Gaspard Decurtins

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Caspar (Gaspard) Decurtins, né le 23 novembre 1855 à Trun et mort le 30 mai 1916 à Trun, est une personnalité politique suisse, surnommé "le lion de Trun".

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Carrière politique

La carrière politique de Gaspard Decurtins commence à l'occasion du Landsgemeinde du 6 mai 1877. Alors qu'il n'a pas encore atteint l'âge légal pour exercer ses droits, il est proposé parmi les quelques 1300 électeurs, puis élu, au Grand Conseil (« Kreizpräsidium ») des Grisons.

En 1881, Johann Rudolf von Toggenburg le choisit comme successeur au Conseiller national. Decurtins prend ensuite la tête, au niveau cantonal puis fédéral, du parti catholique-conservateur (ancêtre de l'actuel Parti démocrate-chrétien suisse), auquel il donne une nouvelle direction, inspirée par son grand projet de réforme sociale catholique.

A l'assemblée fédérale, il soutient avec succès des mesures favorisant la protection sociales des personnes les plus démunies. Il s'engage en faveur du samedi après-midi libre, du repos dominical, pour la création d'un « secrétariat des travailleurs ». Mais il est en même temps farouchement opposé à la nationalisation ferroviaire, à l'établissement d'une banque nationale ainsi qu'à la subvention publique de l'école obligatoire, craignant l'ingérence de l'État dans les affaires scolaires.

Engagé radicalement dans le combat d'idées au nom de sa conception du monde, l'action politique de Decurtins s'inscrit résolument dans l'opposition au système dominant de l'époque. Cependant, lorsqu'il s'accorde avec eux sur des objectifs concrets, notamment dans le domaine social, il agit sans hésiter avec les socialistes et les libéraux : « La faim n'est ni catholique ni protestante », dit-il. Il est ainsi à l'origine, avec le conseiller national radical genevois Georges Favon, d'une motion qui exige l'adoption d'une loi internationale de protection des travailleurs. Cette attitude d'ouverture avec la gauche, qui contraste avec ses idées ultramontaines, lui vaut des critiques assez vives au sein de son propre parti.

Membre du Conseil d'administration du Chemin de fer rhétique de 1899 à 1902, il est alors également co-fondateur en 197 et membre du comité directeur du Syndicat des paysans suisses jusqu'en 1909

[modifier] Carrière universitaire

Après avoir quitté la politique en 1905, Decutins enseigne la sociologie catholique à l'université de Fribourg (chaire d’histoire culturelle, de 1905 à 1914). Il avait déjà joué un rôle majeur dans la création de l'université. A la demande du Conseiller d'État Georges Python, c'était notamment lui qui avait recruté les premiers professeurs.

Decurtins est également l'auteur de la Chrestomathie rétho-romanche.

[modifier] Précurseur du catholicisme social

Gaspard Decurtins est la cheville ouvrière de l'Union de Fribourg (Union sociale d'études catholique et économiques) réunie autour de Mgr Mermillod, dont les travaux sur la "question sociale" constituent un corpus théorique qui servira de base à la réflexion de Léon XIII pour la rédaction de Rerum Novarum[1]. Decurtins a contribué personnellement à l'élaboration les premiers schémas du texte[2].

En 1887, Decurtins est à l'orgine d'une initiative importante qui aboutira à la création de la l'Organisation internationale du travail (OIT). Il obtient en effet du Conseil fédéral la convocation d’une conférence diplomatique sur les questions du travail. Celle-ci se tient en 1890, à Berlin. Le Pape Paul VI rappellera le 10 juin 1969 à Genève, dans un discours à l'assemblée de l'OIT pour le 50e anniversaire de sa fondation "la féconde initiative du catholique Gaspard Decurtins, premier germe d’une Conférence internationale sur le travail"[3].

[modifier] Notes et références de l'article

  1. Spiritualité 2000 : L'union de Fribourg. L’internationale catholique de la question ouvrière
  2. Le Livre des Merveilles, Ed. Mame/Plon pp. 953-955
  3. À l'Assemblée de l'Organisation Internationale du Travail - Genève, 10 juin 1969

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens et documents externes