Dépendance à l'alcool

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Sommaire

[modifier] Intérêt de la notion

La dépendance est souvent utilisée comme critère déterminant du basculement dans l’alcoolisme du buveur. Cette notion s’est trouvée d’autant plus au cœur des discussions concernant l’alcoolisme qu’elle permet de placer légitimement l’alcoolisme au côté des autres toxicomanies. Cette dépendance peut être physique comme psychologique.

[modifier] La dépendance physique

Pour ce qui est de l’aspect physique du problème, tout en étant souvent mis en avant, il a été relativement peu étudié et s’est révélé le grand perdant de la recherche, plus attentive à décrypter les phénomènes d’atteinte à l’intégrité somatique. Nous pouvons néanmoins dire qu’il y a plusieurs directions dans lesquelles des précisions sont encore attendues. Jean-Paul Descombey en recense certaines. Ainsi, les membranes des neurones sont composées de couches de lipides et de couches d’acides gras hydrophobes mais dont les extrémités, tournées vers l’extérieur, sont hydrophiles. La membrane permet donc, en fonction de l’équilibre entre l’affinité de ses divers composants avec l’eau, de réguler la perméabilité des neurones ; en bouleversant cet équilibre, l’alcool rigidifie la membrane, et (c'est ce qui crée aussi la tolérance) rend plus difficile le passage de certains éléments lorsque l’organisme est à jeun : c'est la raison des troubles de sevrage. Par ailleurs, l’alcool joue aussi sur le fonctionnement et la production de neurotransmetteurs, en suscitant la production (anormale) de certains d’entre eux, fictifs et d’ailleurs communs avec d’autres drogues (peyotl, morphine, etc.), aux dépens d’autres médiateurs chimiques : ils créeraient une appétence spontanée pour l’alcool, selon des expériences menées sur des rats.

[modifier] La dépendance psychologique

Pour ce qui est de la dépendance psychologique, elle a été elle aussi souvent invoquée, sans que, là non plus, une clarification réelle ait été proposée. Elle part du principe général que l’alcoolisme est le symptôme (et souvent un symptôme-écran) d’un manque plus global. Une des explications est le narcissisme, au sens où celui-ci est un état dans lequel la libido est tournée vers soi ou des objets qui le remplacent. Une autre grande explication est la névrose, dans laquelle l’alcool permet de passer outre les limites perçues et l’inadéquation entre fantasme et réalité, par la déréalisation que procure l’ivresse. Pour d’autres encore (parmi lesquels Freud), le recours à l’alcool est une alternative à la psychose et à la mystique, pour passer outre les restrictions imposées par la vie sociale. Et, quand l’individu a une bonne raison de boire, il ne peut pas se passer d’alcool sans résoudre auparavant le problème qui le pousse à se réfugier dans la boisson. Par ailleurs, il existe un autre type de dépendance psychologique, c'est celui qui tient au contexte de l’alcoolisation et au conditionnement introduit par ce contexte.

[modifier] Sources

  • DESCOMBEY, Jean-Paul, L’homme alcoolique, Paris : Odile Jacob, 1998, 172 p.
  • MAISONDIEU, Jean, Les femmes, les hommes, l’alcool. Une histoire d’amour, Paris : Payot et Rivages, 2004, 350p.
  • MALIGNAC*, Georges, L’alcoolisme, Paris : PUF, 1992

[modifier] Liens