Germinal (roman)

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Germinal

Illustration de Germinal

Auteur Émile Zola
Genre Roman
Pays d’origine France France
Éditeur Gil Blas
Date de parution 1884
Type de média Magazine
Illustration : Annonce de la parution de Germinal dans le magazine Gil Blas du 25 novembre 1884.

Germinal est un roman d'Émile Zola, le treizième de la série Les Rougon-Macquart et peut-être le plus célèbre. Il est publié d'abord sous forme de feuilleton dans le magazine Gil Blas entre novembre 1884 et février 1885, puis en volume au mois de mars de la même année. L'action se déroule dans le bassin houiller du nord de la France, lors d'une grève provoquée par la réduction des salaires. Outre les aspects techniques de l'extraction minière et les conditions de vie dans les corons, Zola y dépeint les débuts de l'organisation politique et syndicale de la classe ouvrière ainsi que ses divisions entre marxistes et anarchistes.

Le roman prémonitoire a précédé de vingt ans la catastrophe de Courrières, lors de laquelle 1099 mineurs trouvèrent la mort.

En 1884, Emile Zola a visité la mine de la Compagnie des mines d'Anzin, première compagnie minière de son époque, afin d'écrire son roman. Le personnage de Lantier pourrait avoir été inspiré de la figure, réelle, d'Emile Basly.

Sommaire

[modifier] Personnages

Étienne Lantier : Personnage principal dans le roman. Herscheur, puis haveur au Voreux; devient le chef de la grève. Après la défaite, et l'inondation du puits, quitte la mine et s'en va à Paris.

Toussaint Maheu : Fils du vieux Bonnemort, époux de la Maheude, haveur au Voreux. Tué par la troupe à la fin de la grève.

La Maheude : Femme de Toussaint Maheu. Acharnée à ne pas faiblir pendant la grève. Après la mort de son mari et de ses enfants Alzire, Catherine et Zacharie, redescendra à la mine pour nourrir les quatre enfants qui lui restent.

Catherine Maheu : Deuxième enfant des Maheu; herscheuse au Voreux. Devient la maîtresse de Chaval, tout en aimant Étienne Lantier. Elle se donne à celui-ci, avant de mourir, au fond de la mine inondée.

Nicolas Maheu : Grand-père de Toussaint Maheu.

Bonnemort : De son vrai nom, Vincent Maheu, père de Toussaint Maheu, a cinquante-huit ans. Ancien haveur, a fait tous les postes dans la mine en cinquante ans de travail, devenu charretier à la fosse du Voreux. Atteint d'une bronchite chronique qui lui fait cracher une boue de charbon (maladie plus tard dénommée silicose). Ayant perdu la raison, après la tuerie du Voreux, étrangle Cécile Grégoire. Le surnom de Bonnemort lui a été donné pour rire car il a failli être tué 3 fois dans la mine (citation, 1ère partie de Germinal, chapitre premier: "On m'a retiré trois fois de là-dedans en morceaux, une fois avec le poil roussi, une autre avec de la terre jusque dans le gésier, une troisième avec le ventre gonflé d'eau comme une grenouille... Alors, quand ils ont vu que je ne voulais pas crever, ils m'ont appelé Bonnemort pour rire.")

Zacharie Maheu : Fils aîné des Maheu; vingt et un ans. Amant puis époux de Philomène Levaque. Meurt dans une explosion de grisou, en travaillant au sauvetage de sa sœur et d'Étienne.

Jeanlin Maheu : Troisième enfant des Maheu; onze ans, vicieux et malfaisant. Reste boiteux à la suite d'un éboulement dans la mine. Tue le petit soldat Jules.

Alzire Maheu : Quatrième enfant des Maheu, petite bossue de neuf ans ; meurt de froid et de faim pendant la grève.

Lénore Maheu : Cinquième enfant des Maheu; six ans.

Henri Maheu : Sixième enfant des Maheu; quatre ans.

Estelle Maheu : Septième enfant des Maheu; trois mois.

Guillaume Maheu : Bisaïeul de Toussaint Maheu.

Antoine Chaval : Amant de Catherine, et rival d'Etienne. Il est un ouvrier brutal. Chaval brisera la grève, puis sera humilié par les mineurs. Il meurt pendant l'inondation de la mine, tué par Etienne après l'avoir provoqué.

Souvarine : Réfugié nihiliste et anarchiste russe. C'est lui qui commettra l'attentat dans le Voreux. Il qualifie la grève de « bêtise » et préconise de «  tout raser et tout reconstruire ».

[modifier] Résumé du roman

s:

Germinal est disponible sur Wikisource.

Le héros est Étienne Lantier, fils de Gervaise Macquart et d'Auguste Lantier (voir L'Assommoir). Comme la plupart des membres de la branche Macquart, il a hérité d'une folie discernable dans son regard, qui peut tourner à la violence meurtrière sous l'effet de la boisson ou de la colère. Chassé d'un atelier de chemin de fer à Lille pour avoir giflé un de ses supérieurs (après avoir bu), il arrive un soir à Montsou, situé dans le bassin minier du Pas-de-Calais (localisé à quelques kilomètres au sud de Marchiennes), à la fosse du Voreux, où il sera embauché comme herscheur (celui qui pousse les berlines) grâce à Maheu, qui se prend d'amitié pour lui. Ouvrier irréprochable, Étienne se passionne pour le socialisme. Il est en contact avec son ancien contremaître Pluchart, qui lui envoie des livres et des brochures qu'il lit avec avidité mais sans méthode; logé chez l'aubergiste Rasseneur, il a de longues conversations avec l'anarchiste Souvarine, partisan de l'action violente. Lorsque la grève éclate, il en est le leader tout désigné. Elle dure plusieurs semaines sans que rien ne se passe puis en un jour, bascule dans l'anarchie. Étienne portera ainsi cette grève du début, jusqu'à son échec final, qui lui sera reproché par les autres mineurs.

Le roman est en même temps une histoire d'amour à la fin tragique. Étienne s'est épris de Catherine, fille des Maheu, un sentiment réciproque. Celle-ci est néanmoins possédée (violée), malgré son jeune âge (quinze ans) par Chaval, un homme brutal et jaloux. Après l'échec de la grève, et alors que le travail a repris, Souvarine sabote le cuvelage du puits du Voreux qui finit par s'effondrer, provoquant une inondation de toute la mine, où Étienne et Catherine se retrouvent enfermés avec Chaval. Dans un accès de folie, Étienne fracasse le crâne de Chaval. Leur amour se retrouve libéré de toute contrainte, mais Catherine, agonisante, s'éteint peu après, dans les boyaux de la mine.

Le roman se termine par une note d'espoir justifiant le titre que lui a donné Zola : de même que les graines germent pour donner le blé et les autres plantes nourricières, la révolte des mineurs porte en germe d'autres luttes, plus vastes, qui changeront un jour le monde :

« Des hommes poussaient, une armée noire, vengeresse, qui germait lentement dans les sillons, grandissant pour les récoltes du siècle futur, et dont la germination allait faire bientôt éclater la terre. »

[modifier] Sur ce thème

La « légendaire solidarité des mineurs », entre silicose et coups de grisou, se manifeste dans les mobilisations d'Anzin (1884) et de Courrières (1906).

La dernière mine de charbon du Nord-Pas-de-Calais a fermé le 21 décembre 1990 à Oignies (fosse 9/9 bis). La dernière mine de charbon en France à Creutzwald en Lorraine a fermé le 23 avril 2004.

[modifier] Adaptations

[modifier] Au théâtre

Dès 1885, Zola et William Busnach mettent au point le scénario d'un drame en cinq actes tiré du roman. Mais ils se heurtent à la censure, et il faut attendre 1888 pour que la pièce soit jouée. Ce fut d'ailleurs un échec. Busnach retravaille le scénario, et par la suite la pièce connaît un grand succès, d'abord en banlieue parisienne, puis en Belgique et à Paris. D'autres adaptations ont été réalisées plus récemment, en particulier par Yaak Karsunke et Rainer Werner Fassbinder (1974).

[modifier] Au cinéma

Dès 1903 Germinal inspire un réalisateur français, Ferdinand Zecca, auteur de La Grève, film de 15 minutes. Deux ans plus tard, Lucien Nonguet réalise Au pays noir (1905), suivi en 1912 par Victorin Jasset (Au pays des ténèbres). Mais on retiendra surtout deux films :

[modifier] Bibliographie

  • Pierre Aubery, Quelques Sources du thème de l'action directe dans Germinal, Syracuse, Syracuse University,
  • Henri Mitterand, Index des personnages principaux

[modifier] Liens externes