Bishnoï

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Les Bishnoïs (ou Vishnoï) - de bish, vingt et noï, neuf dans une forme dialectale du hindî -, sont les membres d'une communauté créée par le gouroû Jambeshwar Bhagavan, appelé communément Jambaji (1451-?), surtout présente dans l'état du Rajasthan, majoritairement dans les régions de Jodhpur et de Bîkâner, et dans une moindre mesure dans l'état voisin de l'Haryana en Inde. Les Bishnoïs sont des hindous qui suivent vingt-neuf principes, d'où leur nom, édictés par leur gouroû et se caractérisent par leur végétarisme, leur respect strict de toute forme de vie (non-violence, ahimsa), leur protection des animaux ainsi que des arbres, leur adoption d'une tenue vestimentaire particulière[1]. On les définit souvent comme ayant une forte conscience écologique. Les Bishnoïs vivent paisiblement dans des villages isolés loin des centres de peuplement, et sont environ sept millions en Inde. Ce sont les rares hindous à enterrer leurs morts, du fait du bois qu'il faut couper pour la crémation.

L'antilope noire (Antilope cervicapra) est particulièrement vénérée par les Bishnoïs, car leur gouroû enseigna qu'il se réincarnerait dans l'une d'elles après sa mort. Sa présence signale souvent un village proche de la communauté où on la trouve communément déambulant en toute confiance entre les maisons. Les femmes bishnoïes sont censées allaiter les faons orphelins.

Farouchement végétariens, lorsqu'en 1998, l'acteur de Bollywood Salman Khan, après avoir abattu une antilope au cours d'une chasse dans la région de Jodhpur, la communauté s'enflamma, suivi d'une grève contre les touristes ; l'affaire fit scandale dans toute l'Inde et les Vishnoïs récoltèrent d'une notorioté qu'ils ne recherchaient nullement[1].

Sommaire

[modifier] Le sacrifice d'Amrita Devi

Cénotaphe de Khejarli, en l'honneur des Bishnoïs morts
Cénotaphe de Khejarli, en l'honneur des Bishnoïs morts

La communauté bishnoï a connu de graves problèmes lorsque le monde extérieur peut mettre à mal leurs principes.

Elle garde ainsi en mémoire un évènement qui se déroula au XVIIIe siècle, en 1730, lorsque le mahârâja Ajit Singh de Jodhpur envoya des coupeurs de bois (des soldats) dans les villages aux alentours, pour couper les gros arbres, notamment les khezri, parmi les plus fameux arbres du désert : il avait besoin de bois pour ses meubles[1].

Ses hommes se rendirent sur les terres bishnoïes pour abattre des arbres : les Bishnoïs sortirent de leur village, et leur demandèrent de ne pas couper les arbres, expliquant que c'était contraire à leurs préceptes religieux[1].

Le maharadja confirma son ordre et les soldats se mirent à couper ; et une femme de la communauté, Amrita Dévi, ainsi que ses filles et d'autres femmes, s'interposèrent pour leur interdire cet abattage, entourant chacune un arbre de leurs bras[1].

Puis hommes, vieillards, jeunes suivirent l'exemple des femmes. Tous prirent un arbre à bras le corps ; et les soldats coupèrent, mutilèrent, sans distinction, les arbres et les Bishnoïs[1].

En tout, 363 personnes furent ainsi sacrifiées pour protéger les arbres[1].

Il n'existe pas d'autre exemple dans l'histoire humaine, et dans le reste du monde, où des êtres humains offrirent leur vie pour sauver la vie d'arbres[1].

[modifier] Les 29 commandements des Bishnoï

Ces préceptes édictés par Jambaji sont les fondements, les pratiques et les fins de cette branche, ou secte, de l'hindouisme. Suivre avec fidélité ces 29 commandements permet à l'adepte du bishnoïsme de se libérer définitivement du cycle des naissances (samsâra) et des morts en atteignant le nirvana.

Le bishnoïsme a donc l'avantage d'être une branche de l'hindouisme très simple et facile à assimiler, qui se traduit par une règle de conduite qui devient une sagesse de vie, et qui lui a permis d'attirer les populations musulmanes soucieuses de se fondre dans l'hindouisme, tout en préservant la dévotion épurée islamique.

Voici la liste des 29 règles des bishnoï:

  • 1° Observer une mise à l'écart de la mère et du nouveau-né pendant trente jours après l'accouchement (pour éviter des infections et à cause de l'éventuelle fatigue de la mère).
  • 2° Ecarter la femme de toute activité pendant 5 jours lors du début de ses règles (pour ne pas la fatiguer et respecter une certaine hygiène).
  • 3° Tôt, chaque matin, prendre un bain.
  • 4° Maintenir la propreté externe du corps et interne de l'esprit (par un comportement et des sentiments humbles, sans animosité, etc.)
  • 5° Méditer deux fois par jour, en matinée et en soirée, lorsque la nuit est encore séparée du jour.
  • 6° Chanter la gloire du seigneur et exposer ses vertus chaque soirée.
  • 7° Offrir l'oblation quotidienne au feu saint avec un cœur rempli de sentiments de bien-être pour tout être vivant, d'amour pour la nature et le monde entier et de dévotion au seigneur.
  • 8° Employer l'eau filtrée, le lait et le bois de chauffage soigneusement nettoyé (pour éviter que des insectes soient tués ou brûlés).
  • 9° Etre attentif et conscient de ses paroles.
  • 10° Pardonner naturellement.
  • 11° Être compatissant.
  • 12° Ne pas voler.
  • 13° Ne pas dénigrer, déprécier derrière le dos, quelqu'un.
  • 14° Ne pas mentir.
  • 15° Ne pas se livrer à l'opprobre.
  • 16° Rapidement observer et méditer la nuit sur la nouvelle lune.
  • 17° Réciter le nom de saint de Vishnou.
  • 18° Être compatissant envers tous les êtres vivants.
  • 19° Ne pas détruire les arbres verts (c'est-à-dire non morts).
  • 20° Tuer les passions de convoitises, d'irritation, d'envie, d'avarice et d'attachement.
  • 21° Se permettre de cuisiner soi-même, ou par un fidèle d'une autre religion, en étant pur de par le cœur et le travail.
  • 22° Fournir un abri commun (Thhat) pour les chèvres et les moutons afin de leur éviter l'abattoir.
  • 23° Ne pas castrer le taureau.
  • 24° Ne pas consommer ou cultiver de l'opium.
  • 25° Ne pas consommer ou cultiver du tabac et ses dérivés.
  • 26° Ne pas consommer ou cultiver du cannabis.
  • 28° Ne pas manger de plats de viande ou non-végétariens (afin de protéger les animaux).
  • 29° Ne pas utiliser de vêtements teints en bleu (en Inde antique, cette couleur était obtenue grâce à un arbre sauvage, l'indigo, et c'est aussi la couleur de la mort).

[modifier] Quelques proverbes Bishnoï

  • Ne jamais abattre un arbre verdoyant, attendre que le bois soit mort pour l'utiliser comme bois de construction.
  • Mettre les morts simplement en terre qui se nourrira de la chair. Faire l'économie du bois pour la crémation ou le cercueil.
  • La propreté et l'hygiène garde de la maladie.
  • Protéger la vie sauvage qui maintient la fertilité des sols et l'équilibre naturel des espèces
  • Conserver l'eau à l'usage des hommes et des animaux et en construisant des réservoirs partout où cela est nécessaire.
  • Pratiquer le végétarisme et se prémunir de toute addiction.
  • Ne rien attendre du râja ou du gouvernement, ne compter que sur la communauté.
  • Les femmes, sources de la vie, s'habilleront de vêtements rouge ou orange brillant, et les hommes de blanc, symbole de dévotion.
  • La violence n'est acceptable que pour la défense d'un arbre, d'un animal ou de convictions ; il est bon de mourir pour cela.

[modifier] Notes et références de l'article

  1. abcdefgh Le guide du routard, ISBN 2012403255

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens et documents externes

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