Gilles de Trèves

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Blason des Treves : "D'or, à un giron de gueules (d'autres étant un triangle) accompagné de trois croissants d'azur, deux en chef et un en une pointe".
Blason des Treves : "D'or, à un giron de gueules (d'autres étant un triangle) accompagné de trois croissants d'azur, deux en chef et un en une pointe".

Gilles de Trèves est né en 1515 à Bar-le-Duc et mort le 1er février 1582 à Bar-le-Duc

Gilles de Trèves, doyen de Saint Maxe, fait construire à Bar-le-Duc, un collège qui portera son nom. Seigneur de Ville-sur-Saulx, il y fait bâtir le château et aménager son parc sur les bords de la Saulx. Gilles est au dire de Montaigne un homme bon de mœurs austère, c'est aussi un homme cultivé, licencié en droit, garde des Sceaux et homme de confiance des ducs de Lorraine à Bar-le-Duc.

Sommaire

[modifier] Sa famille

Son père est attaché au service du duc Antoine de Lorraine.
Son père est attaché au service du duc Antoine de Lorraine.

Son père, Pierre de Trèves (1485-1540), d’origines angevines, est venu à Bar-le-Duc avec René d'Anjou. Ce Tresves, ou selon les registres Tryeves est seigneur de Vinamont, de Tamonnont, de Vaudesnay, de Saint-Firmin et de Xirocourt. Il est le tailleur et le valet de chambre de son altesse le duc Antoine de Lorraine. Il est et anobli le 13 octobre 1509, par lettres patentes[1]. Sa mère, Barbe de Véel (1495-1546) est d’une vieille famille du Barrois. Ils sont inhumés en l'église Saint Maxe de Bar-le-Duc.

Gilles de Trèves a deux sœurs et un frère :

  • Noble demoiselle, Catherine de Trèves (1515-1581), est dame dame de Xirocourt et la femme de Claude Le Clerc (1485-1562), seigneur de Pulligny, Ceintrey, Voinémont, Malaucout, Chamagne, Érize et Saint-Dizier, avec qui elle vit en 1557. Elle est la grand-mère entre autres de Jean Le Clerc. Ils sont inhumés dans la chapelle de Sainte-Croix, qu'ils ont fondée dans la basilique Saint-Epvre de Nancy. Ses nièces sont mariées aux comtes de Lescut. Ses neveux sont l’un, surintendant des finances et l’autre, secrétaire de la princesse de Tarente. Mais cette génération de Le Clerc va être tentée ou même pour certains membres se convertir au protestantisme.
  • Gilles préfère son autre sœur, Marie de Trèves, dame de Ville-sur-Saulx. Le doyen Gilles fait construire le château de Ville-sur-Saulx, qu'il donne à sa sœur lors de son mariage avec Gaspard de Beurges. Le marié est le fils d’un clerc d’office de l’Hôtel du roi René d’Anjou. Sa tante est mariée au comte du Saint Empire Romain Germanique, Jean III de Lescut, qui se remarie avec Barbe Le Clerc, fille de Catherine de Trèves et de Claude Le Clerc. Ils achètent un hôtel particulier à Bar-le-Duc en 1549[2]. Le mari de Marie de Trèves est le cousin issu de germain de Marguerite-Philippe du Cambout, femme d’Henri de Lorraine-Harcourt, et de Marie du Cambout, femmes de Bernard de Nogaret de La Valette d'Épernon, les nièces du cardinal de Richelieu. Gaspard de Beurges est auditeur en la Chambre des comptes de Nancy. Les trois autres neveux de Gilles de Trèves sont Présidents de la Chambre des Comptes de Bar et conseiller en la cour du Parlement de Paris.
  • Jean de Trèves, valet de chambre du duc de Lorraine[3]. Un don viager de Wautrin Errard, parent de Jean Errard, de Bar, lui est confisqué par le duc comme fief de danger pour non présentation d'hommage en temps utile (29 novembre 1546). Mais il confirme l'acquisition du fief de Cumières en 1548[4]. Il reprend le fief de la seigneurie de Xirocourt le 27 mars 1550.

[modifier] Biographie

La ville haute de Bar-le-Duc.
La ville haute de Bar-le-Duc.

[modifier] Saint-Maxe

Gilles de Trèves a été chanoine en 1537 à la collégiale Saint-Maxe, puis en 1540 il en devient le doyen du chapitre. En 1555, Gilles de Trèves, fait bâtir une chapelle où l'on trouve des morceaux de sculpture, qui ne cèdent en rien à ceux de la plus vénérable antiquité. On y voit entre autres les quatre évangélistes, et les quatre pères de l'église latine, qu'on ne saurait assez estimer ; toutes ces pièces sont de la même main et de la même pierre, que le squelette merveilleux dont on a parlé. Au-dessus de la corniche qui règne aux deux côtés de la même chapelle, il fait placer les douze apôtres qui sont d'une terre cuite ; mais avec des attitudes et des traits si finis et si naturels, que les images de cire ne pourraient pas être plus délicates. Le doyen de saint Maxe est curé de celle paroisse, où des princes reçoivent le baptême et sont enterrés. Les chanoines de cette église doivent être nobles et docteurs. Le souverain est collateur de plein droit de tous les canonicats ; le doyen est électif et confirmé par l'ordinaire, comme ayant curam animarum. Le prince est en possession lors de l'élection, de recommander au chapitre un ou deux sujets[5].

La Chapelle Collatérale des Princes, ou de Gilles de Treves, Doyen de S. Maxe, eft très ornée de fculpture & d'architecture, écrira Piganiol de La Force[6].

[modifier] Le collège

Charles III (1600-1602)
Charles III (1600-1602)

Le Gilles de Trèves veut arrêter l'expansion du protestantisme. Pour cela il crée un collège permettant à la noblesse d'estre instruite et enseignée en toutes mœurs et littératures à Bar. Charles III reprend pour son propre compte les projets de Nicolas Psaume, et avec le cardinal de Lorraine, administrateur-perpétuel de l'évêché de Metz et légat du Saint-Siège dans les duchés de Lorraine et de Bar accordent le 12 janvier 1571 des lettres-patentes qui autorisent l'établissement de ce collège [7]. Le duc fait construire une grande maison à la place de la maison de Fains.

La construction du collège dure de 1573 à 1575. Antoine Gratas en est le maître d'œuvre. C'est un imposant quadrilatère d'édifices. Sa cour intérieure ne gardera que deux galeries à balcons desservant l'étage supérieur. Elles reposent sur des piliers cannelés à chapiteaux, les balustrades en pierre sont très découpées et des cartouches ornent les murs. Certaines fenêtres ont conservé leurs meneaux. On accède dans la cour intérieure par un couloir voûté aux caissons sculptés dans lequel on peut lire ces vers en latin : Stet domus hoec donec fluctus formica marinos ebibat, et totum testudo perambulet orbem ![8].

Le 17 avril 1578 dans son premier testament Gilles de Trèves fait référence au collège.

Michel de Montaigne, en septembre 1580, de passage à Bar écrit : Gilles de Trèves a bâti et tantost achevé de meubler la plus belle maison de la ville qui soit aussi en France, de la plus belle structure ; la mieux compassée, étoffée et la plus labourée d'ouvrages et d'enrichissements et la plus logeable : de quoy il veut faire un collège, et est après à le doter et mettre en train à ses despens.

Le 13 janvier 1581, premier codicille au testament de Gilles de Trèves. Pour la première fois la maison qu'il a fait construire est désignée comme Collège de Trèves. Il fait don de revenus sur différentes salines pour assurer le fonctionnement du collège.

[modifier] Ville-sur-Saulx

Gilles de Trèves est seigneur de Cummenières et Xirocourt. Il achète la terre de Ville-sur-Saulx. Trèves possède selon Michel de Montaigne une grande fortune et aide maint fois de ses deniers le duc Antoine de Lorraine... Mais s’il est papetier, le plus ancien papetier de Lorraine, les moulins à papier situés sur ses terres appartiennent aux ducs de Bar[9].

Disposant de revenus sur différentes salines, il fait construire le château en 1533 et aménager son parc sur les bords de la Saulx. C'est une bâtisse carrée au toit d'ardoises, de 20 mètres de côté, avec des échauguettes, des fenêtres alignées, et dont l'architecte présumé est Ligier Richier (1500-1567). Des encadrés sur les caractéristiques de la Renaissance dans l'architecture du château et le mascaron au fronton de la porte de la façade principale, représentant Sylvanus, le dieu romain des forêts, précisent et facilitent la lecture du bâtiment. Gilles de Trèves a fait fortune en exploitant les carrières de la Saulx, la pierre de Saint-Dizier. Le château est construit avec cette pierre.

Gilles de Trèves est un passionné de botanique, plantant dans son parc des essences exogènes comme l'if. Cet enrichissement arboré se poursuivra au cours des différents propriétaires au fil des siècles. Utilisant les méandres de la rivière, Gilles de Trèves, lorsqu’il organise ce jardin, sait conserver l’aspect primitif de la nature tout en domestiquant celle-ci.

[modifier] Sa mort

Le 1er février 1582 meurt Gilles de Trèves. Il laisse une partie importante de son héritage aux pauvres. Son enterrement est suivi par tous les ecclésiastiques de la région et il est inhumé en lachapelle qu’il a aménagé à Saint-Maxe.

Le collège s'est ouvert dix jours après la mort de son fondateur. A partir du XVIe siècle, Bar-le-Duc sera une ville exclusivement catholique. Son collège, le collège Gilles de Trèves sera important dans la lutte contre la Réforme.

A la mort de Gilles de Trèves, Marie, sa sœur cadette hérite d’une grande partie de ses biens. La famille de Paul Claudel fera l’acquisition en 1893 de son château.

[modifier] Notes et références de l'article

  1. Fol. 276, registre 1506, 1509 et Dumast "Chambres des comptes du duché de Bar" 4 ii 06.
  2. Aux numéros 37 à 39 de la rue des Ducs.
  3. Le château et les seigneurs de Bourlemont, de Georges Poull, p.43.
  4. Inventaire-sommaire des Archives départementales antérieures à 1790, de Étienne Delcambre, p.85.
  5. Notice de la Lorraine / August Calmet, p.77.
  6. Nouveau voyage de France : avec un itinéraire, et des cartes faites exprès, qui marquent exactement les routes qu'il faut suivre pour voyager dans toutes les provinces de ce royaume ... : Piganiol de La Force, Jean-Aymar (1673-1753), p.107.
  7. On peut les voir dans Rogéville, ibid., p. 338-341 ; v. aussi au Très. des ch., layette Fondation et Histoire de Lorraine, De Auguste Digot, p.211.
  8. Traduction : "Que cette maison reste debout jusqu'à ce que la fourmi ait bu les flots de la mer et que la tortue ait fait le tour du monde"
  9. Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de Bar-le-Duc

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens et documents externes