Conférence d'Algésiras

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La conférence d'Algésiras (ou d'Algéciras, donnant lieu aux accords d'Algésiras) - 7 avril 1906 - a placé le Maroc sous la protection de grandes puissances européennes (douze dont la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie), sous couvert de réforme, de modernité et d’internationalisation de l’économie marocaine.

[modifier] Première crise marocaine (1905)

Cette conférence se tint après des années de rivalités (depuis la fin du XIXe siècle) à propos du territoire marocain. En 1901, l'assassinat d'un négociant oranais sur la côte rifaine entraine l'intervention du ministre français des affaires étrangères Delcassé. Un accord est conclu, qui autorise la France à "aider" l'administration marocaine dans les régions incontrolées du Maroc oriental. Profitant de l'accord, le nouveau gouverneur général de l'Algérie Jonnart ordonne au colonel Lyautey, alors responsable du sud-oranais, de "pacifier" la frontière algéro-marocaine. Dès 1905, Lyautey n'hésite plus à pénétrer au Maroc, et lance de longues reconnaissances atteignant la Moulouya.

Or, la France n'est pas la seule à s'intéresser au Maroc. L'Espagne, l'Angleterre, et l'Allemagne ont aussi des visées sur le royaume chérifien. En renonçant à toute visée sur l'Égypte, la France s'assure la neutralité britannique. L'Espagne, qui espère beaucoup, temporise et fait trainer les négociations en longueur. C'est une erreur, car l'accord franco-britannique du 6 octobre 1904 ne laisse à l'Espagne que la portion congrue. Delcassé pense cependant avoir réglé la question marocaine. En 1905, le diplomate français Saint René Taillandier part à Fès rencontrer le sultan et lui proposer l'aide de conseillers militaires et financiers afin de rétablir l'ordre dans un royaume qui en a bien besoin. Moulay Abd al-Aziz n'est pas dupe : bien qu'intéressé par les propositions de grands travaux et de réformes proposés, il se doute bien que l'indépendance de son pays ne tardera pas à être remise en question. Ne pouvant plus s'appuyer sur l'Angleterre, il se tourne vers l'Allemagne, seule capable de contrecarrer les ambitions françaises. Le 31 mars 1905, l'empereur Guillaume II débarque à Tanger, traverse la ville à cheval, rencontre le sultan Moulay Abd al-Aziz et prononce un discours incendiaire. C'est ce qu'on a appelé le coup de Tanger. Devant les inquiétudes de l'état-major, le président du conseil français Maurice Rouvier préfère négocier, et le ministre des Affaires étrangères, Delcassé démissionne.

[modifier] La conférence

La France et l'Allemagne se mirent d'accord sur l'organisation d'une conférence internationale sur le Maroc devant se tenir à Algesiras. Elle rassemble douze pays européens, mais c'est le président américain Theodore Roosevelt qui est choisi comme médiateur. Il s'agit en fait de la première intervention des États-Unis en politique étrangère au niveau mondial, en totale rupture avec la doctrine Monroe. La conférence s'ouvre à Algesiras le 16 janvier 1906. Un droit de regard est reconnu à l'Allemagne sur les affaires marocaines. Toutefois la France et l'Espagne obtiennent des droits particuliers sur les affaires marocaines, en raison des intérêts liant ces pays (Acte final de la Conférence d'Algésiras, 7 avril 1906). Concrètement, ces deux pays se voient confier la police des ports et le droit de créer une banque d'état internationale.

[modifier] Les conséquences

Par la suite, l’Allemagne essaya, de son côté, de préserver ses intérêts au Maroc. Mais, après l'échec du coup d'Agadir, en juillet 1911, elle abandonna ses ambitions sur le Maroc lorsque la France, en novembre 1911, accepta de lui céder des territoires au Congo et au Cameroun, en échange de son accord à l'instauration d'un protectorat français sur le Maroc.

La pénétration économique européenne s’intensifia à tel point que le sultan Moulay Hafid, frère de Moulay Abd al-Aziz, fut contraint de signer, le 30 mars 1912, le traité de protectorat nommé "Convention de Fès". L’Espagne acquit ainsi une influence au Nord et au Sud du Maroc, la France en région centrale du pays principalement, et la ville de Tanger fut déclarée comme ville internationale. Ainsi, au Maroc sous le protectorat, le général français Lyautey fut chargé de diriger les affaires étrangères, de contrôler la défense du pays, et d’initier des réformes intérieures.

Plus tard, en 1918, tout juste après la guerre, une conférence à Rabat eut lieu. Autorisant le protectorat britannique à occuper la presque-île. Le Maroc et l'Espagne mécontents déclarèrent une très petite guerre (les seules victimes furent des archéologues de la cité romaine de Volubilis).