C'est arrivé près de chez vous

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C'est arrivé près de chez vous est un film belge en noir et blanc de Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoit Poelvoorde sorti en 1992.

Sommaire

[modifier] Synopsis

Film belge culte des années 1990, C'est arrivé près de chez vous met en scène une petite équipe de journalistes qui tournent un reportage sur Ben, un homme qui a la particularité de tuer pour gagner sa vie.

Il s'attaque principalement aux personnes de classe moyenne et aux personnes âgées histoire, dit-il, de « travailler petit mais que ça rapporte beaucoup ». Ce film se veut une parodie cynique de la célèbre émission Strip tease (documentaires belges d'un genre nouveau dans lesquels les journalistes s'effacent pour laisser parler les protagonistes seuls et les mettre à nus).

Le film se veut d’un humour très noir, choquant par sa violence mais contrebalancé par un ton exagérément sérieux rendant le tout burlesque.

[modifier] Résumé et présentation du personnage principal

Ce faux documentaire, bien trop exagéré pour qu’il puisse paraître vrai, est dirigé par Rémy (interprété par Rémy Belvaux) qui interroge Ben (Benoît Poelvoorde) sur sa « vie professionnelle ». Mais bien souvent, Rémy se contente d'écouter les monologues-fleuves de celui-ci. Au fil de l'histoire, Rémy devient son ami et ensuite son complice. L'équipe est aussi composée d'un caméraman et d'un preneur de son qui sont assassinés pendant le reportage lors de fusillades entre Ben et des ennemis du milieu.

Ben assassine comme d’autres vont à l’usine : tuer, c'est son métier. Il l'exécute sans plaisir, sans remords non plus. Commettre un assassinat n'est pas une chose importante à ses yeux. Par exemple, il se plaint des fraudes des chefs de chantiers juste après avoir assassiné un veilleur de nuit, ou encore il parle de cinéma (« Ça ne vous rappelle rien ? Le Vieux Fusil, Philippe Noiret… bon film ça ») après avoir assassiné un homme et sa femme.

Ben est aussi poète. Il improvise par exemple un poème sur les pigeons (« Pigeon, oiseau à la grise robe / Dans l'enfer des villes / À mon regard tu te dérobes / Tu es vraiment le plus agile ») en pleine fusillade ou un autre sur la mer du Nord au restaurant.

Il semble cultivé, principalement concernant l'art et le cinéma et a son mot à dire sur tout (« Qu'est-ce qui te choque quand tu regardes ces habitations sociales ? La première chose qui te saute aux yeux ? C'est les briques ! C'est les briques rouges ! Mais le rouge, c'est la couleur du sang, c'est la couleur des Indiens, c'est la couleur de la violence ! »).

Chez Ben transparaissent racisme et homophobie, sans qu'il en mesure réellement l'impact (« …typiquement dans l'esprit des jardins japonais, parce que ces gens-là, malgré tous leurs défauts, avaient compris beaucoup de choses ! » ; « Les Noirs s'entendent très bien avec les animaux, c'est connu… Ils ont une façon de leur parler. » ; « [Il est] compétent, mais dissipé, comme tous les Méditerranéens. » ; « Tu ne trouves pas qu'il y a beaucoup d'homosexuels dans votre milieu ? Dans le milieu du spectacle… Il y en a beaucoup plus que dans les milieux normaux je trouve… Je vous regardais la fois passée tous les trois… Vous n'êtes pas homosexuels ? Tu es sûr, Rémy ? Mais tu peux l'être tu sais, ça ne me dérange pas… »)

Au-delà des dialogues du film, de l’humour noir , se cache une réflexion sur le voyeurisme, la manipulation des images, la complaisance des équipes de tournage. Cependant, ce n’est pas forcément le but avoué de ce film qui reste tout d’abord un moment de divertissement. Attention néanmoins à certaines images-chocs qui marqueront les esprits (scène du viol notamment très dure au 1er degré). Aux pires brutalités se succèdent des scènes plus cocasses permettant au spectateur de souffler et de se reposer les méninges face à ces atrocités. Totalement immoral, C'est arrivé près de chez vous se singularise par la farce et c’est peut-être dans ce sens qu’il faut prendre ce film.

[modifier] Fiche technique

[modifier] Distribution

  • Benoît Poelvoorde : Ben
  • Jacqueline Poelvoorde-Pappaert : la mère de Ben
  • Nelly Pappaert : la grand-mère de Ben
  • Hector Pappaert : le grand-père de Ben
  • Jenny Drye : Jenny
  • Malou Madou : Malou
  • Willy Vandenbroeck : Boby
  • Rachel Deman : Mamie Tromblon
  • André Laime : vieil homme allité
  • Edith Lemerdy : infirmière
  • Sylviane Godé : femme violée (Martine)
  • Zoltan Tobolik : mari de la femme violée
  • Valérie Parent : Valérie
  • Alexandra Fandango : Kalifa
  • Olivier Cotica : Bénichou
  • Rémy Belvaux : Remy (journaliste)
  • André Bonzel : André (caméraman)
  • Jean-Marc Chenut : Patrick (preneur de son n° 1)
  • Alain Oppezzi : Franco (preneur de son n° 2)
  • Vincent Tavier : Vincent (preneur de son n° 3)
  • David Gouyon : Victime (non credité au générique)

[modifier] Autour du film

  • Ce film est le premier de Benoît Poelvoorde, qui ne se destinait pas à une carrière d'acteur.
  • La première version était à l'origine le film de fin d'études de Rémy Belvaux à l'INSAS, école belge de cinéma. Des séquences supplémentaires furent tournées par la suite pour allonger sa durée et rendre possible une sortie en salle.
  • Par manque de moyens, le film a été tourné en noir et blanc, 16 mm (gonflé en 35 mm pour sa présentation cannoise) et beaucoup d'« acteurs » ont joué gratuitement (la mère et les grands-parents de Benoît dans leurs propres rôles).
  • Les membres de la famille de Benoît savaient très peu de choses sur le contenu du film lorsque leurs scènes furent tournées.
  • La scène du viol (où les protagonistes débarquent en pleine nuit violer une pauvre femme avant de la tuer ainsi que son mari, tout en chantant gaiement « C'est la ronde de nuit ! »), filmée crûment et sans tabou, a été coupée de plusieurs versions exportées, notamment de la version destinée aux É.-U., afin d'éviter la censure.
  • L'affiche originale montrait une tétine qui giclait d'une flaque de sang. Sur l'affiche française la tétine a été remplacée par un dentier.

[modifier] Citations

[modifier] Film

  • Exemples de poèmes cultes extraits du film :
« Pigeon !
Oiseau à la grise robe,
Dans l'enfer des villes
À mon regard, tu te dérobes,
Tu es vraiment le plus agile. »

Ou encore :

« Avec la mer du Nord
Le long des golfes clairs
Et des vagues dodues
Pour arrêter les vagues
Et des poissons volants, volant comme des goélands.
Et des planctons, en veux-tu, en voilà
Et des saumons rouges surgissant de l'au-delà !
Et les méduses amères
Et les algues pourpres
Et les goémons d'hiver
Rien… non rien ne m'empêchera de citer ton nom
Mer ! Mer ! Mer ! cruelle marâtre amère et les eaux qui (…) » (suite à quoi il vomit)

Mais aussi :

« Mille feuilles se croisent
Dans un mouvement de vent brumeux,
De beaux marrons et de belles châtaignes
Rebondissent au sol sans qu'aucune ne m'atteigne.
Le froid crache son droit au dernier soubresaut estival
Qui d'une ultime caresse d'abandon
Chauffe mon corps engourdi par ce nouvel assaut.
Sans tambours ni trombones,
C'est lui, le voilà,
Le merveilleux Automne ... »

Et enfin :

« Et toi Gabin,
fils de Lucien,
le cinéma a fait de toi,
un bon gamin
"Cinéma, Cinéma" »

[modifier] Presse

  • « Enfin un film qui pèse, hachant la vertu en morceaux, fouillant délicieusement nos nerfs et notre cerveau. Un pur délice antimédias, zigzaguant aux frontières de la morale, sombre à faire peur, cruel, dégueulasse, à mourir de rire. Un conte de fées pour époque incrédule. Mais sans fées. L'ogre est roi. » (Actuel, octobre 1992)
  • « C'est une violence virtuelle pour de vraies confessions de barjot qui, s'émoussant un peu sur la distance, trouvent leur jovial salut dans une absence totale de prétention. Ce film ne pisse pas très haut mais toujours au bon endroit, là, dans nos bénitiers. » (Libération, 11 août 1992)
  • « À force de vouloir être partout, à la fois dans le film et à côté, en commentateurs ironiques, ils finissent par être nulle part. Dans cette absence envahissante, on presse quelque chose d'immonde »(Le Monde, 6 novembre 92)
  • « On ne voit plus qu'une bande de potaches hilares qui tournent en rond avec leur provoc facile et se vautrent dans le pipi-caca-vomi.» (Télérama, 11 novembre 92)

[modifier] Cocktail Petit Gregory

A un moment du film, le tueur invite les reporters faisant un film à son sujet, à boire une boisson-jeu composée d'une larme de gin, d'une rivière de tonic, d'une olive, d'un petit morceau de sucre et d'un petit bout de ficelle, appelée le Petit Gregory. Il faut attacher l'olive sur le sucre à l'aide du petit bout de ficelle, le sucre faisant office de lest. Le premier chez qui Gregory (l'olive) remonte doit payer l'addition et boire son coktail cul sec.

[modifier] Distinctions

  • Sélection officielle en compétition au festival de Cannes 1992
  • le prix SACD semaine de la critique
  • le prix international de la critique
  • le prix spécial de la jeunesse

[modifier] Voir aussi

[modifier] Lien externe

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