Castor fiber

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Castor européen
Castor européen en Norvège
Castor européen en Norvège
Classification classique
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Mammalia
Sous-classe Theria
Infraclasse Eutheria
Ordre Rodentia
Sous-ordre Sciuromorpha
Famille Castoridae
Genre Castor
Nom binominal
Castor fiber
Linnaeus, 1758
Statut de conservation IUCN :


NT  : Quasi menacé

Sous-espèces de rang inférieur
Répartition géographique

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Le castor européen (castor fiber) est un grand rongeur aquatique rencontré dans les cours d'eau d'Europe et d'Asie.
Il est, avec le castor canadien, l'une des deux espèces actuellement vivantes du genre Castor.

Les castors eurasiatiques ont été intensivement chassé au moyen-âge, pour leur viande et le castoreum, mais surtout pour leur fourrure qui servait notamment à confectionner des chapeaux ; ceci jusqu'au 18ème siècle et jusqu'à une quasi-extinction. Quelques petits groupes ont survécu grâce à une pression de chasse et piégeage (« trappe ») reportée vers l'Amérique du Nord dès l'époque de Richelieu.
Le castor n'est plus consommé, mais au Moyen Âge, il l'était, et les chrétiens étaient même autorisés à en manger le vendredi (jour où l'on ne mangeait pas de viande), car sa chair était assimilée à celle du poisson en raison de la vie aquatique de l'animal[1] (Voir aussi carême).
Au début du XXe siècle, il n'en restait plus en Europe qu'environ 1200 individus, mais grâce à des programmes de protection et de réintroduction, de petits noyaux de population ont pu se reconstituer sur certains cours d'eau, et on estime leur nombre à environ 430 000.

L'espèce reste néanmoins vulnérable : Sur un territoire de plus en plus écologiquement fragmenté par les routes et les barrages, La colonisation d'une section de cours d'eau (naturelle ou à partir d'individu relâchés) ou du réseau de cours d'eau d'un sous-bassin versant se fait souvent à partir d'un seul couple fondateur d'une famille pionnière, ce qui peut poser des problèmes de consanguinité et de dérive génétique au sein de population dont le pool génétique est encore très étroit. C'est pourquoi le statut de conservation du Castor fiber reste fragile, surtout en Asie alerte l'UICN[2].

Icône de détail Article détaillé : Castor (Genre).
la qualité de sa fourrure a été l'une des causes de la presque-extinction du Castor en Europe et en Asie
la qualité de sa fourrure a été l'une des causes de la presque-extinction du Castor en Europe et en Asie
Au moyen-âge et à la renaissance, les chapeaux en Peau de Castor ont été si apprécié qu’ils ont contribué à la forte régression de cette espèce
Au moyen-âge et à la renaissance, les chapeaux en Peau de Castor ont été si apprécié qu’ils ont contribué à la forte régression de cette espèce

Sommaire

[modifier] Habitat

Animal semi-aquatique, il a besoin d'eau et d'arbres. Il est donc rencontré dans les cours d'eau et les grands lacs, bordés par des forêts, dans les régions tempérées.

[modifier] Prédateurs

Le castor européen a survécu à trois glaciations et à tous ses prédateurs naturels.
Outre l'Homme qui l'a beaucoup chassé depuis la préhistoire, et jusqu'aux 19ème et XXème siècle ou les trappeurs en ont fait un piégeage intense en Russie et Sibérie comme au Canada, pour sa fourrure, le castor possède de nombreux prédateurs naturels tels que le loup, le coyote, l'ours brun et le lynx. En Europe, la plupart de ces prédateurs naturels ont disparu ou sont devenus très rares (souvent au bord de l'extinction dans l'essentiel de leur aire naturelle de répartition, tel l'ours brun en Europe de l'Ouest).

[modifier] Menaces

Plusieurs menaces pèsent sur l'espèce, en combinant ou additionnant leurs effets :

  • La chasse et le piégeage ont - historiquement - été la première menace pour l'espèce. Cette chasse l'a décimée dès le moyen-âge et l'a conduite à l'extinction sur une grande partie de son aire naturelle de répartition avant même le 19ème siècle, surtout en Europe de l'Ouest. Chasse et piégeage restent une menace car l'animal est facilement tiré ou piégé par erreur, après avoir été confondu avec un rat musqué ou un ragondin ou tombé dans les pièges qui leur étaient destinés. Le castor était recherché pour son castoreum et pour sa chair, mais surtout pour sa fourrure à propos de laquelle en 1845, l'encyclopédiste Ph. Le Bas a ainsi résumé la situation :
La généralisation du chapeau « nécessita l'établissement de grandes fabriques, notamment à Lyon et à Paris , et l'on fit bientôt une telle consommation de castors, que ceux que l'on trouvait en France, et spécialement dans les îles du Rhône, étant détruits, il fallut poursuivre ces animaux industrieux et inoffensifs jusque dans les lacs glacés du Canada »[3].
  • Dans le même temps, la rectification et l'aménagement des cours d'eau, leur canalisation de même que l'établissement de chemins de halage (nécessitant de détruire la ripisylve) a été cause de la destruction de l'habitat des castors.
  • Plus tard, la construction de grands barrages hydroélectriques a été source de nouveaux obstacles aux déplacements des castors (nécessaire pour l'entretien d'une diversité génétique au sein de l'espèce et pour la colonisation de zones disponibles suite à la disparition locale (naturelle ou non) de familles de castors. (Ces animaux sont sensibles à des maladies qui peuvent décimer des familles entières lors d'hivers froids ou quand leur nourriture vient à manquer ; c'est un des processus naturels de contrôle des populations)
  • A cette dégradation physique des habitats, il faut ajouter une dégradation chimique liée aux nombreux eutrophisants et polluants introduits dans le milieu aquatique ou contaminant les arbres et écorces à partir de l'air. Au XXème siècle, le castor subit aussi les dangers liés aux poisons largement diffusés dans la nature (notamment ceux utilisés contre les rats et rats musqués).
  • Le castor pâtit en Europe de sa ressemblance avec le ragondin (d'autant que ce dernier est parfois appelé myocastor en référence à son nom latin) et avec le rat musqué. Ces deux espèces, introduites en Europe pour leur fourrure qui devait notamment remplacer celle du castor, par exemple pour la production de Chapka, sont invasives et considérées comme nuisibles. Leur destruction est autorisée et encouragée par diverses autorités car ces animaux dégradent fortement les berges et font localement de coûteux dégâts aux cultures.

[modifier] Répartition

On le trouve aujourd'hui en Europe, au Nord d'un axe incluant la France et la Russie, particulièrement sur les rives du Rhône, de l'Elbe et du Danube, ainsi qu'en Scandinavie.

Victime de la chasse, il avait au milieu du XXe siècle presque disparu de toute l'Europe, mais des mesures de protection de l'espèce et théoriquement de son habitat furent prises en France dès 1905, et dans divers pays, avec des réintroductions, comme en Scandinavie dès les années 1925-1935), suivies d'autres séries de réintroduction ou recolonisations naturelles sur certains cours d'eau dans de nombreuses régions d'Europe. Ces réintroductions lui ont permis de recoloniser certains de ses habitats.

[modifier] En France

Le castor est présent dans le Delta du Rhône et le Rhône où l'effectif frôlerait actuellement les 3 000 sujets. Cette population se répartit sur le fleuve lui-même mais également sur la plupart de ses affluents en aval de Lyon (dont le Gardon, le Tarn, l'Ardèche, la Cèze, le Chassezac, l'Isère, la Drôme, etc.). Dans ces régions à substrat rocheux, il fait peu de barrages.
Certains individus se seraient également implantés récemment plus au nord jusqu'à la Saône et dans quelques petits affluents du Jura français où les conditions environnementales pourraient lui être plus favorables (notamment à cause de la pollution du Rhône, mais surtout de son artificialisation et de l'aménagement des berges et digues pour les besoins du trafic fluvial ou le contrôle des crues).

Des castors vivent également sur le Vidourle, un fleuve côtier qui rejoint directement la mer et non le Rhône. Dans son ouvrage « Au pays des castors », Paul-Henry Plantain mentionnait dans les années 1970 une colonie sur le Vidourle, réputée récemment disparue. On peut imaginer que des animaux ont été importés sur le Vidourle de manière officieuse, mais la colonie considérée comme éteinte dans le livre de Plantain pourrait aussi correspondre à un peuplement très ancien, distinct du rhodanien. Une étude génétique de ces animaux pourrait lever le doute.

Depuis les années 1990, de petites populations se reconstituent sur le bassin versant de la Loire (Lignon de Haute-Loire, Loire en Forez et Roannais, Allier), et le castor y est aujourd'hui bien présent jusqu'en Loire-Atlantique[4]. Les réintroductions n'expliquent qu'une faible partie de cette expansion, le dynamisme de l'espèce, sa capacité à franchir les obstacles topographiques (il semble avoir franchi seul la ligne de partage des eaux entre Rhône et Loire, en haute Ardèche), lui permettent de recoloniser et d'animer à nouveau des kilomètres de ripisylves alluviales, maintenant qu'il est complètement protégé.

[modifier] En Belgique

Après un retour sous l'action de l'homme (réimplantation sauvage et non contrôlée) à partir de la France et de l'Allemagne, la population de castors est estimée à environ 400 individus. L'animal re-colonise progressivement tout le territoire, sans causer trop de problèmes dans les zones à forte population humaine, et on peut l'apercevoir jusqu'en ville, et dans des zones réputées polluées, du moment qu'il dispose d'une ripisylve de la qualité qui lui convienne. Des familles de castor ont localement été réintroduites. Son comportement diffère parfois quelque peu des normes habituelles, car il creuse aussi des terriers et s'éloigne des zones aquatiques, vivant un peu comme un blaireau.

[modifier] En Suisse

Il y a entre 800 et 1000 castors en suisse, vivant principalement sur le plateau, entre le lac léman et le lac de Constance. Récemment, des populations s'installent le long du rhône dans le Valais à partir du lac léman. Au printemps 2008, les premiers castors reviennent naturellement dans les grisons depuis le Tyrol voisin en remontant la vallée de l'Inn[5].

On les observe depuis les années 90 sur les rives nord du lac Léman, de la Venoge, de l'embouchure du Boiron, ainsi que dans le vallon de l'Aubonne. "Des gens m'ont dit avoir vu des arbres découpés de façon étrange sur un des coudes de la Venoge... des arbres avaient étés coupés par des castors.... entre Bussigny et Echandens... Des fruitiers..." Des individus on aussi étés observés dans la cité Universitaire du bas de la ville de Lausanne, entre la Sorge, la Mèbre et la Chambronne.


[modifier] Dans d'autres pays européens

  • Plusieurs centaines de castors ont survécu dans le bassin de l'Elbe et en Scandinavie.
  • Des castors ont récemment été réintroduits en Bavière
  • Des castors ont récemment été réintroduitset aux Pays-Bas où ils reconstituent de petites populations, y compris dans des eaux de médiocre qualité[6].
  • Royaume Uni : Il était considéré comme éteint dans les Îles Britanniques, mais quelques individus ont été aperçus en Écosse[7]. Six castors ont également été réintroduit dans le Gloucestershire[8].

[modifier] En Asie

Quelques populations subsistent dans des régions isolées de Sibérie et Mongolie[2].

[modifier] Conservation de l'espèce et gestion des conflits

La prise de conscience des impact écologique de sa disparition (assèchement et fermeture de zones humides, inondations en aval, sècheresses en amont, perte de biodiversité...), et des raisons éthiques ont motivé le lancement de programmes de réintroduction et conservation, qui lui ont permis à la fin du XXème siècle de réintégrer quelques cours d'eau, dans des régions ou pays d'où il avait disparu.


Après son retour spontané ou sa réintroduction, ses barrages (il n'en fait pas en zone rocheuse) peuvent à nouveau inonder des surfaces significatives, ce qui diminue le risque d'incendies de forêts et favorise le rechargement des nappes (Cf. Loi de Darcy), mais peut aussi perturber les usages de ces zones si l'on y a entre temps construit des routes ou mis d'anciennes zones humides en Agriculture|culture]]. On peut facilement contrôler le niveau d'eau au moyen de siphons autoamorcés silencieux (car c'est le bruit de l'eau qui coule, qui est le stimulus déclenchant l'acte instinctif de construire ou colmater un barrage).
Il peut faire des dégâts sur les populicultures ou sylvicultures proches des berges ou dans certaines cultures (ex : maïs), dont on se prémunit facilement par la pose d'un grillage bas ou d'un simple fil électrique (étant toujours mouillé, il y est particulièrement sensible et apprend très vite à s'en éloigner)

Les expériences européennes de réintroduction montrent que des efforts de communication et de pédagogie auprès des riverains des cours d'eau où il vit, et quelques mesures simples permettent d'éviter qu'il ne soit pas confondu avec le rat musqué ou ragondin et d'éviter tout conflit avec la sylviculture ou l'agriculture (auxquelles il pourrait par ailleurs rendre certains services en tant qu'utile à la conservation de l'eau qui risque de manquer en été dans un contexte de bouleversements climatiques attendus).

Le castor est souvent menacé par les pièges et appâts empoisonné destinés à éliminer les rats musqués et ragondins (Des pièges et appâts uniquement accessibles à ces deux espèces sont testés pour protéger les castors). En aval de zones urbanisées et cultivées, le castor risque aussi d'être en contact avec d'autres rodenticides mal utilisés (non fixés) près des berges et emportés par les crues vers les cours d'eau (et les barrages de castors quand ils existent).

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

Castor (Genre)

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Manger au Moyen âge, Bruno Laurioux, éditions Hachette Pluriel, p 115
  2. ab Page du Castor Fiber sur le site de l'IUCN
  3. Dictionnaire encyclopédique de Philippe Le Bas, page 505 et 506
  4. [pdf] La répartition du castor sur le bassin versant de la Loire et en Bretagne, sur le site de l'ONCFS
  5. Article du 2 mai 2008 dans le NZZ [1]
  6. Europäischer Biber, WWF Österreich. Consulté le 24 août 2006
  7. BBC - Search results for beaver scotland
  8. Beavers in 'wild' after centuries, BBC News, 2005-10-28.