Henri d'Ollone

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Henri-Marie Gustave d'Ollone, plus connu sous le nom de Henri d'Ollone (1868-1945) est un militaire et explorateur français, frère du compositeur Max d'Ollone. Grand officier de la Légion d'honneur, il a organisé et a participé à des missions d'exploration en Afrique et en Asie.

Sommaire

[modifier] Biographie

Officier d’infanterie, diplômé de lettre et de sciences, Henri d'Ollone participe à la campagne de Madagascar en 1895. Puis, à la demande du ministère des colonies, il établit la future frontière entre le Libéria et la Côte d’Ivoire en étudiant le cours du fleuve Cavally en 1897.

En 1903, il devient membre de la Société de géographie et obtient son détachement auprès du ministère de l’instruction publique.

Après plusieurs voyages en Asie, il est chargé d’une mission scientifique d’étude des peuples, races et cultures non chinois de Chine et des minorités qui cohabitent au sein de l’empire chinois. Il part de 1906 à 1909 avec une équipe de spécialistes. L'expédition parcourt plus de 8000 km à cheval, dans des régions encore peu ou pas du tout soumises au pouvoir central, dans un contexte géopolitique instable. Il rapporte des études géographiques, archéologiques, ethnographiques et linguistiques. et publie de nombreuses cartes, photos, études et ouvrages dont « Recherche sur les musulmans chinois «, publié en 1912.

Voici quelques-unes des observations faites par Henri d'Ollone lors de son périple dans le Yunnan, le Sichuan, le Gansu, le Ningxia et la Mongolie :

La conquête arabe n’a pas été le moteur du développement de l’Islam en Chine. Il faudra attendre le 13e siècle et l’invasion de la Chine par les Mongols (Yuan) pour que s’installent des musulmans en nombre significatif. Les troupes arabes n’ont pas dépassé Talas (Kazakhstan). C’est avec l’arrivée de ces soldats, artisans, savants, astronomes, fonctionnaires, venus de gré ou de force, surtout d’Asie centrale, que l’islam s’est implanté durablement par les ports ou les grandes routes caravanières.

Henri d'Ollone classait déjà en deux catégories les musulmans de Chine :

  • Les Ouïghours, population de langues turques et turco-mongoles provenant de l’ouest et implantées définitivement d’une façon définitive dans le Xinjiang à partir du 13e siècle. Cette province n’a été véritablement intégrée à l’espace chinois qu’à la fin du 19e siècle.
  • Les Huis, des populations de langues chinoises dispersées dans toute la Chine en communautés plus ou moins nombreuses, particulièrement dans le Yunnan, le Gansu et de nombreuses villes comme Canton et Pékin.

Les Huis se disent d’origine arabe, persans ou centre asiatiques. Leurs ancêtres ont épousé des femmes Han chinoises.

Si l’Islam s’est répandu par le sabre en Europe, en Afrique du Nord et en Asie de l’ouest, son introduction en Chine s’est faite plus pacifiquement : par l’influence d’un puissant personnage ou par conversion lors de mariages. C’est ainsi que des officiers musulmans convertissent beaucoup de soldats et que des mandarins musulmans font des prosélytes. Souvent le musulman est un pur chinois qui, encore enfant, a été adopté ou acheté par un croyant et élevé dans l’Islam. Henri d'Olonne constate au Yunan que les musulmans portent deux noms, par exemple un nom arabe comme Hussein et un nom chinois Hou sin .

La masse des croyants ne sait pas l’arabe et ne peut donc lire le Coran. Seuls les Imams, ou A–hong, sont initiés. L'emprise de l'islam est fortifiée dans des régions pauvres par l’esprit d’association ; les musulmans forment une vaste société de secours mutuel, des communautés où aucun pauvre ne demeure sans aide où chacun prête à l’autre son concours pour réussir dans ses entreprises.

Henri d’Ollone évalue à 4 millions le nombre de musulmans en Chine en 1906.

[modifier] Ouvrages d'Henri d'Ollone

  • De la Côte d’Ivoire au Soudan et à la Guinée - Paris, Hachette - 1901 - 314 pages
  • La Chine Novatrice et Guerrière - Paris, Armand Colin - 1907 - 318 pages
  • Les derniers Barbares - Paris P Lafitte - 1910 - 372 pages — réédition : Hong-Kong You-Feng - 1988
  • Recherche sur les Musulmans Chinois - Paris, E. Leroux - 1911 - 360 pages
  • Langues et Écritures des Peuples Non Chinois de Chine - Paris E Leroux – 1912 – 1300 pages - deux volumes

[modifier] Articles divers

  • De la Côte d’Ivoire au Soudan - Le Tour du monde - 1901
  • La Chine Guerrière - La Revue de Paris - 1905
  • Chez les Nomades du Tibet - La Revue des Deux Mondes - 1911 -

[modifier] Bibliographie plus générale

  • A. Lefébure, Explorateurs photographes « territoires inconnus » - Paris La Découverte – 2003