Fǎnqiè

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Le système du fǎnqiè (反切) est une manière d'indiquer la prononciation des sinogrammes propre à la grammaire chinoise traditionnelle. C'est donc une ancienne méthode de transcription phonétique.

Le fonctionnement s'appuie sur un découpage non pas en phonèmes mais en constituants de la syllabe (consulter aussi Syllabe en mandarin) ; en effet, les langues chinoises sont isolantes et monosyllabiques, ce qui signifie seulement que la plus petite unité de son et de sens est au minimum une syllabe (on peut comparer avec le français mange ~ mangé : où la présence d'un suffixe /e/, qui ne constitue qu'un phonème, suffit à apporter une information grammaticale différente). De plus, les phonèmes chinois s'articulent dans la syllabe en suivant des règles bien précises quant à leur place parmi les trois positions possibles dans une syllabe : l'attaque, le noyau et la coda (en français, au contraire, les phonèmes peuvent virtuellement se trouver dans n'importe quel fragment de la syllabe : sur /syr/, russe /rys/, URSS /yrs/).

Pour ces raisons, les grammairiens chinois sont arrivés à un découpage plus logique des constituants phonologiques de leur langue, qu'ils ont ramenés à deux éléments : l'initiale (聲母 shēngmǔ) et la finale (韻母 yùnmǔ ; on dit aussi, à juste titre, la « rime »). Chacun de ces éléments est représenté par un sinogramme à même initiale ou même rime (ce qui implique le respect du ton, les rimes du caractère transcrit et celles du caractère de transcription devant être rigoureusement identiques). Par exemple, le sinogramme 東 dōng est représenté par 德紅切, et hóng (le caractère 切 signale une lecture fǎnqiè. On lit alors d[-é] + [h-]óngdóng. Les listes de fǎnqiè constituaient des dictionnaires de rimes, dont l'existence, entre autres, a permis, la phonétique historique d'une langue sans écriture clairement phonétique.

Il ne faut enfin pas perdre de vue que, cette méthode ayant été inventée pour une langue plus ancienne, le chinois médiéval, elle ne donne actuellement pas toujours les résultats attendus. Ainsi, dans l'exemple précédent, le caractère 東 dōng n'est plus prononcé dóng. Il est donc préférable de transcrire les fǎnqiè au moyen d'un système qui désigne les phonèmes de l'époque et non les présents. Par exemple, William Baxter transcrit 德 tok, 紅 huwng et 東 tuwng et Sergei Starostin 德 tʌk, 紅 ɣuŋ et 東 tuŋ, ce qui, pour le coup, rend sa cohérence au fǎnqiè.

Les écarts entre les équivalences fournies par les dictionnaires de rimes et la prononciation actuelle sont d'autant plus importants que l'on monte au nord de la zone sinophone (domaine, par exemple, du mandarin), les langues du sud (comme le cantonais ou le hakka) ayant moins changé.