Cédille en français

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La cédille est un des diacritiques utilisés en français. Elle ne se place que sous la lettre c, autant sous une minuscule que sous une capitale : ç, Ç.

Sommaire

[modifier] C cédille

Son rôle est d’indiquer que la lettre c doit se prononcer /s/ et non /k/ devant les voyelles graphiques a, o et u. Ainsi, on écrit lança, lançons et reçu. À l’origine, un z en fonction de lettre diacritique pouvait jouer ce rôle en espagnol, puis un e en français : lança se trouvait aussi écrit lancea (actuellement, l'adjectif douceâtre, et non *douçâtre, garde la trace de cette possibilité orthographique) ; c’est du reste ce système qui est utilisé encore aujourd’hui pour indiquer la prononciation /ʒ/ du g dans mangea, mangeons, gageüre /gaʒyr/.

Le maintien d’un c dans ces mots s’explique par un archaïsme orthographique : l’étymon latin ou français reste ainsi visible, ce qui permet une plus grande cohérence visuelle en gardant un lien entre la forme à cédille dérivée et le radical dont elle est issue. De cette manière, lança et lançons restent clairement et visuellement rattachés au radical lanc- /lãs/ de lancer, lance, etc. De même reçu garde un lien avec recevoir. À l’inverse, si l’on doit, devant les voyelles graphiques e, i et y, obtenir le son /k/, on utilise un u en fonction de lettre diacritique à la suite du c : accueil.

[modifier] T cédille

En 1766, l'abbé de Petity, prédicateur de la reine, avait proposé l'utilisation de la cédille sous le t pour différencier les cas où il se lit /t/ de ceux où on le prononce /s/ :

« On pourroit encore tirer un autre service de la cédille en faveur des Enfans & des Étrangers, qui sont souvent embarassés sur la manière dont ils doivent prononcer le t dans certains mots ; ce seroit, d’appliquer ce signe à cette lettre, quand elle a la valeur du s ; comme dans les mots minutie, portion, faction, quotien, etc. par cet expédient, sa prononciation seroit réglée ; & l’on ne confondroit plus les cas, où elle a sa valeur naturelle ; comme dans les mots, partie, question, digestion, chrétien. Quand il en coûte si peu, pour rémédier à des imperfections ; c’est vouloir gratuitement les éterniser, que de les laisser subsister.[1] »

On peut noter qu'Ambroise Firmin-Didot, dans ses Observations sur l'orthographe, ou ortografie, française (1868) avait proposé à l'Académie française un même projet de réforme visant à introduire un t cédille, ţ (selon votre configuration, il est probable que vous voyiez une virgule au lieu d'une cédille), dans les mots où t se lit /s/ devant i, ce qui aurait fait disparaître un grand nombre d'irrégularités dans les graphies (nous adoptions ~ les adoptions, pestilence ~ pestilentiel, il différencie ~ il balbutie. On aurait ainsi écrit : les adopţions, pestilenciel (c étant préféré pour mieux s'accorder à la base pestilence), il différencie, il balbuţie.

En fait, comme l'auteur le signale, les grammairiens de Port-Royal avaient déjà proposé avant lui une telle amélioration (au moyen d'un t à point souscrit : les adopṭions). La pratique est même suivie par Simon Moinet, imprimeur et correcteur des Elzevier à Amsterdam en 1663 (il écrit par exemple invanţion). Le projet est resté lettre morte.

Un tel t existe en roumain, où la cédille est normalement une virgule souscrite : consulter Cédille, section « En roumain ».

[modifier] Notes et références

  1. Bibliothèque des artistes et des amateurs, I, p. 106, cité par Jean-Pierre Lacroux : Orthotypo — Orthographe et typographie française, dictionnaire raisonné.

[modifier] Articles connexes

Pour plus de détails sur l'histoire de la cédille, consulter Cédille à la section « Usages paléographiques »