Critique de la religion

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La critique de la religion, qui peut émaner tant de la religion elle-même que de milieux sécularisés, remonte à l'Antiquité. On la retrouve notamment dans l'épicurisme (Bloch 1997, p. 37). Ce n'est cependant qu'au XVIIe siècle que cette critique commence à poindre, puis à se développer réellement au XVIIIe siècle, notamment sous l'influence des Lumières. Elle se poursuit au XIXe siècle, par le développement des sciences qui remettent en cause la véracité de certains dogmes religieux, s'accompagnant parfois de formes virulentes d'anticléricalisme. On la retrouve encore aujourd'hui, émanant notamment de scientifiques inquiets des progrès du créationnisme.

Sommaire

[modifier] L'Antiquité

Dans le De natura rerum, Lucrèce écrit : « Alors qu'aux yeux de tous l'humanité traînait sur terre une vie abjecte, écrasée sous le poids d'une religion dont le visage, se montrant du haut des régions célestes, menaçait les mortels de son aspect horrible, le premier un Grec, un homme, osa jeter ses yeux mortels contre elle et contre elle se dresser » (Lucrèce 2002, vers 62-67 du chant I).

[modifier] XVIIe siècle

Dans son Traité théologico-politique, Spinoza développe selon Léo Strauss une critique de la religion (Strauss 1996), qui cependant ne déboucherait pas sur une réfutation du divin et de sa toute puissance, mais sur l'idée « que « l’esprit positif » moderne, un esprit [qui]] découlait, en son fond, de l’hédonisme épicurien, était incompatible avec l’esprit religieux » (Chauvier 2004).

[modifier] Les Lumières

Le projet d'émancipation des Lumières, l'aufklärung kantien, sans porter nécessairement en lui une critique de la religion (Kant ne formule aucune critique de la religion, à strictement parler), la nourrissait inévitablement.

En matière de critique de la religion, Voltaire est la figure des Lumières la plus connue. Pour autant, Voltaire n'est pas athée.

[modifier] Le XIXe siècle

[modifier] Feuerbach et Marx

Ludwig Feuerbach est l'un des grands philosophes critique de la religion du XIXe siècle. Sa pensée influencera notamment Karl Marx, auteur de la formule bien connue : la religion est « l'opium du peuple ». Mais la position de Marx a cependant évolué, et d'anti-religieuse, elle est devenue a-religieuse (Weil 1991, p. 27). Il ne s'agit plus de critiquer la religion, mais de critiquer le droit, plus généralement de critiquer la situation concrète du peuple : « Le véritable bonheur du peuple exige que la religion soit supprimée en tant que bonheur illusoire du peuple. Exiger qu'il soit renoncé aux illusions concernant notre propre situation, c'est exiger qu'il soit renoncé a une situation qui a besoin d'illusions. La critique de la religion est donc, en germe, la critique de cette vallée de larmes, dont la religion est l'auréole » (Marx 1843, p. 51-53).

[modifier] Friedrich Nietzsche

Le XIXe siècle ne se résume pas à la critique marxiste, d'ordre politique. Friedrich Nietzsche développe également une critique bien connue de la religion, avec son annonce de la « mort de Dieu ». Mais plus que de la religion en général, il s'agit plutôt d'une critique du christianisme.

[modifier] La critique Freudienne

Sigmund Freud introduit dans la critique de la religion, ou tente d'y introduire, une perspective d'ordre scientifique, en développant une approche pathologique du fait religieux : « La religion serait la névrose obsessionnelle universelle de l'humanité; comme celle de l'enfant, elle dérive du complexe d'Oedipe, des rapports de l'enfant au père » (Freud 1973, p. 44).

[modifier] La critique positiviste

Si la critique marxiste, comme celle des Lumières, repose sur un projet politique visant à libérer les hommes soit de l'emprise du religieux, soit d'une situation qui l'amène à se réfugier dans le religieux, la critique positiviste de la religion repose plus sur la remise en cause des principes métaphysiques qui guident la pensée religieuse, et semblent entrer en contradiction avec les principes de la pensée scientifique, qui selon certains devrait être seule à guider les hommes vers la vérité. Parmi les positions de cette espèce, ou du moins voisine, ou peut notamment retenir celle de Bertrand Russell, exposée dans Religion and Science (Russell 1935).

[modifier] Situation contemporaine

Dans les pays démocratiques modernes, la critique politique de la religion n'est plus vraiment d'actualité, le projet ayant été largement accompli : la politique est aujourd'hui largement sécularisée.

Reste la critique scientifique, qui cherche en particulier à répondre aux mouvements fondamentalistes pouvant défendre des positions créationnistes. Et tandis que certains affirment la possibilité d'une convergence de la science et de la religion, d'autres insistent sur leur irréductible incompatibilité[1]

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

[modifier] Articles connexes

[modifier] Notes et références

  1. On pourra lire à ce sujet l'article en ligne de Jean Bricmont : « Science et religion : l’irréductible antagonisme »