Ernst Käsemann

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Ernst Käsemann (Bochum, 12 juillet 1906 - Tübingen, 17 février 1998) est un pasteur luthérien et un universitaire allemand, célèbre spécialiste du Nouveau Testament.

Sommaire

[modifier] Biographie

Käsemann obtient son doctorat en études néotestamentaires à l'Université de Marbourg en 1931, avec une thèse sur l’ecclésiologie de Paul de Tarse, sous la direction de Rudolf Bultmann.

Käsemann rejoint l'Église confessante en 1933 (mouvement opposé au nazisme). La même année, il est nommé pasteur à Gelsenkirchen, dans un quartier principalement habité par des mineurs. Au cours de l'automne 1937, il passe quelques semaines détenu par la Gestapo pour avoir soutenu ouvertement des mineurs communistes.

En 1939, il obtient son habilitation et devient apte à enseigner dans les universités allemandes, avec une thèse portant sur l’Épître aux Hébreux.

Käsemann est ensuite enrôlé dans l'armée allemande. Après plusieurs années dans l'armée et comme prisonnier de guerre, il revient à son travail théologique en 1946.

Il sera professeur de Nouveau Testament successivement aux universités de Mayence (1946-1951), de Göttingen (1951-1959) et de Tübingen (1959-1971).

Sa fille, Elisabeth Käsemann, fut enlevée par les forces de sécurité en Argentine durant la période de dictature militaire et « disparut ». On pense qu'elle fut assassinée aux environs du 24 mars 1977. Après le meurtre de sa fille, les écrits théologiques de Käsemann ont acquis une tonalité plus radicale, souvent amère.

Ernst Käsemann a reçu des doctorats honoris causa des universités de Marbourg, Durham, Edimbourg, Oslo et Yale.

[modifier] Travaux

Käsemann a été associé à ce qui est connu comme la deuxième quête du Jésus historique, une nouvelle phase d'intérêt scientifique dans l'élaboration de ce qui pouvait être établi historiquement sur Jésus de Nazareth. Käsemann inaugura cette phase en publiant son célèbre article Le problème du Jésus historique en 1954 (publication de sa conférence inaugurale comme professeur à Göttingen), se séparant ici des thèses formulées en son temps par son maître Rudolf Bultmann.

Käsemann a développé un double critère de différence pour évaluer la fiabilité historique des évangiles synoptiques. Est considéré comme historiquement fiable dans les matériaux au sujet de Jésus ce qui ne s’explique ni par un contexte juif ni par un contexte chrétien du premier siècle. En plus de cela, Käsemann propose des critères complémentaires : celui de la pluralité d’attestations (quand une histoire particulière ou un dit de Jésus apparaît dans les traditions indépendantes) et celui de cohérence avec d'autres matériaux déjà jugés fiables au sujet de Jésus. C’est seulement avec la récente et « troisième quête » du Jésus historique, débutée à la fin des années 1980, qu’a commencé à être remise en question la validité absolue de ces critères.

Käsemann a également pris l’apocalyptique juive plus au sérieux que la plupart de ses collègues et il pensait qu'elle était d'une importance vitale pour une lecture de Paul. Il décrit ainsi l’apocalyptique juive comme « mère de la théologie chrétienne »[1]. Le commentaire de Käsemann sur l’Épître aux Romains de Paul, publié pour la première fois en 1973, est devenu un ouvrage de référence.

Les travaux de Ernst Käsemann, notamment ceux qui traitent du Jésus historique, de la justice de Dieu et de l'apocalyptique, ont eu une grande influence sur la théologie contemporaine. Parmi les thèmes qu’il a remis en valeur : la personne de Jésus à l'intérieur du kérygme, le droit de Dieu dans la doctrine de la justification et l'histoire dans la pensée biblique.[2]

[modifier] Bibliographie

  • Ernst Käsemann, Essais exégétiques, Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, 1972
  • Pierre Gisel, Vérite et histoire. La théologie dans la modernité. Ernst Käsemann, Beauchesne - Labor et Fides, Paris, 1983

[modifier] Notes et références

  1. « Nous touchons là à la première compréhension chrétienne de l’histoire », Ernst Käsemann, Exegetische. Versuch and Besinnung, Göttingen, 1960, trad. partielle, Essais exégétiques, Neuchâtel, Delachaux, 1972, p. 95-188.
  2. Cf. Notice sur ses Essais exégétiques.


[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes