Château de la Muette (Paris)

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Le château de la Muette se situe à Paris (16e arrondissement) à proximité du bois de Boulogne, sur un emplacement où trois châteaux ont existé successivement depuis la Renaissance.

L'origine du nom « Muette » est controversée. Il peut faire référence à la mue des cerfs ou à celle des faucons, ou bien désigner une meute de chiens dans une ancienne orthographe.

Sommaire

[modifier] Le château de la reine Margot

Les rois de France possédaient un rendez-vous de chasse à la Muette depuis le Moyen Âge. A la fin du XVIe siècle, ce rendez-vous de chasse fut transformé par Charles IX en un petit château qu'il offrit à Marguerite de Valois, dite la reine Margot, à l'occasion de son mariage avec le futur Henri IV. En 1606, celle-cit fit don du château au dauphin, futur Louis XIII.

En 1717, le Régent, Philippe d'Orléans, acheta la Muette pour sa fille, Marie-Louise-Elisabeth, duchesse de Berry (1695-1719), en échange du château de Madrid, lui aussi situé dans le bois de Boulogne. Le Régent fit aménager le petit château de chasse et l'agrandit sensiblement.

La duchesse de Berry s'installa au château de la Muette où elle donna des fêtes superbes, recevant notamment le tsar de Russie Pierre le Grand. A sa mort, en 1719, le Régent fait racheter le domaine par la Couronne.

[modifier] Le château de Louis XV

Le château de la Muette au XVIIIe siècle.
Le château de la Muette au XVIIIe siècle.

Entre 1741 et 1745, Louis XV fait entièrement reconstruire le château de la Muette par les célèbres architectes Jacques V Gabriel et Ange-Jacques Gabriel. Ils élèvent un vaste corps de logis, flanqué de deux grands pavillons et de nombreuses dépendances.

En 1750, le Cabinet de curiosités de la Couronne est installé dans les jardins de la Muette (à l'emplacement actuel de l'intersection de la rue de Passy et de la rue de la Pompe) et placé sous la supervision d'un savant bénédictin, le père Noël, dont les expériences scientifiques attirent un nombreux public.

En 1753, Louis XV, qui séjourne désormais régulièrement à la Muette, décide de faire tracer une longue allée dans le bois de Boulogne pour rejoindre la Seine aux environs de Saint-Cloud afin de pouvoir, depuis la Muette, avoir vue sur le château de Bellevue, appartenant à Madame de Pompadour. Le Roi envisage même de reconstruire la Muette dans l'axe de cette nouvelle route, mais la Guerre de Sept Ans éclate et le contraint de renoncer à ces dépenses.

En 1764, le dauphin, futur Louis XVI prend possession de la Muette. C'est là que Marie-Antoinette, à son arrivée en France, ira attendre la cérémonie de son mariage. Devenue Dauphine, elle y séjournera à plusieurs reprises. Lorsque Louis XVI monte sur le trône en 1774, c'est à la Muette qu'il signe l'édit par lequel il renonce au droit de joyeux avènement.

Le 21 novembre 1783, l'aéronaute Pilâtre de Rozier décolle des jardins de la Muette avec son ballon, qui ira se poser à la Butte-aux-Cailles.

Pour faire des économies, un édit de février 1788 met en vente les château de la Muette et de Madrid et autorise les acheteurs à procéder à leur démolition. Aucun acheteur ne se présente. Le château est abandonné et cesse d'être entretenu. En 1790, le Cabinet de curiosités est démantelé et ses instruments sont transportés à l'Observatoire de Paris. Le domaine est divisé et vendu par lots. Le corps de bâtiment central est démoli en 1793 et tous les éléments de décor intérieur sont récupérés et vendus. Les deux ailes sont transformées en guinguettes, une filature de coton est installée dans les communs.

En 1816, la Muette revient à la Couronne mais, devant l'importance des réparations nécessaires, le château est rayé de la liste civile. L'une des deux ailes, appelée la petite Muette, est donnée en jouissance en 1818 au ministre des finances Louis Emmanuel Corvetto.

L'autre aile, ainsi que la quasi-totalité des jardins, est rachetée en 1820 par le facteur de pianos Sébastien Érard qui entreprend de restaurer le domaine. Il fait construire une longue galerie et surélever le bâtiment de deux étages et y abrite sa riche collection de tableaux. A la mort de Sébastien Érard, en 1831, le domaine passe à son neveu Pierre Érard, qui vend les tableaux et loue la Muette au docteur Guérin, qui transforme le pavillon en hôpital orthopédique. Mais après son mariage, en 1838, Pierre Érard s'installe à la Muette et commence à reconstituer le domaine : en 1853, il rachète la petite Muette ainsi qu'une partie des jardins ; sa veuve poursuit cette entreprise à partir de 1865.

En 1870, pendant le siège de Paris, la Muette sert de quartier général au vice-amiral Fleuriot de Langle et, sous la Commune, aux généraux Clinchant, Douay et Ladmiraut. La propriété passe au neveu de Pierre Érard, puis à sa nièce, la comtesse de Franqueville qui, à partir de 1889, restaure le château selon les plans originaux, en faisant reconstruire le corps de bâtiment central et en supprimant les deux étages ajoutés par Sébastien Érard. L'ensemble se situait entre le numéro 17 de l'actuelle rue du Conseiller Collignon et le boulevard Émile Augier.

[modifier] Le château d'Henri de Rothschild

Entre 1912 et 1919, la famille de Franqueville entreprend de lotir le parc. Deux vastes parcelles sont notamment cédées à Henri de Rothschild, qui y fait construire entre 1921 et 1922 par l'architecte Lucien Hesse un vaste château dans le style du XVIIIe siècle. A la mort du comte de Franqueville en 1919, ce qui reste de l'ancien château de la Muette est démoli ; les derniers vestiges disparaissent en 1926.

En 1940, La Muette devient le quartier général du commandement de la marine allemande et, en 1945, le commandement de la marine américaine.

En 1948, les héritiers d'Henri de Rothschild vendent le domaine à l'Organisation européenne de coopération économique (OECE) qui installe son siège dans le château. Aujourd'hui, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui a succédé à l'OECE, a son siège au château et ses bureaux de travail dans les bâtiments environnants.

[modifier] Liens externes

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48°51′41″N 2°16′10″E / 48.86139, 2.26944

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