Fonctionnalisme (architecture)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Fonctionnalisme.
La tour d’Helsinki (stade olympique) de Lindegren et Jäntti, construite en 1934-38
La tour d’Helsinki (stade olympique) de Lindegren et Jäntti, construite en 1934-38

Le Fonctionnalisme en architecture est un principe architectural selon lequel la forme des bâtiments doit être l'expression de leur usage. Cette formulation n’est pas si évidente qu’elle puisse paraître à première vue, et c’est matière à confusion et à controverses à l’intérieur de la profession, particulièrement en ce qui concerne le Mouvement moderne.

On peut faire remonter la préoccupation fonctionnaliste dans la construction à Vitruve et son triptyque où utilitas (qu’on pourrait traduire par commodité, confort ou utilité) au côté de venustas (beauté) et de firmitas (solidité), est l’un des trois piliers du programme classique de l’architecture.

Au début du XXe siècle, l’architecte chicagoain Louis Sullivan popularisa la phrase form follows function (la forme suit la fonction), résumant sa pensée suivant laquelle la taille d’un bâtiment, sa masse, sa grammaire spatiale et autres caractéristiques doivent dériver uniquement de la fonction du bâtiment. Ceci implique que si les aspects fonctionnels sont respectés, la beauté architecturale en découlera naturellement et nécessairement.
Au même moment en 1908 à Vienne, Adolf Loos publiait Ornament und Verbrechen (Ornement et Crime)[1] où il combattait l’ornementation au profit de la lecture claire de la fonction dans la forme d’un bâtiment, en opposition aux styles éclectiques et académiques du XIXe siècle plaqués sur les structures.

Cependant, le credo de Sullivan est profondément ironique au regard des ornementations compliquées et anti-fonctionnelles pour lesquelles il est connu. Cette profession de foi laisse aussi un doute sur la nature de la fonction considérée. Par exemple, l’architecte d’un immeuble de logement peut être en contradiction avec le propriétaire de l’immeuble quant à l’esthétique et l’image qu’il entend obtenir de son immeuble, et tout deux peuvent se trouver en porte-à-faux avec celle des futurs occupants. Malgré tout, la forme suit la fonction reste l’expression d’une idée majeure et durable.

Les origines de l’architecture moderne repose sur le travail de l’architecte français d’origine suisse Le Corbusier et de l’Allemand Ludwig Mies van der Rohe. Tout deux furent fonctionnalistes, ne serait-ce que dans la mesure où leurs bâtiments simplifiaient les styles précédents. En 1923, Mies van der Rohe travaillait à Weimar, en Allemagne. Il avait commencé sa carrière en produisant des structures à la simplification radicale et animées d’un amour du détail, accomplissant ainsi les vœux de Sullivan : la beauté était inhérente à une structure bien pensée. Le Corbusier, lui, faisant référence au logement, parla de « machines à habiter » dans son livre Vers une architecture, publié en 1923. Ce livre fut, et est encore, une référence dans la pensée architecturale, tout comme l’une de ses premières œuvres, la villa Savoye à Poissy, maison-manifeste du fonctionnalisme.

Depuis 70 ans, l’éminent et influent architecte américain Philip Johnson soutenait que la profession n’a aucune responsabilité fonctionnelle, et c’est ce qui prévaut aujourd’hui. La plupart des architectes occidentaux célèbres tels Frank Gehry, Steven Holl, Richard Meier et I.M. Pei se voient comme des artistes sans responsabilité envers leurs clients ou usagers. Leurs bâtiments sont de l’Art et ne peuvent prêter le flanc à la critique. La position de l’architecte postmoderne Peter Eisenman se base sur une théorie hostile à l’égard de l’usager et encore plus extrême : « Je ne fais pas de la fonction ». Le débat sur le fonctionnalisme et l’esthétique est souvent cadré selon eux par des choix multiples et exclusifs, quand en fait ils sont architectes, comme Will Bruder, James Polshek et Ken Yeang, qui essayent de satisfaire les trois principes vitruviens.