Dârâ Shikôh

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Dara Shikoh (16151659) était le fils aîné de l’empereur moghol Shah Jahan et de Mumtaz Mahal. Son nom d’origine persane داراشكوه signifie "le possesseur de la gloire". Il était le successeur favori de son père et de sa sœur Jahanara Begum, mais fut battu et défait par son jeune frère Aurangzeb lors d’une lutte sans merci pour le trône des Moghols.

En 1657, la maladie de Shah Jahan déclencha une lutte de pouvoir féroce entre ses quatre fils, bien que seuls Dara et Aurangzeb aient eu une chance réaliste de l’emporter. Shah Shuja se proclama empereur au Bengale. Malgré un soutien important de Shah Jahan, qui s’était suffisamment rétabli pour rester un facteur de poids dans la lutte pour la suprématie, et des victoires sur Shah Shuja, Dara fut défait par Aurangzeb à la bataille de Samogarh, à 13 km d’Agra, le 8 juin 1658. Il tenta de trouver des soutiens après cette défaite, et trouva refuge chez Malik Jiwan, un chef baloutche, qu’il avait jadis sauvé de la colère de Shah Jahan. Mais Malik trahit Dara [1] et le livra à son frère Aurangzeb. Promené enchaîné dans les rues de la capitale, il fut d’abord gardé prisonnier, puis cruellement assassiné par des hommes qui recherchaient la faveur d’Aurangzeb. On dit qu’Aurangzeb aurait décapité le cadavre de Dara Shikoh et fait envoyer sa tête à leur père.

Dara Shikoh était un intellectuel soufi doux et pieux. Il favorisa la tolérance religieuse et la coexistence entre Hindous et Musulmans. Beaucoup d’historiens ont spéculé combien l’Inde aurait été différente s’il avait eu l’avantage sur son frère féroce et fondamentaliste, Aurangzeb.

Dara Shikoh était un disciple du célèbre saint soufi qadiri de Lahore, Mian Mir, à qui il fut présenté par Mullah Shah Badakhshi (le disciple spirituel et successeur de Mian Mir). Shikoh consacra beaucoup d’efforts à trouver un langage mystique commun entre Islam et Hindouisme. À cette fin, il traduisit les Upanishads de sanskrit en persan, afin qu’elles soient accessibles aux lettrés musulmans. Sa traduction est souvent appelée "Sirre Akbar" ou "Le grand mystère" tandis qu’en arabe, les Upanishads sont appelées "Kitab al-maknun" ou "Le livre caché". Son œuvre la plus célèbre, le Majma ul-Bahrain ("Le mélange des deux océans") fut également consacrée à trouver des points communs entre le soufisme and et le monothéisme hindou.

Il était également un mécène des beaux-arts, de la musique et de la danse, ce qui déplaisait à son frère Aurangzeb. En fait, beaucoup de ses peintures sont très détaillées et soutiennent la comparaison avec les artistes professionnels de son époque. L’album de Dara Shikoh est un recueil de peintures et de calligraphies rassemblées pendant les années 1630 jusqu’à sa mort. Il fut offert à son épouse Nadira Banu et resta en sa possession jusqu’à sa mort, après quoi l’album fut intégré à la bibliothèque royale et les inscriptions qui le reliaient à Dara Shikoh délibérément effacées ; cependant, tout ne fut pas vandalisé et beaucoup de calligraphies et de peintures portent encore sa marque.

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