Droit de cuissage

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Vasily Polenov : Le droit du Seigneur (1874).
Vasily Polenov : Le droit du Seigneur (1874).

Le droit de cuissage ou droit de jambage serait une coutume qui aurait conféré aux seigneurs du Moyen Âge le droit de passer une jambe nue dans le lit de la mariée. On dit[Qui ?] que ce droit a pu être racheté à prix d'argent, puis qu'il s'est changé en un impôt sur le mariage. Des écrivains et historiens des XVIIIe et XIXe siècles, tels Voltaire dans son Essai sur les mœurs ou Jules Michelet, ont accrédité la thèse que ce droit permettait à un seigneur d'avoir des relations sexuelles avec la femme d'un vassal ou d'un serf la première nuit de ses noces.

Sommaire

[modifier] Histoire

En réalité, l'historiographie récente a montré[réf. nécessaire] que cette dernière pratique ne pouvait correspondre qu'à des abus, en l'absence de tout document antérieur au XVIIIe siècle attestant de son existence courante et de sa légalité. Voltaire lui-même était encore fort sceptique ; dans le Dictionnaire philosophique il convient à l'article « Cuissage ou Culage[1] » que des grands ont pu jadis imposer la coutume par la force mais ajoute : « Remarquons bien que cet excès de tyrannie ne fut jamais approuvé par aucune loi publique. Si un seigneur ou un prélat avait assigné par-devant un tribunal réglé une fille fiancée à un de ses vassaux pour venir lui payer sa redevance, il eût perdu sans doute sa cause avec dépens. » La version libertine du « droit de cuissage » a été utilisée pour servir de thème à des œuvres littéraires galantes du XVIIIe siècle comme L'Innocence du premier âge en France ou histoire amoureuse de Pierre Le Long et de Blanche Bazu ; suivie de La Rose ou la fête de Salency, de Louis-Edme Billardon de Sauvigny, 1765. Elle est ensuite reprise dans un but idéologique afin de dénigrer l'Ancien Régime et son système féodal, ainsi est né le mythe du droit de cuissage.

[modifier] Situation contemporaine

Au milieu du XIXe siècle, on observa quelques dérives individuelles de patrons qui abusaient de leurs employées. Ces abus ponctuels furent désignés sous le nom de « droit de cuissage » sans que l'on puisse les considérer comme une coutume bien que le viol ne soit véritablement réprimé qu'à partir de 1980.[réf. nécessaire]

De nos jours, l'expression est largement utilisée, souvent de manière crédule, parfois en guise de métaphore. Ainsi dira-t-on qu'un patron s'est arrogé un droit de cuissage sur une employée quand il a abusé de sa position hiérarchique pour parvenir à assouvir un besoin sexuel. De tels abus sont maintenant considérés comme des délits graves puisqu'ils constituent des cas de harcèlement sexuel sur le lieu de travail (sollicitation de rapport sexuel au travail sous peine de sanction) ou de viol.

[modifier] Bibliographie

  • Alain Boureau, Le Droit de cuissage. La Fabrication d'un mythe, XIIIeXXe siècle, Albin Michel, coll. « Évolution de l'humanité », 1995 (ISBN 2226076344) ;
  • Marie-Victoire Louis, Le Droit de cuissage, France, 1860–1930, éd. de l'Atelier, coll. « Patrimoine », 1994 (ISBN 270823062X) (lire le texte).
  • Jacques Antoine Dulaure, Des divinités génératrices ou du culte du phallus, paris, Coll. Les maîtres der l'amour, Bibliothèque des curieux, 1924, pp. 199 et s.

[modifier] Notes

  1. Selon http://www.zetetique.ldh.org/cuissage.html, le droit de cullage n'avait rien à voir avec ce qu'on appelle aujourd'hui cuissage, mais était un contrôle du seigneur sur le mariage hors-seigneurie. Il serait associé au cuissage pour des raisons d'homonymie uniquement.

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes