Chữ nôm

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Sinogramme
漢字 - 汉字

Tracé :

Sémantique :

Emploi :

Pour d'autres régions :

  • Cantonais : Honzi et Zukzi
  • Corée : hanja
  • Japon : Kanji
  • Vietnam : chữ nho et chữ nôm
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Bibliographie

Le chữ nôm (字喃, littéralement « écriture du sud »), encore appelé Quốc ngữ 國 語, Quốc âm 國 音, Nam âm 南 音 dans les textes, était l'écriture vietnamienne utilisant les Hanzi chinois (appelés hán tự en vietnamien). Ce système logographique était le seul moyen de noter le vietnamien jusqu'au XIVe siècle, et n'était utilisée que par les élites instruites en chinois. Le chu nôm a désormais presque totalement disparu du Viêt Nam, remplacé par une « romanisation » en caractères latins agrémenté de signes diacritiques, le Quốc ngữ.

Sommaire

[modifier] Origines

Le chu nôm était connu à l'origine sous le nom de quốc âm (國音, littéralement « prononciation du pays »), supposé être apparu vers le Xe siècle. L'ancien nom du Viêt Nam, Đại (Cồ) Việt, utilisait justement le quốc âm. La plus ancienne trace du chu nôm connue à ce jour se trouve sur une stèle du temple de Bao Ân et est datée de 1209. Une autre inscription en chu nôm a été trouvé sur une cloche en bronze à Do Son. Elle est datée de 1076, mais l'exactitude de cette datation est sujette à caution.

Après l'indépendance du Viêt Nam vis à vis de la Chine en 939, les intellectuels commencèrent à développer leur système d'écriture propre du chu nôm, basé sur les sinogrammes chinois mais représentant le vietnamien (les deux langues n'ont en effet rien en commun). À partir de cette date, et pendant presque 1 000 ans, le vietnamien fut noté quasi-exlusivement en chu nôm, que ce soit la littérature, la philosophie, l'histoire, les lois, les édits, etc. Durant les 14 ans de règne des empereurs Tây Sơn (1788-1802), tous les documents administratifs furent écrits en chu nôm. Au XVIIIe siècle, la plupart des grands poètes et écrivains écrivaient en chu nôm. Avec l'invention au XVIIe siècle du quôc ngu — une transcription basée sur l'alphabet latin — le chu nôm disparut progressivement. De plus, en 1920, le gouvernement colonial promulga un décret contre son utilisation, au profit du quôc ngu. Ce phénomène de disparition a évolué à un point tel qu'aujourd'hui, moins de 100 spécialistes sont capables de lire couramment le chu nôm, ce qui fait que 80 millions de locuteurs vietnamiens n'ont pas accès à l'histoire écrite du Viêt Nam. Quelques moines bouddhistes, ainsi que les Jing (vietnamiens exilés en Chine) sont capables de déchiffrer globalement un texte en chu nôm.

Cependant, sous formes d'imprimés, de papiers peints, d'objets décoratifs, conjuratoires, religieux, de sculptures etc.,les caractères nôm gardent une place particulère dans les évènements importants, mariages, fêtes, décès et dans le contexte de divers cultes.

Des efforts du gouvernement vietnamien ont été faits pour redonner une place au chu nôm dans le système éducatif. Les caractères propres au chu nôm ont été intégrés au standard Unicode, et des logiciels ont été conçus pour taper en chu nôm. Les polices le contenant n'ont été développées que récemment.

[modifier] Principes

Les sinogrammes étaient utilisés à l'origine pour noter exclusivement le chữ nho (du chinois classique). Le chu nôm a étendu l'usage de ces caractères de diverses manières, de même que de nouveaux sinogrammes furent créés, à l'instar des kokuji au Japon.

Il existe plusieurs types de structures qu'on peut subdiviser en plusieurs catégories.

[modifier] Emprunts simples (chữ vay mượn đơn)

a. Phonétiques (de caractères à prononciation identique ou approximative): identiques ou modifiés (morphologiquement simplifiés): 卒 (tốt=bon, de qualité), 意 (ấy=ce...là), (ấy=ce...là) b. Sémantiques (de caractères à sens généralement identique): identiques ou modifiés (morphologiquement simplifiés): 蓮 (sen=lotus), 爫(làm=faire),...

[modifier] Caractères composés (chữ tự tạo)

a. de deux caractères (ou éléments) sémantiques: 𡗶 (trời=ciel, Dieu), 𠆳 (trùm=chef, pontife, magnat),..; b. de deux caractères (ou éléments) phonétiques: 𢁋 (trăng=lune),... c. de deux caractères (ou éléments) sémantique et phonétique: 𠫾 (đi=aller, marcher), 𡎢 (ngồi), 唭 (cười=rire, sourire) d. d'un caractère sémantique ou phonétique et d'un signe différenciateur (deux types dits dấu nháy et dấu cá): 叨 (đeo=porter pendant), 𡀬 (tủi=se sentir humilié; s'apitoyer sur soi), ...

NB : Les caractères de (a) sont très limités. Ceux de (b) sont limités et semblent ne concerner que les mots anciennes à initiales doubles: bl-, tl, ml,... Les caractères de(c) sont, avec les emprunts phonétiques simples, les plus courants. Pour l'instant, il est difficile d'affirmer qu'il existe également des caractères composés de plus de deux éléments. Les caractères empruntés, sémantiques ou phonétiques, employés seuls ou combinés, peut faire l'objet d'une simplification par suppression de partie entière. Ceci est d'autant plus vrai pour les caractères composés où le trop grand nombre de traits pousse à la simplification et à la suppression de parties.

[modifier] Emprunts sémantiques

De nombreux termes ont été empruntés tels quels en vietnamien, et sont écrits avec le sinogramme qui servait à noter le terme d'origine en chinois. Par exemple: 味 vị "goût" (en mandarin wèi), 年 niên "année" (en mandarin nián). De plus, on relève de nombreux mots lexicalisés en vietnamien avant même l'introduction des hán tự, et qui ont par conséquent conservé une prononciation plus archaïque. Ces termes sont aussi notés avec le sinogramme correspondant en chinois classique. Exemples : 味 mùi (équivalent à vị, goût), 年 năm (équivalent à niên, année).

[modifier] Emprunts phonétiques

Une quantité importante de mots vietnamiens sont notés par des sinogrammes dont le sens ne correspond pas, mais utilisés de manière phonétique (comme les ateji japonais) : ce sont les chữ giả tá (字假借), "des mots emprunté". Ces caractères n'ont qu'une valeur phonétique, leur signification originelle n'étant pas prise en considération. Cela fait que ces caractères prennent un sens nouveau, voire plusieurs significations qui leur deviennent propres.

[modifier] Inventions de caractères

Beaucoup de symboles nouveaux furent inventés pour noter des termes vietnamiens (de manière similaire aux kokuji japonais) : ce sont les chữ thuần nôm, « symboles propres au Nôm ». Ces nouveaux logogrammes sont souvent des idéo-phonogrammes, c'est-à-dire des caractères empruntés pour leur prononciation auxquels on rajoute un radical permettant une nouvelle analyse sémantique, formant par conséquent un nouveau caractère. Dans certains cas, il existait déjà en chinois un caractère similaire à celui créé mais avec un sens différent.

(Une partie de ce texte a été traduit d'un texte procuré par la Nom Preservation Foundation sous GFDL)

[modifier] Liens externes