Château de Rochecotte

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Le château de Rochecotte est une demeure de la fin du XVIIIe siècle située dans le village de Saint-Patrice, près de Langeais, en Indre-et-Loire.

Il a connu plusieurs réaménagements successifs, dus à ses différents propriétaires.

Le parent de l'un d'entre eux, Boni de Castellane, le décrit en ces termes : « Le grand château Louis XVI – en espalier à mi-côte de la colline dominant la vallée de la Loire – ne manque ni de charme ni d'originalité. Il est semblable à une villa italienne, avec terrasses superposées, d'où la vue s'étend sur des horizons bleus et gris, paysages de tableaux primitifs. » [1]

"J'ai une vraie passion pour Rochecotte; c'est à moi, c'est la plus belle vue et le plus beau pays du monde; enfin c'est un air qui me fait vivre légèrement et puis j'arrange, je retourne, j'embellis, j'approprie... J'ai pris la vie de campagne à la lettre". (lettre de la duchesse de Dino à de Barante, 5 juillet 1828, citée par Jean-Luc Péchinot, op. cit. p. 58).

Sommaire

[modifier] Talleyrand et la duchesse de Dino

La duchesse de Dino en 1816, par François Gérard
La duchesse de Dino en 1816, par François Gérard

À l'origine, le château appartenait au comte de Rochecotte, qui devint l'un des chefs de la seconde Chouannerie dans le Maine et fut exécuté sous le Directoire, au Champ-de-Mars, à Paris.

Le 30 avril 1828, l'un des propriétaires suivants, le chevalier René de La Selle de Ligné, le vendit à Dorothée de Courlande, duchesse de Dino, contre 400 000 francs, somme considérable pour l'époque. [2]

"Elle y appréciait son site et ses terrasses superposées ouvrant sur de vastes horizons (...) elle y entreprit de grands travaux, tant au niveau des bâtiments qu'elle agrandit considérablement, que de leur confort, le décora de meubles et de porcelaines de Chine héritées de son père, ainsi que de somptueuses commodes signées Boulle. Dans les jardins dessinés à la française, de longues charmilles encadraient des pelouses et de massifs de fleurs". (Jean-Luc Péchinot, op.cit. p.58).

"Les calorifères, les doubles croisées, les tapis, les portières, les draperies de Rochecotte, me gâtent tout autre demeure, je gèle partout ailleurs".

(lettre datée du château de Saint-Aignan, 7 décembre 1841, op.cit. p.65).

Talleyrand en 1828, par Ary Scheffer
Talleyrand en 1828, par Ary Scheffer

Talleyrand, oncle par alliance et amant de la duchesse de Dino, y séjourna à de très nombreuses reprises jusqu'à sa mort, dix ans plus tard. Le prince y tenait salon et recevait aussi souvent que dans son hôtel de Saint-Florentin à Paris ou au château de Valençay. [3]

Les grands noms de la politique et de l'Église se retrouvaient autour de lui, non sans signer le livre d'or où il avait lui-même inscrit ces mots : « Rochecotte est un lieu enchanteur où il y a beaucoup de questions à faire et où se trouve la personne sachant le mieux y répondre. » [4]

Ici eurent lieu avec Adolphe Thiers et le duc Victor de Broglie les réunions qui présidèrent à la fondation du journal d'opposition Le National, en 1830.

C'est en effet lors d'un dîner au château fin 1829 que Talleyrand aurait dit à Armand Carrel, François Mignet et Adolphe Thiers, qu'il avait invités afin de leur confier des idées et des informations propres à renverser le Ministère Polignac : "Maintenant, il faudra me faire de la bonne politique (...) puis lâcha, en tournant lentement une cuillère dans la saucière destinée à napper un brochet de Loire, "c'est l'art d'agiter le peuple avant de s'en servir (...) huit jours plus tard, ils publiaient ce "National" dans lequel allait débuter une campagne hostile au gouvernement. Six mois plus tard, Charles X abdiquait. C'est ainsi que du fond de sa retraite de Saint-Patrice, Talleyrand mit en selle le duc d'Orléans et lui donna accès au trône".

(Jean-Luc Péchinot, "La duchesse de Dino, dernier amour de Talleyrand", "Le Magazine de la Touraine", n°55 - juillet 1995, p.60).

En novembre 1836, Balzac, venu de Saché en visite accompagné de son hôte - et peut-être père naturel - M de Margonne, n'eut pas l'heur de plaire à la duchesse, qui le jugea « vulgaire de figure, de ton et, je crois de sentiments. Sans doute, il a de l'esprit, mais il est sans verve et ni facilité dans la conversation, il est même très lourd. Il nous a examinés et observés de la manière la plus minutieuse, Monsieur de Talleyrand surtout. Je me serais bien passée de cette visite". [5]

correspondance de la duchessse de Dino publiée par sa petite-fille, princesse Radzivill ("Chronique de 1831 à 1862", Plon, 4 volumes, 1909) citée par Jean-Luc Péchinot (même réf.).

Lors des importants travaux qu'elle y entreprit, elle fit sculpter sur la façade les armes de sa belle-famille, portant leur fière devise : « Re que Diou » (Rien que Dieu), qui rappelle le titre du roman de l'écrivain Jean (Lefevre) d'Ormesson, "Au plaisir de Dieu".

On lui doit également une terrasse à colonnade sur laquelle donnait l'appartement de Talleyrand, qu'elle transforma après sa mort en chapelle - l'autel occuperait la place exacte de son lit - qu'elle fit bénir par l'abbé Dupanloup le 12 novembre 1841. Elle contenait de nombreux souvenirs, dont une Vierge « offerte par le roi de Saxe au plénipotentiaire de Louis XVIII [Talleyrand] en témoignage de reconnaissance pour avoir, après Tilsit, en 1807, et à Vienne en 1815, empêché la Prusse d'absorber son royaume ». [6]

"J'ai passé ma soirée à faire des plans et des devis pour le tombeau de l'abbé et pour le mien. Cela sera tout simplement dans le cimetière de la paroisse, en haut de la côte, dans cette belle vue, dans ce bon air, regardant le soleil levant. Des tombes bien simples, entourées d'arbustes (...) les noms, les dates, voilà tout". (lettre du 10 mai 1836 - op.cit. p.62).

En 1847, la duchesse donna Rochecotte à sa fille Pauline de Talleyrand-Périgord, âgée de 27 ans, épouse du marquis Henri de Castellane, qui devait y devait mourir quelques mois plus tard.

En dépit de son souhait de reposer en Touraine et de faire déposer son coeur auprès du cercueil de Talleyrand à Valencay, elle fut inhumée à Sagan en 1861.

[modifier] Les Castellane

[modifier] Emilio Terry

[modifier] Notes

  1. Cf. Boni de Castellane, Mémoires, Perrin, 1986, p. 22.
  2. Cf. le site sur Rochecotte cité en liens externes.
  3. Cf. Emmanuel de Waresquiel, Talleyrand, Fayard, 2003, p. 601.
  4. Cf. Boni de Castellane, op. cit., p. 21.
  5. Cf. les Souvenirs de la duchesse de Dino, cités par Boni de Castellane, op. cit., p. 21.
  6. Cf. Boni de Castellane, op. cit. p. 36.

[modifier] Bibliographie

  • Françoise de Bernardy, Le Dernier Amour de Talleyrand : la Duchesse de Dino (1793-1862), Perrin, 1965
  • Boni de Castellane, Mémoires, Introduction et notes d'Emmanuel de Waresquiel, Perrin, 1986
  • Duchesse de Dino, Souvenirs, 1906, éd. par Marie de Castellane
  • Duchesse de Dino, Chronique de 1831 à 1862, 1909, éd. par Marie de Castellane
  • Éric Mension-Rigau, Boni de Castellane, Perrin, 2008
  • Jean Orieux, Talleyrand, ou le Sphinx incompris, Flammarion, 1970
  • Emmanuel de Waresquiel, Talleyrand, le Prince immobile, Fayard, 2003

[modifier] Voir aussi

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