Quốc ngữ

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Le (chữ) quốc ngữ (« écriture de la langue nationale ») est une romanisation de la langue vietnamienne possédant le statut d'orthographe officielle. C'est un alphabet latin augmenté de nombreux diacritiques servant à noter tant la valeur phonétique de certaines lettres que les tons de la langue.

Sommaire

[modifier] Origines

Le quốc ngữ n'est pas la plus vieille écriture du Viêt Nam, loin de là. Il a en effet remplacé d'anciennes écritures locales, comme le chữ nôm, système d'idéo-phonogrammes formés à partir des sinogrammes et utilisé entre le XIIe siècle et le XXe siècle de l'ère chrétienne, ainsi que le chữ Hán, « écriture chinoise », (ou chữ nho, « écriture savante »), qui est simplement du chinois classique ; la langue chinoise a en effet été celle de l'administration et du pouvoir pendant la domination chinoise (de 111 avant l'ère chrétienne à 939 de l'ère chrétienne et pendant la dynastie des Nguyễn qui a accédé au pouvoir en 1804, suite au coup d'État mené par celui qui allait devenir l'empereur Gia Long, et l'a officiellement quitté en 1954, date de l'abdication de Bảo Đại).

Dès 1527, des jésuites portugais en mission d'évangélisation au Viêt Nam ont commencé à utiliser l'alphabet latin (en fait principalement dans sa version portugaise) pour écrire la langue locale. C'est le jésuite né à Avignon, Alexandre de Rhodes (1591-1660), qui a compilé, amélioré et systématisé les systèmes de transcription de ses prédecesseurs missionnaires, notamment Francisco de Pina, entre 1624 et 1644. Son premier ouvrage imprimé dans l'écriture latinisée actuelle est un dictionnaire vietnamien-portugais-latin paru en 1651, reprise d'un dictionnaire portugais-vietnamien de Gaspar do Amaral et António Barbosa.

Cette transcription, devenue très populaire, a acquis le statut d'orthographe officielle de la langue en 1918 dans le système scolaire français destiné aux indigènes (en concurrence jusque là avec les deux autres écritures) sous la pression des colons français souhaitant :

  • déraciner les mouvements indépendantistes liés à l'intelligentsia écrivant en caractères chinois ;
  • obtenir rapidement des interprètes, relais de l'action des colonisateurs.

Le quốc ngữ a été un outil de démocratisation de l'éducation, puisque plus simple à apprendre que l'écriture vietnamienne traditionnelle qui nécessite un apprentissage préalable du chinois. Il est l'écriture officielle des administrations vietnamiennes depuis 1954. Le chinois ayant été conservé dans son statut de langue officielle de l'administration impériale par les colonisateurs.

[modifier] Ordre alphabétique

On compte 37 graphèmes (29 lettres et 8 digrammes)

A/a, Ă/ă, Â/â, B/b, C/c, Ch/ch, D/d, Đ/đ, E/e, Ê/ê, G/g, Gi/gi, H/h, I/i, K/k, Kh/kh, L/l, M/m, N/n, Ng/ng, Nh/nh, O/o, Ô/ô, Ơ/ơ, P/p, Ph/ph, Q/q, R/r, S/s, T/t, Th/th, Tr/tr, U/u, Ư/ư, V/v, X/x, Y/y

[modifier] Structure

Le quốc ngữ suit les mêmes principes que le pinyin : la transcription est phonologique et non phonétique ; la notation alphabétique d'une langue isolante comme le vietnamien dissimule certains faits inhérents à la structure syllabique de la langue : les phonèmes, en effet, ne sont pas en distribution libre ; chaque élément de la syllabe, attaque, noyau et coda, ne peut être occupé que par certains phonèmes. Présenter le quốc ngữ de manière alphabétique nécessite donc d'indiquer quelles positions chaque phonème peut représenter. Pour plus de détails, consulter l'article « prononciation du vietnamien ».

[modifier] Lettres

Lorsque un digramme est écrit sur la même ligne qu'une lettre simple, il ne s'agit que d'un allographe contextuel, qui ne possède pas le statut de caractère indépendant (à la manière de notre digramme ge dans geôle, qui ne représente que « g doux » devant a, o et u). Les valeurs phonétiques sont indiquées en API. Quand deux valeurs sont fournies, la première est celle du vietnamien du Nord, la seconde celle du Sud ; comme il existe de nombreuses variations dialectales, ces valeurs sont les plus communément admises.

Lettre Valeur Position syllabique Lettre Valeur Position syllabique
attaque noyau coda attaque noyau coda
a [ɑ]   X   ng, ngh [ŋ] X   X
ă [a]   X   nh [ɲ] X   X
â [ɐ]   X   o [ɔ]   X  
b [ɓ]       ô [o]   X  
c [k] X   X ơ [ɤ]   X  
ch [c] X   X p [p] X   X
d [z],[j] X     ph [f] X    
đ [ɗ̺] X     q(u) [],[] X    
e [ɛ]   X   r [z],[ʒ] X    
ê [e]   X   s [s],[ʃ] X    
g, gh [ɣ] X   X t [t] X   X
gi [z],[j]       th [] X    
h [ɦ],[h] X     tr [c],[ʈ] X    
i [i]   X   u [u]   X  
k [k] X     ư [ɯ]   X  
kh [x] X     v [v] ou j X    
l [l] X     x [s] X    
m [m] X   X y [i]   X  

[modifier] Diacritiques

[modifier] Fondamentaux

Les diacritiques utilisés, outre la barre inscrite du đ (lettre à ne pas confondre avec un edh ð germanique), concernent principalement les voyelles :

  • le circonflexe sur â, ê et ô marque le caractère mi-fermé. C'est une influence directe de l'orthographe portugaise ;
  • la corne sur ơ et ư le caractère non arrondi ;
  • la brève ne se trouve que sur ă.

[modifier] Diacritiques pour les tons

Le vietnamien standard possède six tons, lesquels sont notés dans l'écriture au moyen de cinq diacritiques (le ton moyen plat étant représenté par l'absence de signe diacritique), l'accent grave, le crochet en chef, le tilde, l'accent aigu et le point souscrit. Ces diacritiques s'ajoutent à ceux que portent, le cas échéant, les voyelles.

Les tons du vietnamien sont décrits en détail dans l'article Prononciation du vietnamien.

Nom Type (registe : modulation) Exemple Sens
ngang moyen : traînant gai épine
huyền bas : traînant trà thé
hỏi moyen : tombant-montant hưởng apprécier
ngã haut : montant glottalisé mỹ americain
sắc haut : montant avoir
nặng bas : tombant glottalisé lại venir

[modifier] Orthographe

Les usages des langues romanes, particulièrement ceux du portugais, se retrouvent dans l'orthographe (les travaux d'Alexandre de Rhodes, en effet, reprenaient ceux de missionnaires portugais) :

  • [k] s'écrit q devant u pour former le digramme qu [kw], k devant les voyelles d'avant e, ê et i, c ailleurs ;
  • [ɣ] s'écrit g devant les voyelles d'arrière mais gh devant celles d'avant ;
  • [ŋ] suit les mêmes principes : ng / ngh ;
  • [ɲ] s'écrit à la portugaise, nh.

L'influence portugaise (et non «  hispanique  ») dans l'orthographe se constate facilement :

  • nh pour [ɲ] (contre ñ hispanique) ;
  • l'utilisation du tilde sur des voyelles (ne notant cependant pas la nasalisation), procédé que ne connaissent pas les orthographes hispaniques ;
  • l'utilisation de x et s pour [s] et [ʃ] (au Sud), phonèmes qui remontent, d'après Nguyễn Ðình-Hoà (article «  Vietnamese  » de la section 59, « Adaptations of the Roman Alphabet », de The World's Writing Systems de Peter Daniels et William Bright), à [s̻] (/s/ laminal, ressemblant à un [ʃ]) et [s] anciens, que les missionnaires ont simplement notés à la portugaise par x et s. L'évolution phonétique, cependant, fait que l'orthographe est maintenant inversée par rapport au portugais ;
  • l'utilisation de l'accent circonflexe pour marquer le caractère mi-fermé des voyelles. Rappelons qu'en portugais â = ['ɐ], ê ['e] et ô ['o], exactement comme en quốc ngữ, et que les langues hispaniques ignorent l'accent circonflexe.

[modifier] Représentation informatique

Le VISCII (Vietnamese Standard Code for Information Interchange), et dans une moindre mesure le CP1258, sont des pages de code conçues pour représenter les caractères du quốc ngữ.

Lorsque l'on ne dispose que des caractères ASCII, on utilise la convention Vietnamese Quoted-Readable (VIQR).

L'Unicode — norme à caractère universel — remplace progressivement les pages de codes spécifiques à chaque langue écrite.

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes