Des glaneuses

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Des Glaneuses
Jean-François Millet, 1857
huile sur toile
83 × 111 cm
Musée d'Orsay
Le Rappel des glaneuses, Jules Breton, 1859
Le Rappel des glaneuses, Jules Breton, 1859
Jean-François Millet, Des glaneuses (Eau-forte), après 1957
Jean-François Millet, Des glaneuses (Eau-forte), après 1957

Des glaneuses (souvent improprement nommé Les glaneuses) est un tableau de Jean-François Millet, peint en 1857, et présenté la même année au Salon.

Le peintre a représenté trois femmes, parmi les plus pauvres de la campagne, puisque contraintes de glaner pour manger, et illustre ainsi la misère de la population rurale en s'inscrivant dans la veine réaliste, sans misérabilisme. Les trois femmes figurent les trois gestes du glanage : se baisser, ramasser, se relever. Le travail de ses femmes est pénible (courbure du dos, maigreur de la récolte), mais leurs vêtements ne sont pas des haillons. Cette pauvreté (et une certaine fracture sociale) est accentué par l'apparente richesse de la récolte de blé en arrière plan. Millet représente dans le ciel une nuée d'oiseaux, prêts eux aussi à picorer les grains oubliées, à l'instar des glaneuses.

Le glanage est un sujet connu à cette époque. Balzac reprochait ainsi, dans Les paysans, l'abus de ce droit et prônait son abrogation. Deux ans plus tard, Jules Breton prend le contre-pied de Millet dans Le rappel des glaneuses, où celles-ci sont montrées sans souffrance, dans une ambiance presque festive.

Comme pour son tableau Moissonneurs (1852), Millet a pu en observant les paysannes de Chailly, d'un passage de la Bible, mettant en scène Booz et Ruth, le premier autorisant la seconde à glaner dans son champ, puis à partager le repas des travailleurs. Ce tableau s'inscrit dans une série de peintures de Millet illustrant la vie paysanne.

Des Glaneuses est entré dans la collection du Louvre en 1890 grâce au don de Mme Pommery, et a été affecté au Musée d'Orsay en 1986.

[modifier] Critiques de 1857

Pour les critiques de droite, ces femmes sont le symbole d'une révolution populaire menaçante, quand les journaux de gauche y voient le peuple rural appauvri par le Second Empire.

  • « Ce sont des épouvantails en haillons plantés dans un champ, et, comme les épouvantails, elles n’ont pas de visage : une coiffe de bure leur en tient lieu. M. Millet paraît croire que l’indigence de l’exécution convient aux peintures de la pauvreté : sa laideur est sans accent, sa grossièreté sans relief » Paul de Saint-Victor
  • « Élégantes Parisiennes, arrêtez-vous devant ce tableau, et comprenez, si vous pouvez, pourquoi il fut un temps où vos pères, vos maris et vos frères étaient si souvent éveillés à l’appel du tambour. Voilà les gueux de la campagne, vous pouvez voir ceux de la ville en sortant » Léon Daléas

[modifier] Sources

  • Les peintres, le Salon, la critique, 1848-1870, fiche de visite, Musée d'Orsay, Paris
  • Œuvre commentée sur le site du Musée d'Orsay
  • Laurent Manœuvre, Millet - Les Saisons, Le Musée miniature - Herscher, Paris, 1996
  • Geneviève Lacambe, Henri Soldani et Bertrand Tillier, L'ABCdaire de Millet, Flammarion, 1998

[modifier] Voir aussi

Cet article fait partie de la série Peinture
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