Frontière entre la République populaire de Chine et la Russie

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Frontière entre la République populaire de Chine et la Russie
Caractéristiques
Délimite Drapeau de la République populaire de Chine Chine
Russie Russie
Longueur totale 4 250 km
Particularités deux morceaux
Historique
Création traités de 1858 et 1860
Tracé actuel 1991

La frontière terrestre entre la République populaire de Chine et la Russie ou frontière sino-russe sépare les territoires de la République populaire de Chine et ceux de la Fédération de Russie. La frontière sino-russe a été fermée et militarisée séparant deux régimes ennemis des années 1960 à la fin des années 1980[1].


Sommaire

[modifier] Description

La frontière sino-russe est la 6e plus longue frontière internationale du monde. Cependant, elle est constituée de deux morceaux distincts, l'un à l'ouest de la Mongolie, l'autre à l'est.

La frontière occidentale est la plus courte, puisqu'elle ne mesure que 55 km. Elle débute au tripoint Chine - Kazakhstan - Russie (49°10′N 87°49′E / 49.167, 87.817), dans la région de l'Altaï. Elle continue ensuite vers l'est le long de la ligne de crête jusqu'au tripoint occidental Chine - Mongolie - Russie (49°10′N 87°49′E / 49.167, 87.817).

La frontière orientale mesure quant à elle 4 195 km[1]. Sa véritable longueur n'a été connue qu'en 1999 après une campagne de mesure conjointe. Débutant au tripoint oriental Chine - Mongolie - Russie (49°51′N 116°41′E / 49.85, 116.683), elle se dirige globalement vers le nord-est, puis le sud-est le long de l'Amour et enfin le sud-ouest avant de rejoindre la frontière avec la Corée du Nord (42°25′N 130°36′E / 42.417, 130.6) sur le fleuve Tumen, quelque kilomètres seulement avant son embouchure dans l'océan Pacifique.

[modifier] Historique

La partie orientale de la frontière a été définie par deux traités : le traité d'Aïgoun en 1858, celui de Pékin en 1860[1]. La reprise du dialogue sino-russe dans les années 1980 a abouti à une renégociation du tracé frontalier et à un nouveau traité en 1991. Celui-ci a été contesté par les dirigeants locaux russes qui refusaient les concessions faites à la Chine. Pourtant le traité de 1991 n'a pas réglé tous les problèmes. Les Chinois revendiquent la souveraineté sur deux îles situées en amont du fleuve Argoun - les îles Bolshoï et Zabaïkalsk-, et sur deux autres à la confluence de l'Amour et de l'Oussouri - les îles Bolshoï Ussuriski et Tebarov[1].

A partir de 1982, la frontière s'est peu à peu ouverte permettant les premiers échanges commerciaux entre les deux pays. Entre 1988 et 1992, la valeur des échanges commerciaux entre le Heilongjiang et la Russie a été multipliée par trois. Durant la même période le nombre de travailleurs légaux chinois est passé de 1 286 à 18 905[1]. Dans la période suivante les échanges commerciaux ont diminué, les Russes se plaignant de la mauvaise qualité des produits chinois, augmentant les taxes sur les importations chinoises et restreignant la possibilité pour ces derniers de commercer dans l'Extrême-Orient russe. Le 16 juillet 2001 la Chine et la Russie ont signé un traité de bon voisinage, d'amitié et de coopération[2]. Le but est de développer des relations de voisinage stables et mutuellement bénéfiques. La base du partenariat sino-russe repose en partie sur l'opposition des deux pays à la politique internationale des Etats-Unis[1]. Le gouvernement chinois cherche aussi à développer les provinces du Heilongjiang et du Jilin, très enclavés et de sécuriser son approvisionnement en énergie. De plus, la Russie est un fournisseur d'armes important[1].

[modifier] Peuplement

L’intégration des territoires frontaliers par les deux empires a été tout à fait différente. Les plaines du nord-est de la Chine ont été rapidement peuplées et mises en valeur par des colons chinois dès le début du XIXe siècle. Par contre, le peuplement de l'Extrême-Orient russe par des colons venus de Russie d’Europe a été moins important et beaucoup plus long[1]. La différence entre les deux peuplements a donné naissance à une ligne de discontinuité de part et d’autre du fleuve Amour et de la rivière Oussouri: d'un côté 7 millions de Russes, de l'autre, plus de 60 millions de Chinois vivant dans les provinces frontalières du Jilin et du Heilongjiang[1].

[modifier] L'interface sino-russe

[modifier] Les migrations de population

Dans l’Extrême-Orient russe, on croise des Chinois sur les marchés où ils vendent des produits manufacturés venus de Chine, dans l'agriculture, sur des chantiers ou des briqueteries. Dans les entreprises, les employés chinois sont payés de 100 à 300 euros par mois, soit le triple du revenu d'un paysan à Heihe, de l'autre côté de la frontière. L’oblast de l'Amour a alloué aux Chinois de Heihe 42 000 hectares en 2007. dans cette région, les Russes ont 700 000 hectares en jachères et comptent en défricher 1,4 million[3]. Ceci ne peut pas se faire sans l'aide chinoise. Selon les estimations les plus répandues, le nombre de Chinois en Extrême-Orient serait de 40 000 à 200 000[4].

[modifier] Les échanges économiques

[modifier] La contrebande

L’ouverture frontalière a provoqué le développement de la contrebande. Elle concerne non seulement des produits utilisés dans la médecine traditionnelle chinoise, comme le ginseng, le tigre de Sibérie, le bois, le concombre de mer déshydraté, le caviar, les bois de rennes et de cerfs, mais aussi les armes, les drogues et les métaux non ferreux. Elle prend également la forme d'une pêche illégale dans les eaux fluviales du voisin. Elle rapporterait en moyenne trois millions de dollars par an[1].

[modifier] Les hydrocarbures

En 1999, la firme russe Ioukos a signé un accord avec la compagnie nationale chinoise de pétrole et de gaz. Elle s’engage à exporter dix millions de tonnes de pétrole en Chine d’ici 2005. A cet effet, un oléoduc a été construit entre la ville sibérienne de Tomsk, où se situent les gisements pétroliers, et la Chine. Un oléoduc entre Angarsk, située en Sibérie orientale, et Daqing, dans le Heilongjiang est en projet. Il permettra ainsi à la Chine de recevoir 20 millions de tonnes de pétrole par an durant la période 2005-2009, et 30 millions par an à partir de 2010[1].

[modifier] Régions frontalières

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références

  1. abcdefghijk Sébastien Colin, Le développement des relations frontalières entre la Chine et la Russie, études du CERI n°96, juillet 2003.
  2. Elizabeth Wishnick, « Les relations sino-russes dans le nouveau contexte international », Perspectives chinoises, n° 72, juillet-août 2002, p. 5
  3. Brice Pedroletti, Le Monde, 9 octobre 2007
  4. Combien y a-t-il de Chinois en Extrême-Orient russe ?, Le Monde, 9 octobre 2007

[modifier] Liens internes


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