Hégésippe Jean Légitimus

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Hégésippe Jean Légitimus (1868-1944), conseiller général et maire de Pointe-à-Pitre, fondateur du mouvement socialiste de la Guadeloupe, député au Parlement, à Paris, a marqué fortement au début du siècle la vie politique française. Il fut le premier noir à siéger à l'assemblée Parlementaire aux côtés de Jules Guesde, Jean Jaurès et Léon Blum, dont il fut l'ami.

En 1870 débuta une crise sucrière qui eut pour effet de concentrer les propriétés au profit des usines qui appartenaient déjà à des industriels de la Métropole. Cette crise allait se prolonger jusqu'en 1914. De nombreuses familles abandonnèrent la Guadeloupe pour la métropole. À cette crise, coïncida un nouveau mouvement politique se réclamant du socialisme. Ce courant était incarné par Hégésippe Jean Légitimus en Guadeloupe et par Joseph Lagrosillière en Martinique.

Un mouvement socialiste prit donc forme à la fin du XIXe siècle. Il était représenté par le Parti Socialiste Guadeloupéen dont Hégésippe Jean Légitimus fut l'un des fondateurs. Fondateur également du Comité de la jeunesse républicaine et du Parti ouvrier de Guadeloupe, il créa le journal "Le Peuple en 1891" où il a signé des textes de première importance comme « Grands blancs, grands mulâtres, grands nègres », ou « Nègres en avant ».

Ce Parti étant le premier parti à défendre les ouvriers et les noirs, devient très vite populaire.



Hégésippe Jean Légitimus entra à l'Assemblée Nationale en tant que député de la Guadeloupe en 1898, devint président du conseil général en 1899, et fut élu maire de Pointe-à-Pitre en 1904. Le nouveau régime incarné par Hégésippe Jean Légitimus s'attaqua au quasi-monopole des mulâtres dans la vie politique locale et qui agissaient au détriment des Noirs. Mais, pour des raisons économiques, Légitimus fut contraint à passer un accord avec les industriels, l'alliance capital travail, ce qui lui valut de nombreuses critiques.

On le considéra pourtant pendant un quart de siècle comme le porte parole du monde noir, le surnommant « le Jaurès noir ». En ouvrant les portes de l'instruction secondaire et supérieure à ses frères de couleurs et en soutenant la carrière politique de Gaston Monnerville et Félix Éboué, il favorisa activement l'émancipation sociale et politique du monde noir.

Sur la proposition du Général de Gaulle, Président du conseil et sous la responsabilité de Jean Sainteny, délégué du gouvernement, membre du conseil constitutionnel, sa dépouille mortelle fut ramenée à la Guadeloupe ou il eut des obsèques nationales. Il était Chevalier de la Légion d'honneur.

Plusieurs rues et boulevards de Guadeloupe portent actuellement son nom au Lamentin, Petit-Canal, Saint-Louis de Marie-Galante, Les Abymes et Pointe-à-Pitre. Sur le boulevard principal de cette ville, un buste perpétue le souvenir de ce premier député noir.

Lors de la commémoration du cent cinquantenaire de l'abolition de l'esclavage, en mai 1998, plusieurs plaques commémoratives ont été inaugurées à son souvenir, devant plus de cinquante de ses descendants, commémoration présidée par Gésip Légitimus, petit-fils de cet homme d'exception, qui a su à sa manière reprendre le flambeau par son combat et son travail dans le monde de l'audiovisuel.

Son fils Victor Etienne Légitimus, journaliste, époux de la comédienne Darling Légitimus, avait créé la « Solidarité antillaise » afin de défendre les intérêts de ses compatriotes et en participant activement à la création du MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples), et de la LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme).