Gace de La Bigne

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Gace[1] de La Bigne[2] est un poète normand de la fin du XIVe siècle.

Gace de la Bigne était de l’ancienne famille des seigneurs de La Bigne dans le diocèse de Bayeux, et lui-même fournit son antique et noble origine, tant du côté paternel que du côté maternel :

Le poète est né de Normandie
De quatre costés de lignie
Qui moult ont aimez les oyseaux,
De ceux de la Bigne et d’Aigneaux
Et de Clinchamp et de Buron
Issit le prestre dont parlon.
Si ne doit nul se merveiller
Si les oyseaulx il a bien cher
Quant ainsi il est enclinez
Naturement de tous costez,
Car souvent choses engendrables
Engendrent choses resemblables.

Il révèle également qu’on lui inspira dès son enfance le goût de la chasse en l’y conduisant dès l’âge de neuf ans. Le temps de sa jeunesse étant passé, il fut ordonné prêtre par le cardinal évêque de Preneste qui le fit son chapelain. Il fut ensuite successivement celui des rois Philippe de Valois, Jean le Bon et Charles le Sage.

En sa qualité de premier chapelain du roi, Gace de La Bigne avait pour traitement un franc d’or par jour. Le roi Jean ayant arrêté la fondation d’une collégiale à Saint-Ouen près Paris, destina la place de Trésorier à Gace de La Bigne, et lui donna d’avance la jouissance de la terre de Lingèvres dans le canton de Balleroy qu’il avait destinée pour doter cette dignité.

Mais ce roi étant mort avant que la fondation eut été effectuée, Charles V, son fils, reprit la terre de Lingèvres, et donna en dédommagement à Gace de La Bigne une pension de deux cents francs d’or à prendre sur les revenus de la vicomté de Bayeux.

Fait prisonnier à la bataille de Poitiers, Jean le Bon emmena avec lui son premier chapelain. Gace de La Bigne ne quitta pas, pendant sa captivité à Hereford, le roi qui, aimant passionnément la chasse, n’était pas encore sorti de prison qu’il chargea, en 1359, Gace de composer, pour son fils Philippe de Bourgogne, âgé de quatre ans, le roman en vers des Déduits de la chasse, un traité de fauconnerie et de vénerie. La Bigne commença en Angleterre ce long ouvrage inclassable qu’il vint achever en France, après la mort du roi Jean, vers 1377. On y trouve des détails curieux et des anecdotes intéressantes sur la chasse décrite comme inculquant l’élégance aristocratique.

Le premier éditeur, Antoine Verard, mit en tête du volume (Paris, in-fol., sans date) l’ouvrage de Gaston Phebus sur les déduits de la chasse des bêtes sauvages avant celui de Gace de La Bigne et, pour faire attribuer plus facilement au premier les deux ouvrages réunis, il supprima les vers cités ci-dessus, dans lesquels La Bigne fait connaître son origine, et tous ceux qui renferment des détails sur les différentes circonstances de sa vie. La seconde édition de Jean Treperel (Paris, in-fol., sans date) et la troisième de Philippe-le-Noir (Paris, 1520, sont des copies de celle qu’Antoine Gérard avait altéré. Si quelques biographes ont, par ignorance, altéré le nom de l’auteur sur ces éditions, les éditeurs le supprimèrent, en revanche, avec mauvaise foi en publiant son ouvrage.

La famille de Gace de La Bigne a toujours été distinguée au service soit de l’État, soit de la république des lettres : Nicolas de la Bigne était en 1405 pannetier du dauphin, et grand maître des eaux et forêts de Normandie ; Marguerin de La Bigne, professeur en théologie, fut recteur de l’université de Caen en 1494, chanoine de Bayeux, curé de Rully et de Talevende ; il mourut en 1523 ; un second Marguerin de La Bigne, seigneur de Lambosne, mort en 1557, fut chanoine et official de Bayeux et abbé d’Ardenne ; enfin un troisième Marguerin de La Bigne, chanoine et scholastique de Bayeux, fut grand doyen du Mans, député aux États généraux de 1576-1577 et aux états de Normandie en 1591. C’est à lui qu’on doit la grande Bibliothèque des Pères et autres ouvrages intéressants.

[modifier] Notes

  1. Ou « Gaste » ou « Wace ». Le Nobiliaire de Normandie le nomme même « Gaston » (vol. 2, p. 573).
  2. Voire « Buigne ». Plusieurs auteurs ont même changé ce nom en « Vigne », voir « Des Vignes ».

[modifier] Source

  • Gervais de La Rue, Essais historiques sur les bardes, les jongleurs et les trouvères normands, p. 260-5.

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