibilité de la dynamo, que Fontaine vient de mettre en évidence. L’empereur d’Autriche avait annoncé sa visite mais la batterie de piles est malheureusement en panne. Fontaine ne disposant que de la dynamo génératrice pour alimenter la seconde dynamo, mais dont la tension de service est bien inférieure à la tension de la première, a l’idée de provoquer une chute de tension en intercalant entre les deux un câble de cuivre d’une longueur suffisante, soit deux kilomètres, jusqu’à ce que la pompe tourne à sa vitesse normale : il vient de montrer qu’il est possible de transporter l’énergie alors que production et utilisation d’électricité étaient confinées jusqu’alors dans les mêmes lieux.

[modifier] Sa mort

Hippolyte Fontaine est mort à Hyères (Var) le 17 février 1910, à l'âge de 76 ans.

Il a fini sa vie sur la côte méditerranéenne alors uniquement vouée au tourisme d'hiver, Hyères est une cité brillante, au climat doux et bienfaisant, qui accueille des célébrités. L'avenue des Iles d'Or, où s'est éteint Hippolyte Fontaine, fait référence à l'ancienne dénomination des îles d'Hyères (Porquerolles, Port-Cros, Île du Levant). Hippolyte Fontaine est enterré au cimetière du Montparnasse à Paris.

[modifier] Divers

[modifier] Dénomination "Hippolyte Fontaine"

En 1930, le groupe de Côte-d'Or de la Société des anciens élèves des Arts et Métiers demande à la municipalité de nommer « École Hippolyte-Fontaine » l'école pratique de commerce et d'industrie de Dijon et d'ériger un buste du savant dans l'une des cours de l'école.

Dans sa séance du 3 août 1932, le Conseil municipal accède à ces deux demandes et soumet le projet de dénomination au ministre de l'éducation nationale. Par décret du 1er septembre 1932, le ministre de l'éducation nationale attribue la dénomination « École Hippolyte-Fontaine » à l'école pratique de commerce et d'industrie de garçons de Dijon. Son buste est inauguré le 5 novembre 1933.

L'école pratique de commerce et d'industrie de Dijon est devenue Lycée technique en 1959 et Lycée polyvalent en 1987.

Autres langues