Henri Meschonnic

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Henri Meschonnic, né à Paris le 18 septembre 1932, est poète, traducteur, essayiste, polémiste et théoricien du langage. Prix Max Jacob en 1972, Mallarmé en 1986, Nathan Katz en 2006.

Henri Meschonnic intervient régulièrement dans le Forum des langues du monde. Il fut président du Centre national des lettres, devenu en 1993 Centre national du Livre[1]. Henri Meschonnic a déposé ses archives à l'I.M.E.C. en 2007.

Sommaire

[modifier] Une aventure intellectuelle qui tient ensemble poème, traduction et essai

Henri Meschonnic a enseigné longtemps la linguistique et la littérature à l'Université Paris VIII. Poète, traducteur de la Bible, essayiste, il a proposé une anthropologie historique du langage qui engage la pensée du rythme dans et par l'historicité, l'oralité et la modernité du poème comme discours et du sujet comme activité spécifique d'un discours. Une série d'essais, depuis Pour la poétique jusqu'à Politique du rythme, Poétique du rythme en passant par Critique du rythme, Anthropologie historique du langage ont engagé un chantier considérable qui a des effets dans maintes disciplines à partir d'une attention forte à la littérature et à la théorie du langage en faisant du poème un opérateur éthique de valeur pour tous les discours, ce qui engage une critique de la poésie pour que le poème ne soit plus confiné à un genre ou à une forme. Le poème devient par l'attention au rythme comme subjectivation dans et par le langage, un appel à l'écoute de ce qui invente chaque fois spécifiquement un continu langage, histoire, société. C'est dans mouvement de la pensée, associant étroitement l'écriture poétique, la traduction et l'essai que Meschonnic a retravaillé contre bien des académismes, et en particulier le contre-structuralisme, les propositions de Wilhelm von Humboldt, de Ferdinand de Saussure et d'Émile Benveniste. Sa linguistique du discours met l'attention à la langue et donc toute préoccupation grammaticale dans la dépendance d'une écoute du rythme et de la prosodie, d'une pensée de l'oralité et du continu de tout discours comme activité trans et intersubjective. Comme théoricien de la traduction, Meschonnic oblige à ne pas se contenter d'une traductologie qui se sépare à bon compte de l'éthique ou au contraire se contente de grands principes qui ne permettent pas de travailler l'historicité des traductions au coeur de l'activité de traducteur. Son expérience longue de la traduction de la Bible l'a conduit à poser que bien des traductions sont des effaçantes soit de la langue-culture de l'original, soit du travail spécifique du traducteur. L'œuvre poétique de Henri Meschonnic commence par des "poèmes d'Algérie" publiés dans la revue Europe en janvier 1962, mais c'est surtout avec Dédicaces proverbes (prix Max Jacob, 1972) qui comporte quatre fortes pages liminaires que l'aventure d'un "langage qui n'a plus rien à faire de la distinction utile ailleurs entre dire et agir, qui n'a plus rien à faire de l'opposition entre l'individuel et le social, entre la parole et la langue", commence. Aussi tous les livres qui suivent sont-ils tous à considérer comme autant de poèmes en cours participant à une seule et même aventure, "ni confession, ni convention", c'est-à-dire à rebours de tout ceux qui à la même époque se complaisent dans l'écriture du moi ou dans le "psittacisme formaliste". Il faudrait observer les départs de la pensée que les poèmes offrent en y ajoutant bien évidemment les traductions de la Bible. Départs que les essais vont souvent ouvrir à des perspectives décisives dans la recherche de Henri Meschonnic.

[modifier] La théorie du rythme comme anthropologie historique du langage

[modifier] Citations

  • L’historicité, c’est toute la poétique. (Poétique du traduire, p. 130)
  • C’est pourquoi la théorie du langage a un si grand rôle. Elle est le lieu majeur où se fonde, et combat, l’historicité radicale du sens et de la société. Qui s’élabore, depuis Humboldt et Saussure, et passe par Benveniste. Benveniste a écrit que le langage sert à vivre. Je dirai que la théorie du langage, à travers l’histoire et le statut des concepts avec lesquels vit une société, et plus que d’autres sciences sociales, sinon même l’économie et les techniques, généralement jugées bien plus vitales, sert à vivre. Poétiquement et politiquement. (Modernité Modernité, p. 10-11).


« un visage
mais chaque visage
est la forme de ma vie
et je visage de toi
comme tu visages de moi
plus profond que toute la peau
jusqu’au-dedans où les tristes
retrouvent
la matière
des joies
 »
    — Tout entier visage, p. 73

[modifier] Publications (liste non exhaustive)

  • Poésie :
    • Dédicaces proverbes, Gallimard, 1972 ; prix Max Jacob, 1972
    • Dans nos recommencements, Gallimard, 1976
    • Légendaire chaque jour, Gallimard, 1979
    • Voyageurs de la voix, Verdier, 1985 ; prix Mallarmé, 1986 ; L’improviste, 2005.
    • Nous le passage, Verdier, 1990
    • Combien de noms, L’improviste, 1999
    • Maintenant, Les petits classiques du grand pirate, 2000
    • Je n’ai pas tout entendu, Dumerchez, 2000
    • Puisque je suis ce buisson, Arfuyen, 2001
    • Infiniment à venir, Dumerchez, 2004
    • Tout entier visage, Arfuyen, 2005
    • Et la terre coule , Arfuyen, 2006, prix Nathan Katz, 2006
  • Traductions :
    • Les Cinq Rouleaux (Le chant des chants, Ruth, Comme ou Les Lamentations, Paroles du Sage, Esther), Gallimard, 1970
    • La structure du texte artistique, de Iouri Lotman, direction de la traduction collective, Gallimard, 1973.
    • Jona et le signifiant errant, Gallimard, 1981.
    • Gloires, traduction des psaumes, Desclée de Brouwer, 2001
    • Au commencement, traduction de la Genèse, Desclée de Brouwer, 2002
    • Les Noms, traduction de l’Exode, Desclée de Brouwer, 2003
    • Et il a appelé, traduction du Lévitique, Desclée de Brouwer, 2003
  • Essais :
    • Dictionnaire du français contemporain, (collaboration), Larousse, 1967
    • Pour la poétique, Gallimard, 1970
    • Pour la poétique II, Epistémologie de l’écriture, Poétique de la traduction, Gallimard, 1973
    • Pour la poétique III, Une parole écriture, Gallimard, 1973
    • Le signe et le poème, Gallimard, 1975
    • Écrire Hugo, Pour la poétique IV (2 vol.), Gallimard, 1977
    • Poésie sans réponse, Pour la poétique V, Gallimard, 1978
    • Critique du rythme, Anthropologie historique du langage, Verdier, 1982
    • « La nature dans la voix », introduction au Dictionnaire des Onomatopées de Charles Nodier, Trans-Europ-Repress, 1985
    • Critique de la théorie critique, Langage et Histoire, séminaire, direction et participation, Presses Universitaires de Vincennes, 1985
    • Les états de la poétique, P.U.F, 1985
    • Ecrits sur le livre, « Mallarmé au-delà du silence », introduction à Mallarmé, choix de textes, éditions de l’Éclat, 1986
    • Modernité modernité, Verdier, 1988 ; folio-essais Gallimard, 1994
    • Le langage Heidegger, P.U.F, 1990
    • La rime et la vie, Verdier, 1990 ; folio-essais, Gallimard, 2006
    • Des mots et des mondes, Hatier, 1991
    • Le langage comme défi, séminaire, direction et participation, Presses universitaires de Vincennes, 1992
    • La pensée dans la langue, Humboldt et après, séminaire, direction et participation, Presses Universitaires de Vincennes, 1995
    • Politique du rythme, politique du sujet, Verdier, 1995
    • Histoire et grammaire du sens, co-direction avec Sylvain Auroux et Simone Delesalle, et participation, Armand Colin, 1996
    • De la langue française, essai sur une clarté obscure, Hachette-Littératures 1997 ; Pluriel, 2001
    • Traité du rythme, des vers et des proses (avec Gérard Dessons), Dunod, 1998
    • Poétique du traduire, Verdier, 1999
    • Et le génie des langues ? séminaire, direction et participation, Presses Universitaires de Vincennes, 2000
    • Crisis del Signo/Crise du signe, éd. bilingue, Comisión Permanente de la Feria del Libro, Santo Domingo, República Dominicana, 2000
    • Le rythme et la lumière avec Pierre Soulages, Odile Jacob, 2000
    • L’utopie du Juif, Desclée de Brouwer, 2001
    • Célébration de la poésie, Verdier, 2001 ; poche/Verdier, 2006
    • Hugo, la poésie contre le maintien de l’ordre, Maisonneuve et Larose, 2002
    • Spinoza poème de la pensée, Maisonneuve et Larose, 2002
    • Un coup de Bible dans la philosophie, Bayard, 2004
    • Vivre poème, Dumerchez, 2005
    • Le nom de notre ignorance, la dame d’Auxerre, Éditions Laurence Teper, 2006.
    • Il ritmo come poetica, conversazioni con Giuditta Isotti Rosowski, Bulzoni editore, Roma, 2006
    • Heidegger ou le national-essentialisme, Éditions Laurence Teper, 2007.

[modifier] À propos d'Henri Meschonnic

  • Ouvrages sur Henri Meschonnic
    • Lucie Bourassa, Henri Meschonnic, Pour une poétique du rythme, éditions Bertrand-Lacoste, 1997.
    • Jean-Louis Chiss, Gérard Dessons (dir.), La Force du langage, Rythme, discours, traduction, Autour de l’œuvre d’Henri Meschonnic, Paris, Honoré Champion, 2000 (Henri Meschonnic, Pascal Michon, Jean-Louis Chiss, Jürgen Trabant, Gérard Dessons, Daniel Delas, Serge Martin, Jean-Patrice Courtois, Véronique Fabbri, Denis Thouard, Alexis Nouss, Mônica de Almeida, Jean-Claude Chevalier)
    • Pascal Michon (dir.), Avec Henri Meschonnic les gestes dans la voix, La Rochelle, Himeros/Rumeur des âges, 2003 (Henri Meschonnic, Pascal Michon, Véronique Fabbri, Serge Martin, Serge Ritman, Gérard Dessons, Éric Barjolle)
    • Gérard Dessons, Serge Martin et Pascal Michon (dir.), Henri Meschonnic, la pensée et le poème (Cerisy-la-Salle, juillet 2003), Paris, In’Press, 2005 (Henri Meschonnic, Gérard Dessons, Daniel Delas, Pascal Michon, Jean-Louis Chiss, Joëlle Zasc, Geneviève Jolly, Bernard Noël, Béatrice Bonhomme, Patrick Rebollar, Ok-Ryon Kim, Arnaud Bernadet, Andrew Eastman, Jacques Ancet, Jürgen Trabant, Serge Martin, Youg Joo-Choi, Simone Wiener, Jae-Ryong Cho, Véronique Fabbri)
    • Béatrice Bonhomme et Micéala Symington (dir.), Le Rythme dans la poésie et dans les arts, Honoré Champion, 2005. Comprend : « IV. Une pensée du rythme : Henri Meschonnic » (Henri Meschonnic, Laurent Mourey, Philippe Païni, Serge Martin, Andrew Eastman)
  • Numéros de revues ayant consacré un dossier à Henri Meschonnic :
    • Esprit n°7-8, juillet-août 1977 (Alex Derczansky, Anne-Marie Pelletier, Olivier ongin et Paul Thibaud pour la table ronde)
    • L’Infini n° 76, automne 2001 (Philippe Sollers, Benoît Chantre, Guy Petitdemange, Claude Vigée)
    • Nu(e) n° 21, septembre 2002 (Gérard Dessons, Catherine Zasc, Jacques Ancet, Serge Martin, Yves Charnet, Patrick Quillier, Pascal Michon, Pascal Maillard, Lionel Verdier, Ishida Hidetaka, Patrick Rebollar)
    • Autre Sud n° 24, mars 2004 (Jacques Ancet, Charles Dobzynski, Jacques Lovichi, Serge Martin, Bernard Mazo)
    • Résonance générale, n° 1, été 2007 (Serge Martin, Philippe Païni, Laurent Mourey)

[modifier] Références

  1. Centre national du Livre

[modifier] Liens externes