Guerre russo-turque de 1828-1829

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La neuvième guerre russo-turque se déroula de 1828 à 1829 lorsque la Russie décida de soutenir la révolte des Grecs contre l'Empire ottoman.

Guerre russo-turque de 1828-1829
Combats du 26 mai 1829
Combats du 26 mai 1829

Informations générales
Date 1828-1829
Lieu Moldavie-Valachie-Thrace-Arménie
Casus belli Dénonciation de la convention d'Akkerman par le sultan
Changements territoriaux Bouches du Danubes-Poti-Akhaltsikhe
Issue Traité d'Andrinople
Belligérants
Russie Russie Empire ottoman
Commandants
Nicolas Ier
Pierre Wittgenstein
Alexeï Greïg
Ivan Dibich
Forces en présence
92,000 150,000
Guerres russo-turques
Kulevicha


Sommaire

[modifier] Le soutien russe à la révolte grec

La Russie se voulait la protectrice naturelle des chrétiens orthodoxes des Balkans. Depuis 1815, des agents russes circulaient dans cet espace afin de fomenter la révolte. Une Société des Amis - désirant l'indépendance de la Grèce - s'était créée à Odessa. Elle était sous la protection de la Russie et avait le même objectif : fomenter la révolte afin d'obtenir une intervention militaire russe. Lorsque la révolte grecque éclate en 1821, la Russie reste sur ses gardes. Elle ne tient pas à une intervention isolée contre l'Empire ottoman. Ce n'est que lorsque le Royaume-Uni se montre bien disposé à l'égard d'une délégation grecque venu lui demander de l'aide que la Russie change d'attitude afin de ne pas laisser l'initiative au Royaume-Uni.

Alexandre Ier propose la tenue d'un congrès en janvier 1824 afin de proposer la partition de la Grèce en trois, chacune des région bénéficiant d'une autonomie sur le modèle des principautés danubiennes. Toutes les grandes puissances s'opposent à ce plan. La mort d'Alexandre et l'avènement de Nicolas Ier change la donne dans la conflit. Ce dernier adresse un ultimatum à l'Empire ottoman le 16 mars 1826 lui enjoignant de respecter la clause VIII du traité de Bucarest. Le sultan s'incline et en octobre est conclue la convention d'Akkerman par laquelle la Moldavie, la Valachie et la Serbie sont placées sous la protection du tsar.

Le Royaume-Uni avait tenté un rapprochement avec la Russie mais avec cet élargissement de la zone d'influence russe, Canning persuade Charles X de se joindre à eux. En juillet 1827, les trois puissances signent le traité de Londres par lequel ils envisagent la création d'un État grec autonome dans le cadre de l'Empire ottoman. Le 20 octobre 1827, la flotte ottomane est détruite dans la baie de Navarin par une flotte anglo-franco-russe. Cette destruction provoque la colère du nouveau ministre des Affaires étrangères britannique, le duc de Wellington, qui adopte une attitude menaçante vis-à-vis de la Russie. Cela pousse la sultan à dénoncer la convention d'Akkerman. Le 26 avril 1828, le tsar déclare la guerre à l'Empire ottoman.

[modifier] L'avance russe dans les provinces danubiennes et en Arménie

Au déclenchement des hostilités, l'armée russe comptait 92 000 hommes, et l'armée ottomane 150 000. En juin 1828, le gros des troupes russes, commandées par l'empereur Nicolas Ier, traversent le Danube et pénètrent dans la Dobroudja. Auparavant, le général en chef de l'armée russe, le prince Pierre Wittgenstein, était entré en Valachie et s'était emparé de Brăila et Bucarest sans difficulté.

Les Russes mettent ensuite le siège devant trois villes importantes de Bulgarie : Choumen, Varna et Silistra. Avec l'aide de la flotte de la mer Noire, commandée par Alexeï Greig, Varna tombe le 29 septembre. La siège se révèle plus problématique, la garnison ottomane étant supérieure en nombre aux assaillants ; de plus, les Ottomans parviennent à couper les Russes de leurs bases, ce qui entraîne une disette et contribue au déclenchement d'épidémies dans leur troupes. Sur toute la durée de la guerre, les maladies font plus de victimes que les combats.

L'hiver approchant, l'armée russe doit abandonner le siège de Choumen, celui de Silistra, et se retirer en Bessarabie. En février 1829, Wittgenstein, jugé trop pusillanime par l'empereur, est remplacé par Ivan Dibich, tandis que Nicolas Ier part pour Saint-Pétersbourg. Le 7 mai, Dibich traverse le Danube avec 60 000 hommes et remet le siège devant Silistra. Le Sultan envoie 40 000 hommes au secours de Varna, mais cette armée est mise en déroute par Dibich lors de la bataille de Kulevicha, le 30 mai. Au bout de quelques semaines, Silistra tombe aux mains des Russes le 19 juin. Dans le même temps, sur le front du Caucase, Ivan Paskevich prend Akhaltsikhe, Erevan, Kars, puis Erzeroum le 27 juin.

[modifier] Les Russes menacent Istanbul

Le 2 juillet, Dibich lance une offensive à travers les Balkans, la première dans l'histoire militaire russe depuis les campagnes de Sviatoslav Ier au Xe siècle. 35 000 hommes peuvent ainsi contourner Choumen et marcher sur Istanbul. Bourgas tombe le 12 juillet. Le 28 août, Dibich est à soixante-huit kilomètres d'Istanbul, ce qui déclenche une panique dans les rues de la capitale.

[modifier] Le traité d'Andrinople

Le sultan se voit alors contraint de demander la paix, qui est conclue à Edirne le 14 septembre 1829. Par le traité d'Edirne, aussi appelé traité d'Andrinople, la Russie obtient le littoral oriental de la mer Noire et les bouches du Danube. La Turquie reconnaît la souveraineté russe sur la Géorgie et une partie de l'Arménie. La Serbie obtient l'autonomie, et la Russie est autorisée à occuper la Moldavie et la Valachie, comme garantie pour le paiement des lourdes indemnités de guerres que se voit imposer la Turquie. La question des détroits n'est réglée que quatre ans plus tard, par le traité d'Hünkâr İskelesi.

[modifier] Bibliographie

  • Georges Castellan, Hisoire des Balkans, XIV-XXe siècle, Fayard, Paris, 1991 (ISBN 2702834922)