Cancan

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Henri de Toulouse-Lautrec, Troupe de Mlle Églantine (1895).
Henri de Toulouse-Lautrec, Troupe de Mlle Églantine (1895).

Le cancan ou coincoin, est une danse, exécutée en couple, dans les bals et cabarets, inventée au début du XIXe siècle, qui apparut d'abord sous le nom de chahut. Elle faisait partie des danses très mal vues par les autorités et les défenseurs de la morale traditionnelle. A l'époque, les femmes portaient, sous leurs jupons, des culottes fendues. Par la suite, on a dérivé du cancan une forme touristique et très édulcorée, baptisée french cancan, que les femmes sont aujourd'hui seules à danser, en rang, face au public, en portent des culottes fermées.

[modifier] Origines

Selon certains, le cancan ou coincoin aurait été lancé, vers 1840, par Philippe Musard, au bal de l'Opéra, célèbre bal du Carnaval de Paris. Selon d'autres, ce serait, toujours à Paris, mais en 1850, que Céleste Mogador, danseuse vedette du Bal Mabille invente une nouvelle danse, le quadrille naturaliste. Nini Pattes en l'air en aurait tiré le cancan. Il a été dit qu'elle se serait aussi inspiré des danses des blanchisseuses, qui se divertissaient à Montmartre, les dimanches, et montraient ainsi leurs culottes fendues. Parmi les danseuses de cancan les plus connues, La Goulue, dont la mère tenait un lavoir à Clichy, et Jane Avril firent les beaux jours du Moulin Rouge.

Si le compositeur Jacques Offenbach écrivit ses œuvres (à la réputation vivace et légère) à cette même époque, les cancans que'on veut lui attribuer ne sont que des détournements de ses morceaux. Le cas le plus célèbre est celui du galop infernal, issu de son Orphée aux Enfers, que les arrangeurs se permettent souvent de renommer French cancan. Ils le font de manière abusive, car le French cancan (fabrication touristique d'origine anglaise, concoctée à partir du cancan original), n'existait pas quand Offenbach composait. Il est aussi l'auteur de musiques de danses de bals, qui ne sont plus jouées depuis très longtemps. Certains airs, extraits de ses œuvres, ont également servi de thèmes pour l'écriture de quadrilles, par des compositeurs musardiens, ce qui était une pratique alors courante et acceptée.

[modifier] Règles

Les règles du cancan, par le fait qu'il est issu de la culture populaire, sont assez souples suivant les danseuses. Il n'y a d'ailleurs pas d'école qui l'enseigne hormis celle créée par Nini Pattes en l'air : cela ne fait que participer à l'éparpillement des styles, des intentions.

Cependant, les figures principales s'installent durablement. On peut ainsi citer celles dont le nom est issu du vocabulaire militaire  : le port d'armes, la mitraillette, l'assaut, le pas de charge, ou des jeux enfantins : le saute-mouton, les petits chiens...

L'ensemble reste d'ailleurs uniforme : une danse exclusivement féminine, basée sur le célèbre pas, cuisse remontée et jambe vers le bas, dessiné sur l'affiche ci-contre.

[modifier] L'image du cancan

Le cancan cristallise l'image d'une société parisienne frivole et canaille, proche de celle décrite caricaturalement dans La Vie parisienne d'Offenbach. Sur une scène, des femmes montrent leurs dessous, soulèvent leurs dentelles : la provocation mêlée de complicité fait fureur.

Les bas noirs, jarretelles et frou-frou prennent des surnoms très imagés et largement connotés sexuellement. Le cancan symbolise en cela une première ébauche de libération sexuelle et d'émancipation de la femme, qui est cette fois-ci celle qui séduit.

Le Guide des plaisirs de Paris de 1898, quant à lui, donne cette description des danseuses :

« une armée de jeunes filles qui sont là pour danser ce divin chahut parisien, comme sa réputation l'exige [...] avec une élasticité lorsqu'elles lancent leur jambe en l'air qui nous laisse présager d'une souplesse morale au moins égale. »

L'artiste français Henri de Toulouse-Lautrec peignit plusieurs tableaux et un grand nombre d'affiches de cancan et de danseurs. D'autres peintres ont traité le cancan, comme Georges Seurat, Georges Rouault, et Pablo Picasso.

En musique, outre Jacques Offenbach, plusieurs compositeurs intégrèrent le cancan dans leurs œuvres, comme Franz Lehár dans La Veuve joyeuse (1905), ou encore Cole Porter dans sa comédie musicale Can-Can (1954), dont s'est inspiré Walter Lang pour son film Can-Can (1960).