Chronique de Nantes

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La "Chronique de Nantes" est un recueil de récits historiques relatant des évènements importants ayant concernés la ville et le comté de Nantes pendant la période du Haut Moyen Âge (570 - 1050).

L'édition de René Merlet publiée en 1896, reprend les travaux compilatoires effectués par l'historien breton Pierre Le Baud. Y figurent également les documents retrouvés par Bertrand d'Argentré, petit-neveu de l'historien Pierre Le Baud, dans le registre de l'Abbaye Saint-Serge d'Angers.

Sommaire

[modifier] Présentation générale

La rédaction de la "Chronique de Nantes" débuta après la date de 1050, point final de cette chronologie nantaise. L'archiviste René Merlet suppose que le ou les copistes mirent une dizaine d'années pour réaliser cet ouvrage sur parchemin.

Le document original "Chronicon Namnetense", rédigé en latin, fut perdu, mais à l'époque d'Anne de Bretagne, cet ouvrage était encore conservé par les chanoines de la cathédrale de Nantes dans leurs archives épiscopales.

A cette époque, un prêtre manceau du nom de Pierre Le Baud,aumônier de la célèbre Anne de Bretagne, historien de la Bretagne, doyen de Saint-Tugal de Laval, s'occupait à compiler les archives. Il puisa dans ces sources d'information, dont certaines proviennent d'anciens documents ayant survécu depuis l'époque caroligienne pour rédiger une histoire de Bretagne qu'il dédia à sa reine Anne de Bretagne.

Pierre Le Baud édita, une autre compilation des chroniques nantaises en y ajoutant des passages, peu favorables aux Bretons, non publiés dans l'édition offert à Anne de Bretagne. Cet exemplaire parut en 1480. Cette seconde édition, (volume in-folio en velin du XVesiècle composé de 399 feuillets ornés de miniatures dont celle représentant Pierre Le Baud), est actuellement a la Bibliothèque Nationale sous le numéro d'inventaire N°8266.

Avec ces deux compilations, il fut possible de reconstituer approximativement la "Chronique de Nantes".

Pierre Le Baud n'a jamais précisé qui était l'auteur de cette chronique. Le narrateur ou chroniqueur est désigné comme acteur du "Livre des miracles et chroniques de l'église de Nantes".

Par la suite, deux chanoines de la cathédrale de Nantes, copistes de leur état, composèrent une double compilation en latin à partir de l'original. L'une de ces deux compilations fut signalée, au début du XVIIIesiècle, par un moine bénédictin, historien breton Dom Lobineau ; l'autre compilation arriva en possession de l'historien breton Arthur de La Borderie au cours du XIXesiècle.

[modifier] Les Chapitres chronologiques

La "Chronique de Nantes" commence en 570 par la description de la basilique de Nantes construite au VIesiècle par l'évêque Felix.

Le récit se poursuit par l'invasion normande de 843. La chronologie aborde les règnes de Nominoë, d'Erispoë et de Salomon de Bretagne ainsi que celui des comtes francs de Nantes, Ricuin de Nantes, Renaud, Lambert Ier de Nantes et Lambert II de Nantes.

La "Chronique de Nantes" relate les combats entre Bretons et Normands. Y est décrit la prise de Nantes par les Vikings en 919, et la fuite du clergé nantais, des bourgeois et du petit peuple de Nantes vers Angers puis la Bourgogne.

[modifier] Un hommage à Alain Barbetorte

Le texte rend hommage au duc de Bretagne Alain Barbetorte qui libéra Nantes à la tête de ses troupes bretonnes victorieuses sur l'ennemi normand. Le récit détaille la mort d'Alain Barbetorte et la déposition de son corps dans la collégiale Notre-Dame de Nantes. Sont décrits également le traité établi entre lui et Guillaume Tête d'Etoupe, comte de Poitiers ainsi que ses différents mariages avec d'abord Roscille d'Anjou, puis avec Roscille de Blois, permettant d'établir des relations de bons voisinages avec les puissants comtés d'Angers et de Blois.

[modifier] Une défiance envers l'Anjou et le Comté de Rennes

Le récit poursuit sa remontée historique en relatant d'autres comtes nantais tels qu'Alain le Grand.

La mort du jeune prince Drogon ordonnée par son protecteur Foulque II d'Anjou, choqua les Nantais et les détourna un temps de leur alliés et voisins Angevins, malgré leurs aides constantes notamment face aux Vikings.

Les assassinats, des comtes de Nantes Hoël et Guérech commandités, depuis Rennes, par Conan Ier de Bretagne n'étaient qu'une suite du conflit entre les deux villes vassales de leur suzerain respectif, les deux puissances rivales : Blois et Angers.

[modifier] L'opposition du Concile face aux dérives religieuses bretonnes

La dernière partie regroupe un certain nombre de chroniques nantaises et annonce à la fois la déposition de Budic évêque de Nantes par décision du Concile de Reims présidé par le pape Léon IX en 1049 et la mort de Mathias Ier en 1050.

[modifier] Des sentiments anti-bretons

Malgré l'éloge à la gloire d'Alain Barbetorte et tant que libérateur du Comté de Nantes de la main mise normande et la mise en valeur de la ville dans laquelle Alain Barbetorte va s'installer avec sa cour, la "Chronique de Nantes" est sans concession, ni avec les Vikings, ni avec les Angevins, ni avec les Bretons.

Certains épisodes ne sont pas tendres avec les Bretons et sont de véritables diatribes anti-bretonnes. Les termes employés dans la version originale en latin sont : "sicque illi diabolici viri" ou encore "ille diabolicus vir" pour parler d'eux comme des hommes diaboliques, mais au Moyen-Âge l'expression "diabolici" peut signifier également dépravés, immoraux.
La population nantaise éprouve à l'égard des Bretons et de leurs chefs des sentiments d'inimitié, voire même d'hostilité depuis l'arrivée des premiers d'entre eux après le traité d'Angers en 851. Hors mis la période glorieuse d'Alain Barbetorte, cet état d'esprit va perdurer dans le temps. Il y a plusieurs explications à cette opinion publique nantaise peu favorable envers ces nouveaux venus selon La Borderie et l'archiviste René Merlet.

  • La première explication vient de l'opposition des chefs bretons aux règles du clergé et de la papauté. La chronique de Nantes relate les accusations portées contre les Bretons par les prêtres lors du Concile de Soissons en 866. Les évèques de Soissons dénoncent ces Bretons qui refusent de se soumettre à la suprématie religieuse de l'archevêque de Tours. Une partie du clergé breton est diabolisée pour vouloir vivre maritalement et prendre femmes comme leur permet leurs seigneurs bretons. Ces chefs bretons qui nomment eux-mêmes les hommes d'église contrairement aux principes de l'Eglise papale. Enfin les évèques réunis en concile poursuivent leurs réquisitoires en reprochant aux Bretons d'avoir envahis l'évêché de Nantes.
  • La deuxième raison est contemporaine à la rédaction de la "Chronique de Nantes". En effet en 1050, quand les copistes démarrent cette chronique nantaise, Mathias Ier vient de mourir. Nantes vient de tomber en possession de Judith de Nantes et de son époux Alain Canhiart comte de Cornouaille. Bien que le comté de Nantes soit réuni à la Bretagne depuis près de deux siècles, avec néanmoins des périodes d'alliance avec le comté d'Angers, la noblesse, le clergé et la population nantaise étaient toujours par leurs coutumes et par leur langage français. Ainsi Alain Canhiart, venant de sa Cornouaille natale, plaça aux différents postes de l'administration de la ville et du clergé, des seigneurs bretons bretonnants. Cette politique entraîna un ressentiment général de la part des Nantais évincé de ces postes. L'incompréhension était grande entre le peuple nantais d'origine franque et les édiles de Nantes d'origine bretonne.
  • En ce milieu du XIesiècle, l'opinion publique anti-bretonne était suffisamment puissante pour permettre la rédaction d'une telle chronique sans concession pour les dirigeants bretons, au mépris du comte breton en place à Nantes même.
  • En 1049, lors du Concile de Reims, le Pape Léon IX dépose l'évèque Budic et nomme un prêtre italien du nom Airard. Ce dernier va devoir reprendre en main l'évêché de Nantes.

[modifier] La place importante de l'Eglise

  • Le clergé tient une place importante dans cette chronique. La liste complète des évèques y figure depuis 843 jusqu'en 1050.
  • Sont relatés également l'histoire de la cathédrale de Nantes depuis la fondation de la basilique sous Felix, puis sa destruction par les Vikings et sa reconstruction.
  • La fuite des chanoines et évêque vers Angers puis la Bourgogne face à l'invasion normande.

[modifier] Voir également

[modifier] Bibliographie

La Chronique de Nantes (570 - 1049), publié par René Merlet (archiviste), Editions Alphonse Picard et Fils, Paris : 1896.

[modifier] Lien externe

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55624v.pagination

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