Dopage sur le Tour de France

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Affiche de spectateurs sur le Tour de France 2006
Affiche de spectateurs sur le Tour de France 2006

Le dopage est un problème récurrent du Tour de France. Cette pratique est effet généralisée depuis les débuts de l'épreuve et perdure encore au début du XXIe siècle malgré la médiatisation croissante du problème ces dernières années.

Sommaire

[modifier] Le dopage généralisé (1903-1966)

Le « pot belge » resta longtemps en usage. Les frères Pélissier en expliquèrent tous les détails dès le début des années 1920 au journaliste Albert Londres, qui publia Les Forçats de la route en 1924 où il décrit le phénomène du dopage dans tous ses détails. Henri Desgranges, organisateur du Tour jusqu'en 1936 y répliqua par un éditorial cinglant dans lequel il accuse les frères Pélissier d'être des millionnaires mal préparés.

Les pro et anti-dopage s'affrontent par plumes interposées durant près d'un demi-siècle. Le camp des anti-dopage est clairement plus faible de celui des pro-dopage. Roland Barthes fait ainsi figure d'exception quand il écrit en 1957 : « Doper le coureur est aussi criminel, aussi sacrilège que de vouloir imiter Dieu ; c'est lui voler le privilège de l'étincelle. »[1]. Les journalistes sur la course sont souvent liés d'amitié avec les coureurs, et ils restent muets sur le sujet ou défendent même le dopage. Antoine Blondin écrit ainsi : « Nul ne disconviendra que le dopage puisse être une pratique catastrophique, l'arme illusoire des plus faibles. A travers lui, alors que tout devrait s'affirmer dans une allégresse contagieuse - l'audace, le courage, la santé -, une planète révèle qu'elle possède aussi sa face d'ombre où tout se tait. » et ajoute « On a certes envie de leur dire qu'il ne fallait pas faire ça, mais on peut demeurer secrètement ému qu'ils l'aient fait. Du moins se seront-ils une fois offerts aux acclamations et aux outrages pour que tourne le somptueux manège, ce concours permanent où ils se veulent élus. »[2].

Certains coureurs n'hésitent pas a déclarer publiquement qu'ils se dopent et que cela fait partie de leur liberté individuelle. Jacques Anquetil défend le principe de « préparation optimale » et déclare : « Après tout, l'épreuve du dopage est identique à celle du froid, de la canicule, de la pluie ou de la montagne » avant d'ajouter « Laissez moi tranquille. Tout le monde se dope. ».[3] Le Général de Gaulle, lui-même, a clairement choisi son camp : « Dopage ? Quel dopage ? A-t-il oui ou non fait jouer la Marseillaise à l'étranger ? »[4].

Outre les témoignages des coureurs et des suiveurs du Tour, les exemples sont nombreux pour illustrer cette pratique généralisée. Roger Rivière est ainsi victime en 1960 d'un malaise dans une descente dans les Cévennes. On retrouve dans ses poches des cachets de palfium, un puissant analgésique.

[modifier] Le décès de Tom Simpson (1967)

Sous l'impulsion du docteur Pierre Dumas, médecin du Tour de France, les premiers contrôles inopinés sur le Tour sont mis en place en 1966, provoquant la grogne du peloton.

Le décès de Tom Simpson sur la route du Tour le 13 juillet 1967 est un électrochoc pour tous : coureurs, organisation et spectateurs. Jusque là, aucun coureur n'avait perdu la vie sur les routes de la Grande Boucle et le dopage est alors clairement montré du doigt comme responsable du drame. On retrouve des traces d'amphétamines dans l'estomac de Simpson lors de son autopsie.

[modifier] L'omerta reste la règle (1968-1997)

Les contrôles se multiplient et deviennent quotidiens en 1968. Les premiers coureurs contrôlés positifs sont exclus du Tour dès 1968. Mais les coureurs s'adaptent et profitent du silence complice des médias et des failles des systèmes de contrôle pour poursuivre leurs pratiques.

La fédération internationale, elle même, couvre les coureurs et joue sur les règlements pour couper court aux scandales. L'exemple le plus significatif est celui de Pedro Delgado en 1988, déclaré positif à la probénécide quelques jours avant son arrivée en jaune à Paris. L'organisation du Tour est plutôt favorable à son exclusion, mais l'UCI oppose son véto en argüant que ce produit qui figurait bien sur la liste des produits par le CIO ne figurait pas encore sur la liste des produits interdits par l'UCI, à un mois près. Le message de l'UCI est clair : soyez malins.

[modifier] L'affaire Festina (1998)

Icône de détail Article détaillé : affaire Festina.

En 1998, le scandale de l’affaire Festina éclate. Cette affaire met surtout en lumière la participation active du staff médical et donc l'organisation du dopage au niveau des équipes. Suite à cette affaire, les contrôles sont renforcés et la France se dote d’une loi anti-dopage plus contraignante.

[modifier] Les gendarmes et les voleurs (1999-2006)

Malgré les précautions prises suite à l'affaire Festina, les soupçons de dopage planent encore sur le Tour, notamment après les performances de coureurs comme Marco Pantani et Lance Armstrong.

Le 23 août 2005, le journal sportif français L'Équipe publie une enquête annonçant que six échantillons d'urine de Lance Armstrong datant du Tour de France cycliste 1999 contiendraient de l'EPO.

En 2006, quelques jours avant le départ du Tour éclate l’affaire Puerto. Les médias espagnols diffusent une liste de coureurs impliqués dans une affaire de dopage par transfusion sanguine. Ceci a pour conséquence l'exclusion, par la direction de l'Équipe cycliste T-Mobile, de Jan Ullrich et d'Oscar Sevilla. De même l'Italien Ivan Basso est exclu. Ils ne participent pas au Tour 2006, dont le départ est donné le lendemain (samedi 01 juillet 2006).

Quelques jours plus tard, l'américain Floyd Landis remporte le Tour, mais voit rapidement sa victoire remise en cause après que l'on eut décelé un taux de testostérone anormalement élevé à la suite de sa victoire d'étape à Morzine.

[modifier] Le point de non retour ? (2007)

Quelques semaines avant le départ du Tour 2007, alors que Floyd Landis est en plein procès pour éviter d'être déchu de son titre, le danois Bjarne Riis (vainqueur du Tour 1996) reconnaît s'être dopé à l'EPO pendant sa carrière sportive. Son ancien équipier, Erik Zabel avoue également s'être dopé en 1996 (cette année là, il a remporté le Maillot Vert). Leurs 2 noms sont alors rayés du palmarès du tour de France 1996.

Deux jours avant le départ du Tour de France 2007, l'UCI fait signer aux coureurs une charte mentionnant qu'ils acceptent de fournir leur ADN et de verser le montant de leur salaire 2007 en cas de violation de la règle antidopage.

Cela n'empêchera pas le Tour d'être à nouveau touché par plusieurs affaires de dopage : tout commence avec l'allemand Patrik Sinkewitz, contrôlé positif le 8 juin et qui abandonne le 15 juillet dans le Tour de France après avoir percuté un spectateur. Puis, Alexandre Vinokourov, grand favori de cette édition, est exclu de l'épreuve suite à un contrôle positif aux transfusions homologues. Dans la foulée, et à la demande de Patrice Clerc, l'équipe Astana se retire de la Grande Boucle, emportant avec elle des coureurs de qualité, tels Andreas Klöden et Kashechkin. Le lendemain, c'est l'italien Cristian Moreni de la Cofidis qui est rattrapé par le dopage. Il reconnait avoir eu recours à de la testostérone (à l'instar de Floyd Landis) durant l'étape Marseille - Montpellier. Pourtant, Eric Boyer, le manager de la Cofidis, n'avait pas été le moins virulent dans ses propos concernant le cas de dopage de Vinokourov. L'équipe Cofidis se retire alors du Tour.

Enfin, après avoir largement consolidé son maillot jaune lors de la 16e étape, la dernière étape de montagne du Tour, Michael Rasmussen quitte l'épreuve à la demande de son équipe, la Rabobank, à qui le danois a menti, notamment sur le lieu de sa préparation pour le Tour (il était en Italie alors qu'il avait déclaré être au Mexique). Par ailleurs, la fédération danoise l'avait, quelques jours avant la 16e étape, exclu de l'équipe nationale en raison de la non-communication de son calendrier d'entrainement empêchant l'UCI de réaliser des contrôles anti-dopage inopinés.

[modifier] Notes

  1. Roland Barthes, Le Tour de France comme épopée, Paris, Le Seuil, 1957, p. 106
  2. Antoine Blondin, Sur le Tour de France, Paris, La Table ronde, 1996
  3. Cité dans le documentaire télévisé Les Miroirs du Tour, 2003 où le journaliste Émile Besson admet d'ailleurs : « Il l'a fait devant moi Jacques. Je tenais la porte, alors je peux dire que j'étais complice »
  4. Cité par L'Équipe Magazine du 23 juillet 1994