Guerre arméno-turque

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La Guerre arméno-turque (aussi appelée Guerre turco-arménienne) (en turc : Türk-Ermeni Cephesi), est un conflit entre la République d'Arménie et les révolutionnaires du mouvement national turc. Elle a lieu entre le 23 septembre[1] et le 2 décembre 1920 et se déroule principalement à l'est du territoire turc et au nord-ouest du pays arménien.

Sommaire

[modifier] Anamnèse

Les Arméniens sont un peuple du sud-Caucase (appelé aussi Transcaucasie). Après le génocide de 1915-1916, avec pour résultat l'Arménie occidentale quasiment vidée de sa population arménienne, l'Arménie orientale, sous joug russe, prend son indépendance de manière très éphémère, de 1918 à 1920. Par le Traité de Brest-Litovsk en 1918, les Bolcheviks abandonnent Kars, Ardahan et Bakou aux Turcs. La même année, l'armée turque envahit l'Arménie, offensive pendant laquelle la Bataille de Sardarapat est remportée par les Arméniens[2]. La Turquie reconnaît l'indépendance arménienne par le traité de Batoum le 4 juin 1918.

Le 10 août 1920, le traité de Sèvres définit les frontières de l'Arménie et lui attribue notamment les régions de Van et Bitlis[3]. Mais les Turcs ne veulent pas céder ces régions jusqu'alors incluses dans l'empire ottoman et habitées également par quelques populations Turques. Dès lors, Mustafa Kemal Atatürk organise une offensive contre l'Arménie pour reprendre ces terres et c'est la guerre.

[modifier] Déroulement

Le général Karabékir.
Le général Karabékir.

L'assaut est donné sur l'ordre de Mustafa Kemal le 23 septembre 1920. L'Arménie, stupéfaite, déclare la mobilisation générale, mais l'armée ne compte que quelques dizaines de milliers d'hommes face aux Turcs, à peu près en même nombre[3]. Ces derniers bénéficient cependant de meilleurs conditions matérielles et physiques, alors que l'hiver approche. L'armée turque est dirigée par le général Karabékir, l'armée arménienne par le général Nazarbékian.

Après une bataille désastreuse pour les Arméniens à Kars, la ville passe aux mains des Turcs le 30 octobre[3]. Près de Sourmalou, les Arméniens, gouvernés par le chef militaire Dro, résistent mieux. Gyumri, alors appelée Alexandropol, est investie par les armées de Mustafa Kémal le 7 novembre[3] ; la progression des Turcs est très rapide et la résistance arménienne quasi-inexistante.

Les armées kémalistes font signer un armistice à Ohadjanian mais les Arméniens ripostent une dernière fois et tentent vainement une contre-attaque. Le 18 novembre 1920, un nouvel armistice est signé[3]. L'Arménie a perdu la guerre.

[modifier] Réactions internationales et traité d'Alexandropol

Les pointillés représentent les frontières établies par le traité de Kars en 1921.
Les pointillés représentent les frontières établies par le traité de Kars en 1921.

Face aux évènements, la Géorgie voisine reste neutre. Un bon nombre de grandes puissances n'intervient pas dans le conflit. L'Arménie recherche alors un soutien russe[4], mais elle devra accepter un compromis : se soviétiser. Par ailleurs, la Russie, grâce à l'accord Legrant-Chant du 28 octobre, gardera un œil sur les problèmes et la frontière arméno-turcs[3].

En cette fin d'année 1920, l'Arménie, encore indépendante, mais proche des Russes, connaît une période difficile et le traité de Sèvres semble bien loin. La paix n'est pas encore totalement acquise. Les Arméniens, plutôt rassurés par la "protection" de Moscou, voient cependant leur indépendance s'évanouir au profit de la soviétisation[5].

Finalement, le 2 décembre 1920, après des négociations entre l'Arménie et la Turquie, le traité d'Alexandropol est signé et un accord entre Arméniens et Soviétiques définit l'Arménie comme une « république socialiste soviétique ». Les Arméniens perdent effectivement à Alexandropol les territoires qu'ils avaient acquis par le traité de Sèvres, dont la région de Bitlis[6]. Le même jour, les Bolcheviks font leur entrée dans Erevan[3]. Désormais, le sort est scellé pour les Arméniens, qui se retrouvent bientôt dans l'orbite soviétique. Enfin, c'est avec le traité de Kars en 1921 que sont définitivement perdues les régions de Kars et Ardahan (anciennes zones de guerre), fixant ainsi clairement la limite entre territoires « russes » et territoires turcs[7].

[modifier] L'après-guerre

L'Arménie est intégrée dans la République soviétique de Transcaucasie de 1922 à 1936 puis devient officiellement « République socialiste soviétique d'Arménie » (RSSA) jusqu'en 1991, date de l'indépendance du pays[8].

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Anahide Ter-Minassian, 1918-1920, la République d'Arménie, éditions complexe, collection histoire.
  2. Yves Ternon, Empire ottoman, le déclin, la chute, l'effacement, éditions du Félin.
  3. abcdefg Anahide Ter-Minassian, 1918-1920, la République d'Arménie, éditions complexe, collection histoire.
  4. Les Russes semblent également surpris par les évènements. Source : Anahide Ter-Minassian, 1918-1920, la République d'Arménie, éditions complexe, collection histoire.
  5. Hrand Pasdermadjian, Histoire de l'Arménie, des origines jusqu'au traité de Lausanne, éditions Libraire Orientale H. Samuelian.
  6. S. la direction de Gérard Dédéyan, Histoire du peuple arménien, éditions Fayard.
  7. Voir aussi Première République d'Arménie
  8. Voir aussi Histoire de l'Arménie : le régime soviétique

[modifier] Bibliographie

  • Anahide Ter-Minassian, 1918-1920, la République d'Arménie, éditions complexe, collection histoire.
  • Yves Ternon, Empire ottoman, le déclin, la chute, l'effacement, éditions du félin.
  • Vahakn Dadrian, Histoire du génocide arménien, éditions du Stock.
  • S. La direction de Gérard Dédéyan, Histoire du peuple arménien, éditions Fayard.