Guillaume Cliton

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Guillaume de Normandie dit Guillaume Cliton (25 octobre 1102Alost, 28 juillet 1128), fut comte de Flandre de 1127 à 1128. Il revendiqua le duché de Normandie et le trône du Royaume d'Angleterre. Cliton est l'équivalent en latin médiéval du terme vieil anglais aetheling, qui servait à désigner les princes des familles royales qui étaient susceptibles d'accéder à la royauté.

Il était le fils du duc de Normandie Robert II Courteheuse (v. 10531134) et de Sybille de Conversano († 1103), petit-fils de Guillaume le Conquérant (v. 10271087) et de Mathilde de Flandre († 1083), elle-même fille du comte Baudouin V et d'Adèle de France. Il est cousin du comte Charles Ier de Flandre, son prédécesseur, mort assassiné, sans enfant.

[modifier] Le cours de sa vie

Après la défaite et la capture de son père par le roi d'Angleterre Henri Ier Beauclerc à la bataille de Tinchebray (28 septembre 1106), le jeune Guillaume est tombé entre les mains du roi, son oncle. Henri Ier en confie la garde au comte d'Arques, Hélias de Saint-Saens, qui a épousé une demi-sœur de Guillaume, une fille naturelle du duc Robert Courteheuse.

En août 1110, Henri Ier veut faire revenir Guillaume, mais avec la complicité d'Hélias, le jeune homme se réfugie à la cour de Baudouin VII de Flandre. Bientôt, les barons normands mécontents et les ennemis d'Henri Ier forment une coalition qui revendique le duché de Normandie pour Guillaume. Cette revendication sert de prétexte à deux rébellions normandes : la première, de 1112 à 1120, est soutenue par Louis VI de France, par Foulques V d'Anjou et par Baudouin VII de Flandre. Mais Baudouin meurt sur le champ de bataille. Louis et Foulques parviennent à un accord avec Henri, lui reconnaissant ses droits sur la Normandie.

Ses espoirs envolés, Guillaume Cliton rencontre Henri Ier en octobre 1119, pour lui demander de libérer son père, promettant que tous deux lui feraient allégeance. Doutant de sa parole, Henri refuse.

En 1122 ou 1123, Guillaume se marie avec Sibylle d'Anjou, une des filles de Foulques V, et reçoit le comté du Maine. Louis VI et Foulques sont de nouveau prêts à attaquer la Normandie, même si le nouveau comte de Flandre, Charles le Bon, ne les soutient pas. Henri Ier déjoue leurs manœuvres, en demandant à son beau-fils, l'empereur Henri V, de harceler Louis VI sur le flanc est du royaume franc.

Henri V meurt en 1125 et Charles le Bon est assassiné le 2 mars 1127, tous deux sans héritiers directs. Guillaume, dont le premier mariage avec Sybille a été annulé en août 1124 par le pape, s'est remarié la même année avec Jeanne de Montferrat, demi-sœur d'Adèle de Savoie, l'épouse du roi Louis VI. Étant le petit-fils de Mathilde de Flandre et l'arrière-petit-fils de Baudouin V de Flandre, Guillaume revendique alors, avec la bénédiction de son beau-frère Louis VI, le comté de Flandre vacant.

En dépit des droits du comte Baudouin IV de Hainaut, et en présence des barons flamands rassemblés le 23 mars 1127 à Arras, Louis VI, en tant que suzerain, intervient et impose l'investiture du comté de Flandre à Guillaume. Le roi de France montre sa force en mettant le siège devant Lille puis, le 6 avril 1127, se rend à Bruges pour assister aux mutuelles prestations de serments du nouveau comte et de ses barons. Guillaume, en promettant notamment l’abolition du tonlieu et du cens, jure de respecter les lois et les privilèges des villes. C'est à ce moment là que Saint-Omer reçoit une charte communale.

Cependant la partie n’est pas jouée, puisque, outre Baudouin IV de Hainaut qui s’empare d’Audenarde, les prétendants au titre sont nombreux. On compte sur cette liste : le roi d’Angleterre Henri Ier Beauclerc (pour les mêmes raisons que son neveu!) ; Guillaume d'Ypres, petit-fils de Robert Ier de Flandre par les mâles, mais d’une branche naturelle ; Thierry d'Alsace, également petit-fils de Robert Ier de Flandre par sa mère Gertrude de Flandre ; Arnoul de Danemark, fils aîné de la sœur de Charles le Bon. Guillaume défait d’abord Arnoul de Danemark, retranché dans Saint-Omer ; puis, aidé de Louis VI, vainc Guillaume d’Ypres et Baudouin IV.

Son expérience militaire ne lui sert guère dans cette Flandre où la société change rapidement avec le développement de l'industrie de la laine. Guillaume Cliton se rend rapidement odieux à ses nouveaux sujets : non seulement il ne respecte ni ses engagements, ni même ses serments, mais en plus il lève de nouveaux impôts (sur les marchés) et de nouvelles redevances (sur les maisons), qu’il fait récolter par le violence. Sans doute le comte projette-t-il toujours de reconquérir la Normandie et agit-il classiquement en féodal. C’est sans compter sur la réaction des villes, de plus en plus florissantes, très soucieuses de leur liberté. Qui plus est, Guillaume ne donne pas les signes d’une vie chrétiennement irréprochable...

Des émeutes éclatent à Saint-Omer et à Lille, après l’arrestation le 1er août 1127 d’un de ses serfs sur la place de Lille en pleine foire (ce qui est interdit). Le 17 septembre suivant c'est la commune de Bruges qui gronde. Ces révoltes sont alors matées et le comte Guillaume exige une lourde amende. Mais il ne peut empêcher Gand et Bruges de reconnaître Thierry d’Alsace comme comte. En 1128, c’est toute la Flandre impériale qui se rallie au Lorrain, tout comme la majorité des barons de la Flandre royale, appuyés en sous-main par le roi Henri Ier d’Angleterre, qui exploite ces tensions. Louis VI fait lancer l’interdit sur la Flandre, excommunier Thierry d'Alsace, et assiège Lille où ce dernier s’est enfermé. Après avoir levé le siège de Lille le 21 mai 1128, Guillaume, appuyé par Godefroid le Barbu, remporte la victoire à Tielt ainsi qu’au château d’Oostkamp et encercle Thierry à Alost où l’a conduit sa fuite de Lille.
C’est là que le 27 juillet 1128, Guillaume est atteint d’un trait d’arbalète et meurt peu après. Il ne laisse aucun enfant et Thierry d'Alsace récupère la Flandre.

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Charles Ier de Flandre
Comte de Flandre
1127-1128
Thierry d'Alsace

[modifier] Bibliographie

  • Le meurtre de Charles le Bon, de Galbert de Bruges, traduit du latin par J. Gengoux, Fonds Mercator - Anvers, 1978. ISBN 90 6153 098 9