Postmodernisme (architecture)

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1000 de La Gauchetière, avec une ornementation soulignant une composition classique très marquée (une base, un corps et un chapiteau) contrastant avec la composition Moderne comme le Seagram Building où la Torre Picasso
1000 de La Gauchetière, avec une ornementation soulignant une composition classique très marquée (une base, un corps et un chapiteau) contrastant avec la composition Moderne comme le Seagram Building où la Torre Picasso

L' architecture postmoderne est devenue un moment de l'histoire de l'architecture internationale. À L'instar des architectes modernes s'inspirèrent des formes d'architecture conçues sans architecte par des ingénieurs (usines, silos à grain, paquebots), les architectes postmodernes s'inspirérent de l'« architecture sans ingénieurs » des villas hollywoodiennes ou populaires, des agencements commerciaux et des villes de loisirs de l'après guerre.

La postmodernisme en architecture est généralement caractérisée par le retour l’ornement et de la référence architecturale, en réponse au formalisme du Style international Moderniste. À partir des années 50, les formes et les espaces fonctionnalistes et formalistes du Mouvement moderne vont progressivement se diversifier et donner naissance à des tendances des esthétiques diverses: le brutalisme, l'architecture organique, le high-tech, et ceci de façon décomplexée : les styles s’entrechoquent, on adopte certaines formes pour elles-mêmes, des approches nouvelles quant à la façon de voir des styles ou les espaces familiers se multiplient. Mais le postmodernisme introduit une rupture radicale par rapport à ces évolutions du Style internationnal dans la mesure où il s'oppose aux dogmes du mouvement moderne, à savoir le fonctionnalisme et le refus de l'ornementation.

L'absorbtion du postmodernisme, considéré comme une simple évolution du style international, peut être illustrée par les Portland Building à Portland dans l’Oregon et surtout l'AT&T Building de Philip Johnson à New York (actuellement Sony Building), qui empruntent des éléments et les références venant du passé et réintroduisent la couleur ou le symbolisme, dans une architecture qui conserve tous les canons de l'architecture moderne: décontextualisation écologique, urbaine et historique, tramage uniforme, assemblage de composants standards, murs rideaux, toits-terrasses, orthogonalité, haute technologie, absence de hiérarchie et de symétrie dans la distribution et la composition, etc.

On a aussi décrit l’architecture Postmoderne comme « néo-éclectique », avec des références et des ornementations ayant réinvesti la façade, remplaçant en cela l’agressive nudité Moderne. Cet éclectisme est souvent combiné avec l’emploi d’angles non-orthogonaux, de surfaces gauches, comme par exemple la Neue Staatsgalerie à Stuttgart de James Stirling ou la Piazza d’Italia de Charles Willard Moore.

Les architectes Modernes considérèrent les bâtiments postmodernes comme vulgaires et surchargés. Les architectes postmodernes considèrent souvent les espaces Modernes comme fades et sans âme. Ces opinions divergentes trahissent en fait des finalités différentes : le Modernisme cherche une vérité dans l'utilité stricte et une intégrité constructive des matériaux, bannissant selon sa logique l’ornementation comme scorie du passé, passéiste donc inutile, aboutissant à un minimalisme ressenti comme harmonieux ; le Postmodernisme rejette les lois strictes édictées par les premiers papes Modernes et recherchent la joie de l’exubérance dans les techniques constructives juxtaposées en éclectisme, les angles moins convenus, les références stylistiques en clin d'œil, la profusion constituant la surprise, soit une certaine façon de rhétorique visuelle. Il emploie cette décoration dans une logique du collage : alors que la décoration au XIXe siècle résultait encore de la logique constructive et d'un travail, notamment de sculpture, sur les matériaux, elle est appliqué ici comme un signe surajouté : c'est la logique du "hangar décoré" défini par Robert Venturi dans "Learning from Las Vegas".

Sommaire

[modifier] Correspondances entre les styles précédents

Le quartier d'Antigone (Montpellier) avec Ricardo Bofill comme urbaniste et architecte
Le quartier d'Antigone (Montpellier) avec Ricardo Bofill comme urbaniste et architecte

Les nouvelles tendances deviennent évidentes dans le dernier quart du XXe siècle quand quelques architectes se détournèrent du fonctionnalisme moderne qu’ils considérèrent comme ennuyeux, à l'unisson d'une grande partie du public d'ailleurs. Ces architectes se tournèrent alors vers le passé. Ils firent des citations de parties de bâtiments anciens et les mélangèrent (parfois de façon assez malheureuse) pour créer une nouvelle manière de composer les bâtiments. Le plus saisissant dans cette nouvelle approche fut que le Postmodernisme vit le retour des colonnes et les éléments du vocabulaire pré-Moderne, parfois adaptés de modèles de la Grèce et de la Rome classiques (mais pas purement et simplement des reproductions comme ce qui avait été fait avec l’architecture néoclassique). Dans le Modernisme, les piliers en tant qu’éléments architecturaux de support de charge étaient plutôt remplacés par d’autres concepts techniques comme des porte-à-faux, ou encore étaient masqués en façade par les murs-rideaux. Le retour en grâce des piliers fut un choix esthétique plutôt qu’une nécessité technique, citations dans l'esprit des pilastres. Les immeubles Modernes de grande hauteur étaient devenus le plus souvent des monolithes, rejetant le concept d’empilement hétérogène d’éléments différents au profit d’un vocabulaire unitaire, du rez-de-chaussée jusqu’au dernier étage. Et parfois, dans les cas extrêmes, cette structure utilisa une section de base reproduite à l’identique d’étage en étage (sans effet d’effilement ni de degrés), donnant à voir que le bâtiment procédait de la seule extrusion, directement depuis le sol, d’un profilé posé là, impression renforcée par l’élimination de tout élément horizontal visible — c’était le cas du World Trade Center de Minoru Yamasaki.

Un autre retour fut celui de l’esprit, véhiculé par l’ornement et la référence qui étaient à l’œuvre dans les bâtiments des Beaux-Arts et Art déco, avec des façades décorées en céramique et des ornementations en bronze et acier inoxydable. Dans les structures Postmodernes, cela se résume souvent par le côtoiement de références contradictoires de styles empruntées à des bâtiments plus anciens, et aussi à des références à du style de mobilier classique en bois mais hors échelle et traité en matière plastique peinte ou en panneaux inox. Étonnamment ces bâtiments arrivent dans la plupart des cas à avoir un intérêt esthétique, par exemple par un effet de contraste avec le bâti qui les entoure. Cependant, comme avec toute nouveauté stylistique, cela prit un certain temps avant d’être accepté par la majorité du public.

Le Contextualisme, une façon de penser de la fin du XXe siècle, influença l’idéologie du mouvement Postmoderne en général. Le Contextualisme était centré sur l’idée que toute connaissance dépend du contexte. Cette idée fut poussée jusqu’à dire que rien de peut être compris en dehors de tout contexte. Ceci influença le Postmodernisme qui devint attentif au contexte et s’efforça de faire interagir ses constructions avec. Néanmoins, on peut noter une bifurcation assez nette et très rapide, dès les années 80, entre le Contextualisme européen qui s'attacha à une redécouverte des espaces urbains européens et s'opposa aux idées de la Charte d'Athènes, et le Postmodernisme à l'exubérance décorative à l'américaine, extrêmement éclectique, se développant avec plus de fantaisie dans un pays sans la profondeur historique européenne, et restant de ce fait le plus souvent totalement indifférent au contexte.

[modifier] Postmodernisme

Le Postmodernisme démarra aux États-Unis et en Europe au milieu des années 1970, puis gagna le reste du monde: il reste le style dominant dans les villes de jeux ou de loisirs (Las Vegas, Dubaï, ou le quartier Val d'Europe près du Disneyland de Paris). Les objectifs du Postmodernisme se développèrent en réaction au Modernisme : ils essayèrent de montrer les limites de leurs prédécesseurs. Leurs revendications vont même jusqu’à la recherche d’une connivence avec le public, empruntant souvent des voies voulues humoristiques ou voulues pleines d’esprit. Cet élan vers le public s’exprime la plupart du temps par une surabondance de références de styles architecturaux anciens, parfois beaucoup en même temps.

Le Postmodernisme part de la perception qu’il a d’un échec du Mouvement moderne. Les préoccupations de ce dernier quant au fonctionnalisme (technique, économique et philosophico-moral) l’amena à penser l’ornement comme élément à bannir : ainsi donc tous les bâtiments devaient être habillés de la froide apparence rationnelle. Le Postmodernisme pensait au contraire que ces bâtiments échouaient dans leur quête de satisfaire les besoins humains de confort et de beauté pour le corps et les yeux. Le Modernisme n’a pas satisfait le désir de beauté sensible ou académique. Le problème s’est accru lorsque des bâtiments déjà monotones se sont transformés en taudis. Le Postmodernisme pensa résoudre le problème en réintroduisant l’ornementation et le décor pour "ré-enchanter" ces quartiers. La forme architecturale ne fut plus définie uniquement par ses nécessités fonctionnelles, elle put (enfin) re-devenir ce que l’architecte postmoderniste trouvait agréable qu’elle soit dans l'utilisation d'un vocabulaire d'apparat donnant bonne tournure associé au vocabulaire de construction.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références