Flocon de Neige

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Flocon de Neige
Flocon de Neige
Exposition gorilles au zoo de Barcelone, Floquet de Neu
Exposition gorilles au zoo de Barcelone, Floquet de Neu

Flocon de Neige (Floquet de Neu en catalan et Copito de Nieve en castillan) est l’unique gorille albinos connu, et sans doute le représentant le plus célèbre de son espèce (gorille des plaines occidentales). Capturé tout jeune en Guinée équatoriale (à l'époque : Guinée espagnole) en 1966, il a été ramené en Espagne par un primatologue espagnol, Jordi Sabater Pi, qui l'avait découvert captif chez un chasseur de la tribu Fang. Il est alors devenu la principale attraction du jardin zoologique de Barcelone et la mascotte de la ville.

Adulte, il atteint le poids de 187 kg et la taille de 1,63 m. Au cours de sa captivité, il a eu 21 enfants avec 3 femelles différentes, mais seuls cinq d'entre eux ont survécu (un mâle et quatre femelles). Aucun de ses enfants et petits-enfants n'est albinos mais tous ses enfants sont porteurs de la mutation et peuvent l'avoir transmise à certains de ses petits enfants.

Flocon de Neige est mort par euthanasie, en novembre 2003 suite à un cancer de la peau, probablement dû à son albinisme, diagnostiqué depuis 2001. Il avait alors près de 40 ans, âge respectable pour un gorille qui ne dépasse généralement pas les 25 ans en liberté.

Le grand singe blanc fut incinéré et ses cendres disposées dans le premier prototype de l'urne Bios, conçue par deux designers espagnols. Bios est une urne d'un genre un peu spécial : fabriquée uniquement avec des matériaux biodégradables (écorce de noix de coco et cellulose), elle contient de la tourbe et une graine d'arbre. On y ajoute les cendres du disparu, qui contribueront à faire grandir l'arbre une fois l'urne enterrée. L’idée étant de remplacer les cimetières par des forêts. Ses cendres ont été enterrées, le 23 avril 2004, avec la graine d'un arbre africain, le marronnier du Cap.

La ville de Barcelone envisage de lui dédier un monument ou une rue.

Le journal La Vérité (numéro 2) avait publié un hommage d'Anne-Sophie Benoit lors de la mort du grand singe. Voici un extrait:

[...] Ceux qui ont rencontré ce gorille et qui l'ont vraiment aimé n'ont jamais eu la grossièreté de lui adresser la parole, encore moins de l'appeler par un nom qui jamais ne fut le sien. Notre langage si insignifiant est injurieux pour les Singes et notre « intelligence » est pour eux le signe même du Mal. « Flocon de Neige » n'est pas la peluche des gentils humains, il est le martyr même de la race simiesque. Toute sa vie il a vécu entouré de malades-mentaux d'hommes. C'est à l'âge de deux ans, en Guinée équatoriale, sur le corps criblé de balles de sa mère, que ce singe a fait connaissance avec l'humain. Pour son malheur, il était blanc et ses yeux étaient bleus. L'Homme, toujours fidèle à son chromosome 21, se prit à l'adorer et dépêcha un régiment de spécialistes pour analyser son albinisme. Le petit gorille devint rapidement une star et fut envoyé au Zoo de Barcelone. Bourré d'antidépresseurs pour supporter la compagnie humaine, le singe rempilait tous les après-midis comme salarié principal du parc zoologique. Des foules de primates «humains » venaient reluquer ce gorille immaculé, graissant la cage de leurs doigts humectés de churros. Bien décidés à l'abrutir, les amis des bêtes — toujours eux ! — organisaient des fêtes pour l'anniversaire de leur « copito », dansaient la sardane dans sa cage et tentaient vainement d'entamer la conversation avec lui. Le Singe, ce Saint, continuait à manger son céleri et ses carottes, totalement indifférent au spectacle des mongoliens. On fit déplacer Salvador Dali en personne pour sensibiliser l'animal à l'art. Dali lui offrit une poupée gonflable habillée en mariée. Le gorille lui jeta alors un tel regard de mépris que je sais de source sûre que le surréalisme ne passera jamais à la postérité. [...] « Flocon de Neige » a crevé à petit feu d'une maladie typiquement humaine : un cancer de la peau. Il portait les stigmates de l'homme à même le corps, des plaies purulentes où les mouches se posaient pendant la journée. Ces dernières années, le monstre blanc refusait même de montrer son visage aux rats humains agglutinés devant sa cage de verre. Ceux qui l'ont vu, comme moi, en vrai, se tenir droit et immobile pendant des heures, les bras croisés, tournant ostensiblement le dos à la foule savent ce qu'est la véritable dignité.

[modifier] Bibliographie

  • Italo Calvino, le grand écrivain italien lui a consacré tout un chapitre de son roman Palomar, intitulé : « Le gorille albinos»
  • Davide Toffolo, Le Roi Blanc, bande dessinée parue aux Editions Casterman – Collection « Ecritures », 2005

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